mardi 22 juillet 2014

l'Union à Dieu !

22 Juillet - Ste Marie Madeleine,                                     

Avec la fête de Ste Marie-Madeleine, nous sommes invités à contempler la mort et la résurrection du Christ, ce grand mystère que l'on n'aura jamais fini d'approfondir pour parfaitement le vivre, nous l'espérons, "au jour de notre naissance" - "dies natalis" -, disaient les Anciens, au "jour de notre naissance" plénière en la gloire du Ressuscité !

Le mystère est si grand qu'il y a moult manières de l'appréhender. En tous les cas, ce que l'on peut dire c'est que les récits évangéliques sont si minutieux dans leur simplicité, si riches en détails qu'ils n'ont pu être inventés... jusque dans leur contraste. Contemplons quelque peu !

Jésus meurt sur la croix entouré de sa mère, de St Jean et de quelques femmes dont Marie-Madeleine. Grâce, certainement, à la foi, l'espérance, l'amour de Joseph d'Arimathie, on dépose le corps de Jésus "dans le tombeau qu'il s'était fait creuser dans le rocher". Puis, devant ce tombeau, on roule une grosse pierre !

Selon St Matthieu et Marc - non loin sans doute de Marie, la mère de Jésus - Marie-Madeleine était "assise en face du sépulcre". Et St Luc précise, lui : "Comme le sabbat commençait à luire" (Lc 24.54) - une allusion à l'apparition de l'étoile du soir qui marque le début du sabbat ou aux lampes qu'on allumait pour sa célébration -, elle s'en retourna rapidement pour "observer le repos selon le commandement". Tout semble se terminer et recommencer en ce jour du Sabbat !

Dès lors, il ne sera plus question de Marie, la mère de Jésus. On ne la retrouvera qu'après l'Ascension, au Cénacle, avec les apôtres. Au grand jour de la résurrection, rien n'est dit de Marie. Elle est en silence. Non pas étrangère à ce grand mystère. Mais en silence. L'amour du cœur de Marie, l'Immaculée, qui englobe sa foi intense, sa persévérante espérance, cet amour, comme tout véritable amour, peut se nourrir de silence bien plus que de paroles. Le mystère de Pâques va lui révéler grandement l'amour de Dieu - "Voyez de quel grand amour le Père nous a fait le don !", écrira plus tard St Jean (I Jn 3.1). Marie reçoit d'abord ce mystère en silence. D'ailleurs, tout au long de sa vie, plus Marie recevait l'amour de Dieu manifesté par son fils, plus elle entrait dans le silence d'une vie intérieure, la distrayant de plus en plus des circonstances extérieures. Tant il est vrai qu'une vie intérieure - une vie d'union à Dieu - échappe à l'histoire. Cette vie ne se réalise qu'en Dieu. Marie, la mère de Jésus, est donc en silence, un silence de contemplation, d'adoration, de communion..., d'union !

Et, comme par opposition, en quelque sorte, St Jean écrit : "Le premier jour de la semaine, à l'aube, alors qu'il faisait encore sombre - autrement dit : le temps du sabbat étant à peine écoulé -, Marie de Magdala se rend au tombeau" ! Et sous la plume de l'évangéliste, il nous semble entendre cette Marie si empressée, impatiente, empruntant la voix de la Bien-Aimée du Cantique des cantique : "Toute la nuit, j'ai cherché celui que mon cœur aime. Etendue sur mon lit, je l'ai cherché. Je ne l'ai pas trouvé. Il faut que je me lève, que je parcours la ville... Je veux chercher celui que mon cœur aime !" - Avant d'arriver à l'union intime avec Dieu, comme Marie, la mère de Jésus, avons-nous, comme Marie de Magdala, ce "désir de Dieu", ce grand désir de Dieu qui a tellement façonné le cœur des saints ? Etre, par amour, comme inquiet de Dieu. "Où es-tu, mon Dieu ? Je te cherche, mon Dieu !". Tel est souvent la prière des psaumes.

L'ardeur de son amour presse Marie-Madeleine à vite revenir au tombeau... Mais la pierre du tombeau est roulée... ; le corps de son Seigneur a disparu : Vite, elle prévient les apôtres. Et vite elle revient au tombeau ; et ajoute St Jean : "Elle pleurait !".

Jésus va lui apparaître. Mais lorsque Jésus se fait voir après sa résurrection, les sens ne sont plus habilités à percevoir tout de suite la réalité de sa présence qui, pourtant, est plus réelle que jamais. Et Marie-Madeleine va le confondre avec le jardinier !
Il en sera de même pour les disciples d'Emmaüs qui ne reconnaissent pas l'inconnu qui les rejoint sur la route. De même pour les disciples au bord du lac. C'est comme une constance : la présence de Jésus est plus réelle que jamais et on ne le reconnait pas ! Il se fait reconnaître à la fraction du pain; il se fait toujours reconnaître au travers de son mystère pascal !

Jésus aimait Marie de Magdala ; à cause de la générosité de son cœur, il lui fait le don de sa première apparition ; mais, c'est comme pour purifier sa vie de foi, d'espérance, d'amour, lui rappeler les exigences d'une union plus intérieure avec lui, cette union qui maintient la mère de Jésus en silence.

"Ne me touche pas !", lui dit Jésus. N'ayant pas trouvé le repos d'une vie intérieure avec Jésus, elle s'adonnait à des activités belles, bonnes, inspirées par la générosité de son cœur souffrant, mais qui étouffaient en elle les exigences d'une union plus profonde avec le Ressuscité, son Seigneur. Autrement dit, elle cherchait Jésus - oh ! certes ! - ; mais elle le cherchait là où il n'était déjà plus !

"Va trouver mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu !". On peut dire que toute l'expérience chrétienne, religieuse se concentre dans un seul petit mot d'une signification intense, dans une seule syllabe, cette proposition grecque "pros" difficile à traduire ; elle se trouve curieusement au début de l'évangile de St Jean : "Au commencement était le Verbe ; et le Verbe était "pros theon", en relation, en élan vers Dieu !
Cette proposition se trouve donc au début et à la fin de l'évangile de St Jean ; c'est comme une inclusion qui contient tout notre itinéraire ici-bas ! Jésus, le Verbe de Dieu, en s'incarnant, a détourné en quelque sorte cet élan éternel qu'il a vers le Père pour passer parmi nous, les hommes. Et cela afin de nous entraîner, nous aussi, vers son Père devenu "notre" Père ! Son itinéraire devient notre pèlerinage. St Ignace d'Antioche avait parfaitement compris ce sens de notre vie chrétienne. Il parlait de l'Esprit-Saint qui est comme une source en nous et qui crie : "Allons vers le Père !". Le Christ, parfaite "Image de Dieu" est venu nous dépanner en quelque sorte, nous, pauvres "images de Dieu" défigurées par le péché, nous qui avions comme renoncé à l'aventure du bonheur que Dieu propose. Il est venu nous rencontrer et nous entraîner dans son élan. "Par Lui, avec Lui, en Lui, dans l'Esprit-Saint, tout honneur et toute gloire !".

Tout le voyage terrestre que nous avons à faire peut se résumer en un seul petit mot, un monosyllabe : "pros" ! Il nous encourage, avec le psaume 94ème, à redire chaque matin : "Oui, je me lèverai et j'irai vers mon Père !".

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