mercredi 21 novembre 2012

Présentation de Marie au Temple


21 Novembre        

En 543, on fit, à Jérusalem, la dédicace de la basilique Sainte-Marie-la-Neuve, érigée sur la colline de Sion, face à l’esplanade du temple. Les Eglises d’Orient ont rattaché à cette dédicace le souvenir de l’“Entrée au Temple de la Vierge Marie“ que rapportent certains récits anciens. (1)

Même si, historiquement, on peut douter de la “Présentation de Marie au temple“, cet évènement supposé - qui n’était pas d’ailleurs d’une stricte obligation religieuse en Israël - peut être regardé comme un corollaire de convenance à toutes les venues du Seigneur au temple de Jérusalem.

- Si Jésus fut présenté au temple comme prémices de sanctification pour tous les hommes, Marie, sa mère, ne devait-elle pas, elle aussi, être présentée au temple comme “Première sanctifiée“, “Première consacrée au Seigneur“ ? “Elle occupe, dit le Concile Vatican II, la première place parmi ces humbles et ces pauvres qui espèrent et reçoivent le salut du Christ avec confiance“ (L.G. 55).

- Si Jésus est venu au temple pour le purifier en y chassant tous les vendeurs divers qui s’y trouvaient, Marie, sa mère, ne devait-elle pas y venir, elle la toute pure, comme tout adonnée au véritable culte divin, “en esprit et vérité“ ? (Jn 4.24).

- Si Jésus annonça la destruction du temple pour le rebâtir en trois jours en son corps, Marie, sa mère, ne devait-elle pas, elle aussi, être présentée comme “le temple spirituel de la sainte gloire du Christ notre Dieu“ selon une belle expression de la liturgie byzantine. Et c’est en ce sens que Paul VI, après le Concile Vatican II, déclara Marie “Mère de l’Eglise, Temple de Dieu, elle qui fut “le sanctuaire de l’Esprit-Saint“ (Vat. II L.G. 53).


C’est ainsi que la fête de la “Présentation au temple de Marie“, la “Vierge Immaculée, Mère de Dieu“, “toujours unie à son Fils, coopérant à l’œuvre du salut à titre absolument unique“ (Vat. II AL 5) est devenue
- le symbole de la présentation à Dieu, par le baptême, de tout homme afin qu’il en soit sanctifié,
- le modèle de toute vie consacrée à Dieu par des vœux religieux,
- un appel à Marie, l’indispensable soutien des prêtres. Marie, “la Mère du Grand Prêtre éternel, la reine des apôtres“ (Vat. II VMP 18), aide grandement le prêtre à être “intimement uni au Christ, Médiateur de la nouvelle Alliance“ (Id).

Marie, encore enfant, ne se doutait pas des effets de sa consécration plénière à Dieu : être “la Mère du Fils de Dieu !“. Peu à peu sans doute, et surtout au jour de l’Annonciation, elle en prit conscience.
Comme toute juive, elle lisait les Ecritures, les méditait et reconnaissait ainsi que les événements de sa vie étaient comme déjà inscrits, annoncés par les Livres Saints. Son “Magnificat,“ rempli de citations bibliques, le prouve suffisamment… !


Marie méditait… et reconnut ainsi en son propre Fils la “Sagesse éternelle de Dieu“ dont il est question dans la lecture de ce jour.

La SAGESSE, dans l’Ancien Testament, est en quelque sorte personnifiée. C’est une créature.  Mais, c’est une créature qui existe avant la création du monde : “Le Seigneur m’a créée au commencement.
“Commencement“ ! Il me plaît (après ce que j’ai dit lundi à propos de l’Apocalypse), de souligner que c’est le même terme qui est employé au début du livre de la Genèse : “Au commencement, quand Dieu créa…“. - Au commencement du “premier“ jour, mais “premier“ (“erad“ en hébreu) au sens de UN, de “unique“, comme si l’écrivain ne savait pas qu’il y aura un second, un troisième jour…  etc. C’est l’“Unique“ jour, le Jour Unique de Dieu, le Jour éternel…, ce jour qui sera manifesté au “Jour de la résurrection“ ! 
Ainsi la révélation de la Sagesse dans l’Ancien Testament “frôle“, si je puis dire, la révélation du Nouveau Testament, même s’il y a un dépassement considérable : “Au commencement était le Verbe…, dira St Jean ; et le Verbe était Dieu !“.

Cette Sagesse inspire Dieu créant le monde au “Jour unique“, au jour éternel de Dieu ! Et lorsque le monde est créé, elle vient converser avec les enfants des hommes.
Et dans un autre livre (Siracide), “la Sagesse a bâti sa maison… Elle a préparé un festin“. Et sa maison  est celle de Jacob ; elle est bien plantée ici-bas et s’élève très haut vers le ciel (Cf Sir 24.8), comme l’échelle du patriarche (Cf Gen 28) qui s’écrit alors : “Dieu est dans le lieu ; et je ne le savais pas !“ (Gen 28.16). Le “festin“ de Dieu… Le “Lieu“ de Dieu…  Faisons “action de grâces“ ! Faisons Eucharistie !

Et Il est facile encore de penser - et c’est la raison du choix de ce texte - à la demeure de Dieu parmi les hommes, à la Vierge Marie, Mère du Christ, Mère de l’Eglise, demeure de Dieu pour les hommes… qui unit ciel et terre.

St Jean a bien compris tout cela en commençant sa première lettre :Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, vu, … contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie ; - car la Vie s'est manifestée : nous l'avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous est apparue - ...ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous. Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ. Tout ceci, nous vous l'écrivons pour que notre joie soit complète".

(1) – Pro-évangile de Jacques (2ème s. ?) – Evangile du pseudo-Matthieu 6ème s. ?)

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