lundi 26 novembre 2012

L'Eglise !


34 T.O. Lundi 12/B               (Apoc 14.1sv.)

Face à la “Bête“ (le démon) dont il a été question précédemment, et face à ses adorateurs, l’Agneau se dresse avec ses cent quarante quatre mille. Ils portent son nom et celui du Père écrits sur le front.
Manifestement le contraste est voulu avec la vision précédente où la “Bête“ impose à ses adorateurs “une marque sur la main droite ou sur le front“ (13.16).

Et on peut déjà conclure : le peuple de Dieu est vainqueur de la Bête ! Il a refusé de se soumettre à la propagande idéologique. C’est un peuple de “dissidents“ qui reconnaît Dieu seul comme Maître. “Le vainqueur…, j’inscrirai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la cité de mon Dieu“ ! (3.12).

Le début de notre lecture nous parle de l’Eglise sur la terre, dénombrée en tant qu’“Israël nouveau“ : Cent quarante quatre mille : Douze mille multipliés par douze (12 tribus d’Israël ; 12 apôtres) ! St Jean emploie, là, les catégories juives pour décrire l’Eglise et le Christ, l’Agneau debout sur le mont Sion, sur Jérusalem. De même que Dieu était présent au milieu de son peuple au “lieu qu’il avait choisi pour y faire habiter son Nom“, de même Jésus est présent au cœur de son Eglise.
Cette vision de St Jean - l’Agneau debout avec les cent quarante quatre mille, après la vision de la “Bête“ et de ses adorateurs -, nous permet de porter un regard en profondeur sur l’invisible au-delà du visible. Sous une apparence de défaite, de faiblesse, de mort, l’Eglise persécutée est unie au Christ crucifié et ressuscité, à l’Agneau debout ; et elle est victorieuse avec lui !

Les versets suivants nous font passer à l’Eglise céleste, car il n’y a qu’une Eglise, celle du ciel et celle de la terre. L’Eglise persécutée sur la terre est unie au Christ ressuscité ainsi qu’à l’Eglise glorieuse du ciel.
Et cette Eglise céleste est rassemblée dans la louange. On y chante le cantique nouveau déjà mentionné au ch. 5ème (8-9), le cantique de la rédemption. Le cantique de Moïse qui chantait la libération d’Egypte n’était qu’une annonce de ce cantique de l’Eglise qui chante sa libération du péché et de la Bête !

Sur la terre, seuls les chrétiens fidèles, et parmi eux les martyrs, peuvent chanter ce même cantique. C’est dire qu’ils sont destinés à la gloire, parce qu’ils ont été touchés par la croix.

L’Apocalypse nous présente une nouvelle fois les martyrs comme les grands vainqueurs destinés à partager la gloire de l’Agneau, aussitôt leur sacrifice consommé.
Ils sont les rachetés de la terre“, les “rachetés d’entre les hommes“ (v/4), rachetés, par le sang du Christ, propriété du Christ.
Ils portent son nom sur le front et suivent l’Agneau partout où il va“, expression bien johannique pour dire qu’ils sont disciples de Jésus et de Jésus crucifié.
Ils sont “vierges(V/4) - non pas spécialement d’une virginité physique -, mais de la virginité spirituelle, de l’intégrité et de la fidélité de l’Eglise qui se garde de toute contamination avec l’idolâtrie du monde. Les prophètes n’avaient-ils pas comparé très souvent l’idolâtrie à un adultère envers Dieu, une prostitution ?
Et encore : “dans leur bouche, point de mensonge“ : dans l’Ancien Testament, le mensonge désigne souvent la religion des faux dieux.
Ils sont irréprochables ou encore “immaculés“ selon la traduction du mot grec en Ephésiens (1.4). Ce qui souligne qu’ils ne se sont pas hissés par leurs propres forces au-dessus de l’impureté générale, mais qu’ils ont correspondu à la grâce de Dieu.
Enfin les cent quarante quatre mille sont “des prémices pour Dieu et pour l’Agneau. Cette dernière qualification implique l’idée d’une vie offerte en sacrifice. Les prémices sont la partie la plus précieuse de la récolte ; ce sont les premiers fruits, ceux que l’on offre à Dieu !

St Jean regarde ses frères comme un peuple destiné au martyre. Ils se trouvent au point de départ d’une multitude de chrétiens fidèles, comprenant de nombreux martyrs dans l’avenir de l’Eglise.

Soyons nous-mêmes de ces chrétiens qui “suivent l’Agneau partout où il va“, c’est-à-dire jusqu’à la croix s’il le faut.

Nous devrions toujours nous préparer au martyre comme conséquence normale et possible de notre témoignage d’une “nouvelle évangélisation“ comme au temps de St Jean.

La vie monastique n’a-t-elle pas été comparée à une vie de martyr, à condition de n’être pas une vie repliée frileusement sur elle-même, avec la supposée sécurité de ses règles et croyances propres. C’est la tentation de tout chrétien dénoncée très souvent par le Christ lui-même.

C’est ainsi que nous pourrons chanter - et jubiler - avec le “cantique toujours nouveau“ !

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