vendredi 29 juillet 2011

Hospitalité !

29 Juillet – Sts Anne et Joachim

Quand je vais à Jérusalem, je pense souvent à ce texte d’évangile, puisque la plupart du temps, je loge au lieu dit : “Béthanie“, derrière le Mont des Oliviers, à trois kilomètres environ de Jérusalem.

Et je pense à cette hospitalité qu’offrait Lazare avec ses sœurs à Jésus ! L’hospitalité est une grande réalité. Les Grecs y voyaient un des traits les plus marquants d’un peuple civilisé. D’ailleurs, dans beaucoup de langues primitives, les mots “hôte“ et “ennemi“ ont même racine. En latin “hospes“ (hôte) et “hostis“ (ennemi) ont même racine. Tant il est vrai que la civilisation a franchi, franchit toujours un pas décisif le jour où l’étranger, d’“ennemi“ est devenue un “hôte“, c’est-à-dire le jour où la communauté humaine a été, est créée !

Et puis, dira l’épître aux Hébreux, faisant allusion à Abraham et à ses trois mystérieux visiteurs que rappelle la célèbre icône de Roublev : “N’oubliez pas l’hospitalité. Quelques-uns, en la pratiquant, ont, à leur insu, logé des anges“ (des envoyés de Dieu) (Heb. 13.2). Et Notre Seigneur ne dira-t-il pas : J’avais faim, soif, j’étais nu… A chaque fois que vous avez donné à manger, à boire, à habiller…, c’est à moi que vous l’’avez fait ! (Cf. Mth 25.35sv). Et il précisera : “Et qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé !“ (Jn 9.37). Aussi, St Benoît, dans sa concision, recommandera : “Tous les hôtes qui se présentent seront reçus comme le Christ“ (Règle ch 53).

Si Jésus vient souvent à nous comme un étranger et qu’il n’est pas reçu parmi nous, c’est nous, bientôt, qui serons des étrangers dans le monde de Dieu ! Mgr Vladimir Ghika (1) écrivait : “Rien ne rend Dieu proche comme le prochain. Pour qui voit Dieu lointain, le prochain ne sera jamais bien proche ; pour qui ne voit pas le prochain bien proche, Dieu restera toujours lointain“. (“La visite des pauvres“). Et l’hospitalité doit avoir cette délicatesse que soulignait Dom Guéranger à Mme Swetchine : “L’indifférence même est trop loin de la charité pour ne pas offenser un cœur chrétien“.

Je ne voudrais pas être trop long aujourd’hui ayant été trop bavard les jours derniers. Je vous invite seulement à méditer profondément cette merveilleuse page de l’évangile d’aujourd’hui. Je ne ferai qu’un bref commentaire et une réflexion interrogative.

Une réflexion d’abord : A propos de “l’unique nécessaire“, on a beaucoup parlé d’activité et de contemplation, quelquefois en les séparant, voire en les opposant. En réalité, c’est Jésus seul qui est au centre de cette scène d’hospitalité. C’est lui qui unit les deux sœurs Marthe et Marie.
Et à toutes deux, il dit : “Une seule chose est nécessaire“. Un humoriste a traduit : “Un seul plat est nécessaire“ : l’écoute de la Parole de Dieu. Autrement dit, toute l’activité chrétienne doit provenir de l’écoute du Seigneur. La part de Marthe, l’activité de service, doit s’inspirer de ce “nécessaire“, de cette écoute de Dieu qui seul rend le service valable et fructueux. Et toute écoute de la Parole de Dieu, d’intimité avec le Christ, doit rejaillir ensuite en nos mains, en nos paroles, en nos cœurs qui peuvent alors témoigner de l’amour de Dieu. Celui qui prie en éprouvant de la gêne dans sa vie apostolique, n’est pas bien avancé dans sa prière. Et celui qui agit en oubliant la prière, n’est pas bien avancé dans sa vie apostolique. D’ailleurs, St Benoît qui voulait une vie équilibrée pour ses moines, leur a laissé une règle qui tient en deux mots qu’il a fortement unis : “Ora et labora !“ - “Prie et travaille !“

Une interrogation qui est en même temps intention de prière : Vous le savez, St Luc est dénommé à juste titre “l’évangéliste de la femme“, tant les femmes sont présentes dans son écrit.
Ainsi, comme modèle d’hospitalité envers le Seigneur, il a choisi deux femmes (Il n’est pas question de Lazare ! Simple observation !). Veut-il nous dire que Jésus désire que la femme soit, par son accueil, par son hospitalité - et la maternité tant physique que spirituelle n’est-elle pas l’hospitalité par excellence ? - comme un pivot d’équilibre spirituel dans la famille, dans la société, dans l’Eglise, comme une source d’équilibre matériel et spirituel ? En soulignant ainsi le rôle de la femme, n’engage-t-il pas à donner une base solide et efficace à ce que l’on appelle aujourd’hui “la promotion de la femme“ ? Je laisse à d’autres - les femmes - le soin de répondre à cette interrogation qui est pour tous une intention de prière.

En tous les cas, n’oubliez pas l’hospitalité ; c’est grâce à elle que quelques-uns, à leur insu, hébergèrent Dieu lui-même !

(1) Prince roumain et prêtre, tué par les Allemands durant la dernière guerre.

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