vendredi 2 novembre 2012

Nos défunts !


Commémoration des défunts 2012

 Tous ici, nous avons été affrontés à ce mystère, à ce scandale de la mort d'un être cher et nous avons souffert de cette séparation ! … La mort fait partie de notre condition humaine ! Et pourtant tout notre être la rejette, et nous avons raison.

Aussi, pour comprendre quelque peu, contemplons le Christ lui-même. Car si, en s’incarnant, il n’a pas choisi d’être conçu à la manière habituelle des hommes, il a voulu, par contre, traverser les horreurs de la mort comme tout homme… ; et c’était justement pour sauver l’homme de la mort ! Mais comprenons bien : non pas pour supprimer la mort, mais, en la traversant, lui redonner son sens premier, originel.

Par sa mort même, Jésus nous dit que la mort appartient fondamentalement à la logique de la création voulue par le Père dès le "commencement", mais avec un sens strictement opposé à celui que le démon, aidé par la folie des hommes, va finir par lui donner : un échec apparent de la vie, une séparation, un anéantissement… ! Et c’est en ce sens que la Bible nous dit avec force : "Dieu n'a pas créé la mort !" (Sg. 1/13), cette mort-là !

Dieu a voulu, lui, que le grain de blé accepte de mourir pour pouvoir "porter beaucoup de fruits" !
- Il a voulu que l'enfant quitte le sein de sa mère pour connaître une vie d'homme indépendante et heureuse.
- Il a voulu que ce petit d’homme se sépare de son père et de sa mère pour trouver une fécondité nouvelle dans l’amour. Etc…
Voilà, en quelque sorte, le genre de "mort" que Dieu a voulu et que Jésus veut nous rendre : "il a partagé la condition humaine, afin de réduire à l'impuissance, par sa mort, celui qui détenait le pouvoir de la mort, c'est-à-dire le démon, pour délivrer ceux qui, par crainte de la mort, passaient toute leur vie dans une situation d'esclaves" (He 2/14-15).

Tout est dit pratiquement dans cette phrase de la lettre aux Hébreux : Oui, la mort est un phénomène naturel, biologique, comme la naissance d’un enfant est un arrachement nécessaire et inéluctable à sa vie exclusive en sa mère. Et si la mort a revêtu ce caractère tragique de lutte et d'agonie que nous connaissons, le Christ est venu l’abolir !

Il n’y a pas là de contradiction. Il n’y a que le mystère pascal du Christ à contempler !
- D’un côté, la mort de l'être composé d'éléments divers que nous sommes, paraît inéluctable selon les lois de la nature ;
- et d'un autre côté, tout notre être s’oppose violemment au genre de mort que nous subissons et que le Christ abolit en nous transmettant, par sa Pâques, un “vouloir-vivre“ infini en Dieu.

Comment croire que nous ne sommes qu'un peu de chair et que toute cette vie que nous tissons jour après jour disparaisse à jamais ? Nous nous acheminons vers un “enfantement“ qui de cette terre nous fera parvenir en l'immensité de Dieu, pour une Vie sans fin avec Lui, en Lui. Mais à condition de le croire vraiment, à condition de faire confiance au Christ et de vivre en conséquence : "Celui qui veut garder sa vie la perd ; celui qui la donne la conserve pour la vie éternelle".

Et si cet “enfantement“ à la vie en Dieu est parfois si douloureux, c’est sans doute par manque de confiance, un manque de foi - c'est notre péché ! -. Notre regard s'accroche uniquement et désespérément à cette terre, à cette vie, comme si elle était la seule, selon la pensée des païens : “buvons et mangeons car demain nous mourrons”. Et, bien sûr, dans cette perspective, la mort est un arrachement et une fin, alors que la mort, comme dit Péguy, n’était originellement qu’“un naturel et tranquille départ” ! Oui, tous les croyants nous le crient aujourd’hui : le mystère pascal du Christ nous a libérés de cette peur de la mort qui est l’une des plus terribles armes du démon !

Mais il faut aller plus loin. Car non seulement Jésus a libéré les vivants de la peur de la mort qui les réduisait en esclavage (comme dit la lettre aux Hébreux), mais il libère tellement ceux qui ont traversé la mort qu’ils nous crient aujourd’hui : "Dieu n'est pas le Dieu des morts mais des vivants, car tous sont vivants pour lui" (Lc 20/38).

Oui, tous nos morts, vivants en Dieu, nous le disent ! Ste Thérèse de l'Enfant Jésus, par exemple, disait peu de temps avant sa mort : "Je sens que ma mission va commencer : faire aimer le Bon Dieu comme je l'aime... Oui, je veux passer mon ciel à faire du bien sur la terre... je ne veux pas me reposer tant qu'il y aura des âmes à sauver". Jamais l'Eglise n'a démenti ces étonnantes paroles. Au contraire, elle admire de plus en plus le génie de cette grande sainte.
Et depuis lors, Thérèse a tenu magnifiquement parole ; beaucoup d’œuvres (comme les Apprentis Orphelins d'Auteuil du Père Brottier) peuvent témoigner de la puissance de son intervention.
De même, la petite voyante de Lourdes, depuis 1858, continue à introduire les pécheurs auprès de l'Immaculée Mère de Dieu, et par elle, auprès de Dieu.

Et si nous pouvions quelque peu réaliser que c’est aussi l'œuvre de nombreux autres "défunts", de tous ceux qui se sont endormis dans le Seigneur, comme dit l'Ecriture, et qui d’une manière mystérieuse mais bien réelle, nous sont si présents ! … 
Et pour reprendre les paroles de St Paul, c’est ainsi que nous échappons à cette "tristesse de ceux qui n'ont pas d'espérance" (I Th 4/ 14).

En ce jour de la commémoraison  de tous nos défunts, dans le prolongement de la fête de tous les saints, demandons la grâce de croire vraiment à la force de la “communion des saints“. C'est le secret de l'Eglise, c'est le secret du Corps éternel du Christ que, déjà, dans la foi, nous partageons.

Telle est notre espérance qui nous unit si fort à tous ces “vivants“ qui nous précèdent dans la gloire du Christ ressuscité !

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