samedi 23 juillet 2011

Tout contribue au bien !

17ème Dimanche 11/A -

Nous sommes dépassés par la phrase de St Paul soulignant un paradoxe inouï : “tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu”.

“Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu”. C'est une folie d'affirmer cela dans le monde d'aujourd'hui, monde d'atrocités, de guerres et de souffrances, de malheurs et d'agonie (jusque dans ce pays d’où je reviens - et o combien ! - que le Fils de Dieu a sanctifié de sa présence).
Pourtant St Paul insiste ; il veut exprimer la réalité la plus profonde qui soit. Et tous les témoins du Christ, à travers les siècles, ne feront que reprendre ce leitmotiv : “tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu”. Tout, absolument tout. Bien plus, St Augustin ajoutera dans un commentaire célèbre : “même le péché”.“O heureuse faute qui nous value un tel Rédempteur“, chante l’Annonce de la fête de Pâques !

“Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu”. Pour affirmer cela, il faut avoir pris conscience d’une abyssale réalité dans sa propre vie, par-delà toutes les apparences, par-delà tout ce qui peut sembler contraire à cette affirmation.

Et quelle est donc cette réalité fondamentale ? St Paul le souligne immédiatement : c’est évident, dit-il, “puisque tous ceux qui aiment Dieu sont appelés selon le dessein de son amour !”. Voilà bien la raison profonde de son affirmation : le Seigneur nous aime et nous guide sur son chemin, quoi qu’il nous arrive. Il nous enveloppe dans le dessein de son amour pour que nous soyons, à l'image de son Fils, des enfants de Dieu son Père et notre Père.

“Tout concourt...”. Il faut insister sur ce petit mot “tout”, car il se retrouve - ce petit mot - dans la parabole que nous rapporte St Matthieu, en particulier celle de la perle fine : “Le royaume des cieux est comparable à un négociant qui recherche des perles fines. Ayant trouvé une perle de grande valeur, il va vendre tout ce qu'il possède et il achète la perle”. Le royaume des cieux est comparable à une perle. Il faut trouver la perle et il faut tout vendre pour l'obtenir. Il y a dans cette parabole quelque chose d'extrêmement étonnant : la perle est si chère qu'il faut tout vendre pour elle. Pour égaler la valeur de cette perle, il faut tout donner, il faut tout livrer.

De plus, - il faut le souligner - pour découvrir cette perle, il faut être un fin connaisseur. Il est très difficile de distinguer les perles les unes des autres : on peut payer très cher pour n'avoir qu’une apparence de perle, du “toc”, comme l’on dit. Aussi, il faut faire confiance au marchand : nous devons lui donner toute notre confiance. Et pour cela ne faut-il toujours formuler cette prière de Salomon : “Seigneur donne-moi un cœur attentif“, en mot-à-mot : “un cœur qui écoute !“.

Oui, aujourd’hui, en ce moment, le Seigneur nous demande d'avoir le cœur assez ouvert pour comprendre qu’il faut lui donner toute notre confiance et l'entendre nous dire : “tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu”. Cette affirmation transforme nos cœurs et nous place dans la vérité, dans la plénitude qu'est la perle c'est-à-dire Jésus Christ, elle nous place tout entier en lui.

Pourquoi, finalement, cette perle vaut-elle tout ? C’est parce que cette perle contient tout, et tout ce que nous vivons et tout ce que Dieu peut nous donner à travers heurs ou malheurs. Car cette perle nous est donnée dans le Christ, c’est-à-dire dans sa mort et sa résurrection. C'est là qu'est le “tout”. “Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu” : cette parole est manifestée dans la vérité de la croix du Christ, dans le don total que Jésus Christ fait de lui-même à son Père pour le salut de tous les hommes, dans ce don qui, par-delà toute mort, donne la vie. Celui qui trouve la perle comprend la croix et la résurrection de Jésus ; il accueille ce mystère de mort et de vie en toute son existence et avec le mal - fût-ce le péché - et avec le bien, pour vivre à nouveau - maintenant et éternellement - avec le Christ toujours vivant par-delà la mort !

Alors oui, il faut tout vendre pour vivre avec le Christ. St Paul (Philippiens 3), dit qu'il a tout quitté pour gagner le Christ et un peu plus tard, St Ignace d'Antioche, par exemple, n'aura qu'une parole à la bouche : “Saisir le Christ”, saisir le Christ en son mystère pascal. Voilà ce qu'est notre vie chrétienne.

Redisons-le : notre vie n'a de sens que dans le don total que nous faisons de nous-mêmes au Seigneur, ce don qui fait que nous perdons tout, que nous nous perdons nous-mêmes pour gagner le Christ, le Christ mort mais toujours vivant. La seule chose qui compte dans notre vie, c'est la perle, c'est-à-dire la croix et la résurrection de Jésus Christ. C’est cela le Royaume de Dieu !

Alors nous comprendrons de plus en plus que “tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu”. Et cette affirmation solennelle devient comme le refrain de toute notre existence.

Certes, toutes les apparences ou presque sont contraires. La mort est toujours là, les souffrances de toutes sortes sont toujours là ; cependant il y a quelque chose de radicalement changé dans le monde : ce sont les cieux nouveaux, les cœurs nouveaux que le Seigneur ne cesse de façonner. Il y a le “Royaume de Dieu”, c’est-à-dire déjà et éternellement cette présence de Dieu à nulle autre pareille. “Ceux qu'il a appelés, il en a fait des justes ; et ceux qu'il a justifiés, il leur a donné la gloire”, la gloire de Dieu en nos vies d’hommes, manifestée en Jésus Christ mort mais ressuscité.

Demandons au Seigneur de nous laisser prendre par cette réalité qui a transformé la vie de Paul et celle de tous les saints : le Royaume de Dieu, c'est tout donner, se donner totalement pour s’ouvrir à la vie du Christ mort et ressuscité.

Et ce trésor est déjà là, caché au fond de notre cœur ; il nous faut sans cesse le découvrir. La perle que l’on découvre nous donne d'avoir tout, le tout de Dieu dans le tout de l'homme. C'est cela le mystère de Dieu. Il nous veut tout entier parce qu'il se donne tout entier, parce qu'il n'est que don.

Le mystère de Dieu est un mystère de don, de vérité, d'amour. Toutes les paraboles n'ont pas d'autre but que de manifester que tout est organisé dans le monde pour que nous découvrions cette plénitude de l'amour - “Dieu est Amour !“, ne cessait de répéter St Jean -. Que cette Eucharistie soit comme un cri qui demande au Seigneur la grâce de tout donner pour tout recevoir à travers son mystère pascal de mort à vie.

Oui, demandons au Seigneur de tout perdre pour qu'il se donne à nous et que nous nous donnions à lui, et par lui, à nos frères. Alors notre vie aura son sens, malgré nos diverses souffrances et parfois à cause d’elles, son véritable sens, le seul !

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