dimanche 18 novembre 2012

Mort - Résurrection !

33ème Dim. T.O. 12/B  -  

 Vous connaissez sans doute le proverbe : "Un arbre qui tombe fait plus de bruit que toute la forêt qui pousse".

Dans cet évangile de Marc, ce que Jésus annonce, ce n'est pas seulement un arbre qui tombe, ce sont les étoiles qui tomberont du ciel, le soleil et la lune qui perdront leur éclat, et les puissances célestes qui seront ébranlées !
Evidemment, nous devinons bien que Jésus nous parle ici par images, comme on le faisait souvent à son époque quand on voulait parler des catastrophes : guerres, persécutions, déportations... Et c’est l’occasion de penser aujourd'hui à tous les soubresauts, détresses ou conflits que les médias nous rapportent chaque jour.
Et on se demande alors : "Où est Dieu dans tout cela ? Que fait-il ? Où allons-nous ? Où va notre terre ?"
Tout cela, c'est l'arbre qui tombe en faisant beaucoup de bruit.

Mais dans la seconde partie de l'évangile, Jésus attire notre attention sur toute la forêt qui pousse en silence : "Regardez le figuier : dès que ses branches deviennent tendres, vous savez que l'été est proche. De même, quand vous verrez arriver tout cela, sachez que le Seigneur est proche ; il est là, à votre porte".

Autrement dit, - et quel paradoxe ! - au milieu des détresses, calamités ou bouleversements de toutes sortes (dans le monde ou dans votre vie personnelle), ne vous effrayez pas, ce n’est pas le retour au néant. Ce sont les signes d'un monde nouveau, d’un homme nouveau en train de naître en silence, comme un merveilleux printemps. Tout ce qui aura précédé n'aura été que douleurs d'enfantement : "Quand une mère enfante, disait Jésus, elle est dans les douleurs ; mais quand elle a mis au monde son enfant, elle est toute à la joie de serrer dans ses bras son nouveau-né" (Jn 16.21).
Les douleurs n'ont qu'un temps, elles passent. Le monde présent passera, si beau soit-il certains jours, pour qu'advienne un monde tout neuf, une nouvelle création, un homme neuf.
St Paul l’affirme lui aussi : “Toute la création jusqu'à ce jour gémit en travail d'enfantement. Et non pas elle seule : nous-mêmes qui possédons les prémices de l'Esprit, nous gémissons nous aussi intérieurement dans l'attente de la rédemption de notre corps… !“  (Rm 8.23). Aussi dira-t-il encore : “Si quelqu'un est dans le Christ, il est une création nouvelle : l'être ancien a disparu, un être nouveau est là“ ! (2 Co. 5.17).

Ainsi donc, nous sommes en marche, l’homme est en marche, le monde est en marche vers le but pour lequel Dieu a créé toutes choses. C'est ce que nous chantons après la consécration : "Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus ; nous célébrons ta résurrection ; nous attendons ta venue dans la gloire !" Oui, aussi sûrement que le printemps revient chaque année, le Seigneur reviendra rénover toutes choses, nous régénérer.

Voilà l’enseignement des lectures d’aujourd’hui. Et Jésus ajoute trois recommandations :

- D'abord, ne nous affolons pas, quoiqu'il arrive ! C'est vrai, la vie - notre propre vie - n'est pas toujours un long fleuve tranquille ; l'histoire du monde non plus ; elle ressemble souvent à un torrent tumultueux et dévastateur. Pourquoi ? Parce que ce monde actuel est un monde inachevé et que notre existence actuelle n'est pas notre vie plénière.
Aussi, quand nos jours nous apparaissent sous un aspect tragique, il ne faut pas nous en étonner. Ici-bas, tout est provisoire ; nous-mêmes, nous sommes fragiles ; nous le savons bien. Il y a le meilleur et le pire.
La vie est un combat qui demande courage et persévérance. Le monde ne se construit pas sans efforts ; le monde de Dieu non plus. Pour progresser, pour nous construire nous-mêmes, il faut faire les renoncements nécessaires. Les sportifs, le savent : pour réussir, ils doivent s'entraîner, se dépasser. A plus forte raison dans la vie chrétienne. St Paul lui-même emploie cette image : “Ne savez-vous pas que les coureurs, dans le stade, courent tous, mais qu'un seul gagne le prix ? Courez donc de manière à le remporter. Tous les athlètes s'imposent une ascèse rigoureuse ; eux, c'est pour une couronne périssable, nous, pour une couronne impérissable. Moi donc, je cours ainsi…“. Et “je traite durement mon corps et le tiens assujetti, de peur qu'après avoir proclamé le message aux autres, je ne sois moi-même éliminé“ (I Cor 9.24sv).

- Bref, quoi qu'il arrive, ne nous affolons pas, gardons confiance, et réveillons l'espérance de ceux qui s'affolent. Sachons repérer les signes du monde nouveau qui se construit dés maintenant ici bas, et travaillons en ce sens : se mettre au service des plus malheureux, partager avec ceux qui sont dans le besoin, accueillir, pardonner, réconforter, rétablir la concorde, agir dans un esprit de justice…
Tout cela ne fait pas beaucoup de bruit, on n'en parle pas à la télévision, mais ce sont les bourgeons du Royaume de Dieu qui commencent à s'ouvrir. C'est la brise de l'Esprit-Saint qui vient nous animer ; ainsi, le dessein de Dieu commence à se réaliser. Et c’est alors que l’on perçoit que Jésus est venu, qu’il vient encore et qu’il vient en notre vie, et qu’il revient, et qu’il reviendra. Il est là ; il est à notre porte !

- Et enfin : quand vous avez l'impression que tout va mal, levez les yeux vers ce Jésus dont vous pressentez la présence. Lui aussi est passé avant vous par le même chemin. C'est sur la croix - qui semblait son échec définitif - que le Christ fut vainqueur, comme sa résurrection l'a prouvé. Il l'avait annoncé lui-même en se comparant à la semence : "Si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul. Mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit". La mort de Jésus le Vendredi saint et sa résurrection le jour de Pâques, cela ne fait qu'un. De même, dans notre vie de chrétiens, il y a un lien mystérieux entre nos détresses ou combats de chaque jour et ce qui en résulte souvent par la suite : comme une renaissance, une résurrection. Il ne faut jamais croire que tout est perdu, ni qu'on n'est plus bon à rien : on peut toujours renaître ! Telle est notre espérance avec le Christ mort mais ressuscité et toujours présent en nos vies… Du moins, est-il “à notre porte“. Il nous suffit de l’accueillir !

L’Eucharistie nous le rappelle : c'est le mémorial de ce mystère de mort et de résurrection. Jésus y est passé avant nous : quand la tempête semble nous submerger, prêtons l'oreille au Seigneur qui est là tout proche et qui nous dit : "N'ayez pas peur, reprenez courage, tenez bon, je suis avec vous ! Je serai avec vous pour toujours !"

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