lundi 25 juillet 2011

St Jacques

25 Juillet 2011

St Jacques était le frère de Jean, tous deux fils de Zébédée, patron pêcheur sur le lac de Kinnereth.

Jésus (selon Marc) avait d’abord appelé Pierre et son frère André, originaires de Bethsaïde (dans les états de Philippe et non d’Hérode-Antipas). On peut légitimement penser que Pierre s’était marié à une fille de Capharnaüm (rappelons-nous l’épisode de la guérison de la belle-mère de Pierre). Peut-être qu’à cette occasion avait-il hérité de la barque, de l’affaire de pêche de son beau-père ? Aussi, avec son frère, travaillait-il probablement de concert avec un voisin, ce Zébédée père de Jacques et Jean. Marc précise après l’appel du premier apôtre et de son frère : “Avançant un peu, il vit Jacques et son frère Jean qui étaient dans leur barque“, eux aussi ! (Mc 1.19).

Je précise cette proximité des premiers apôtres surtout pour souligner que c’est dans l’humilité d’une vie humaine toute simple que va naître la grande Eglise Universelle. C’est bien la méthode de Dieu, si je puis dire ! Il prend les attitudes d’hommes les plus simples dans un coin caché pour les répercuter à travers le monde entier : ce sont de simples pêcheurs qui deviennent pêcheurs d’hommes ! Des promotions étranges, paradoxales qu’on trouve à travers toute la Bible, à travers toute l’histoire de l’Eglise ; des “pâques“, en quelque sorte, qui font passer du concret, du singulier le plus banal à l’universel le plus merveilleux, qui font passer de l’homme à Dieu ! Jésus n’était-il pas émerveillé devant une petite semence, un grain de sénevé destiné à devenir un arbre abritant les oiseaux du ciel ? (Mc 4.31).

Ainsi des premiers apôtres comme Jacques ! De simples gens, rudes à la tâche ! Jésus les appelle. Et Marc de souligner : “Laissant dans la leur père Zébédée avec ses ouvriers, ils partent à sa suite !“ (1.20). Oh ! Certes ! Un peu d’ambition humaine avait dû se mêler et se mêlera au zèle pour le Royaume de Dieu. L’évangile d’aujourd’hui nous le fait bien comprendre. Et cette ambition pouvait se manifester fortement parfois. Aussi, Jésus avait-il surnommé Jacques et son frère “boanergès“ - “fils du tonnerre“ ! Une fois, ils avaient voulu faire descendre le feu du ciel sur une cité inhospitalière, à la manière du prophète Elie (II Rois 1.9sv). Rien que cela !

Quoi qu’il en soit, Jacques appartient au petit groupe des intimes du Seigneur avec Pierre et Jean : il fut témoin de la résurrection de la fille de Jaïre, de la Transfiguration du Seigneur. Jésus les avait encore choisis pour veiller avec lui au jardin de l’agonie… Mais ils s’endormirent ! C’est souvent notre cas !

Du moins, Jacques eut-il l’honneur d’être “le premier des apôtres à offrir sa vie pour l’Evangile“, comme le disent les oraisons de sa fête. C’est sans doute la raison du choix de la lecture d’aujourd’hui. St Paul a fait l’expérience qu’à chaque moment de sa vie d’apôtre, offerte, il meurt et il ressuscite : toujours pressé mais non écrasé, terrassé mais non anéanti, pourchassé mais non abandonné, livré à la mort mais pour que la vie du Christ se manifeste. Et il sait, Paul, qu’à l’exemple de St Jacques, il tombera en terre comme un grain de blé, mais pour une fécondité extraordinaire, impensable…

Oui, depuis le matin de la création, nous savons que nous sommes des “vases d’argile“ extrêmement fragiles. Mais dans ces “vases“, dans les “cruches“ que nous sommes, il y a un trésor. Et quand les cruches cassent, ce trésor qui est lumière de résurrection assure la victoire immensément et éternellement plus importante que celle qu’avait remportée Gédéon sur Madian. Il était parti combattre avec seulement 300 soldats que le Seigneur lui-même avait triés. Chaque soldat n’avait qu’une trompette et qu’une torche mise dans une cruche. A l’approche de l’ennemi, en pleine nuit, au signal de Gédéon, les combattants sonnèrent du cor et brisèrent les cruches. Alors le feu qui jaillissait soudainement des cruches et le vacarme des trompettes effrayèrent l’ennemi qui s’enfuit… Les trompettes de la prédication et la lumière de Pâques. Notre trésor ! Nous sommes des vases d'argile qui continnent un trésor : le Christ!

Oui, dirait St Jacques lui-même - premier apôtre martyr -, depuis notre baptême, nous portons un trésor dans des poteries sans valeur ; et on voit bien ainsi que la puissance extraordinaire que nous avons ne vient pas de nous, mais de Dieu ! Ce n’est pas là une spiritualité réservée aux saints. C’est la spiritualité la plus élémentaire : celle du baptême, celle du martyre, autrement dit celle du mystère pascal. Et si notre homme extérieur part en ruine, dira St Paul par ailleurs, notre homme intérieur se renouvelle à l’image du Créateur ; c’est la naissance d’un “homme nouveau“ créé à l’image et ressemblance de Dieu ! C’est là notre trésor !

Nous ne croyons pas suffisamment à ce trésor caché en nos cruches d’humanité ! Si on y croyait suffisamment, nous demanderions à Dieu de vivre longtemps pour “mourir jeune“, étant donné que chaque instant de l’existence, chaque respiration, chaque acte de charité nous rajeunissent, doivent nous rajeunir à l’exemplaire de l’éternelle jeunesse de Dieu !

Même si nous sommes en un âge avancé, prions St Jacques de mourir jeune. Je ne sais si lui-même, Paul et les apôtres connaissaient la réflexion admirative qu’un prêtre égyptien adressait à des Grecs et qui nous est rapportée par Platon (Timée 22B) : “Vous autres, Grecs, vous êtes toujours des enfants. Un Grec n’est jamais vieux… Vous êtes toujours jeunes dans vos âmes !“, ce qui, sans doute, inspira St Augustin à s’écrier : “Quaerite ergo, o juvenes, Christum ut juvenes maneatis !“ – “Cherchez donc le Christ, jeunes gens, pour rester jeunes !“.

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