mercredi 27 juillet 2011

Lumière de Dieu !

T.O. 17 imp. Mercredi

“Quand Moïse descendit de la montagne, il ne savait pas que la peau de son visage était devenue rayonnante“ ! “Rayonnante“ : “qâran“ en hébreu, mot apparenté à “qèrèn“ qui signifie “corne“ ! Aussi St Jérôme (la Vulgate) a confondu et traduit maladroitement : “Son visage était cornu !“. En conséquence, les artistes - tel Michel-Ange - ont représenté Moïse avec des cornes ! Même si cette curiosité n’enlève rien à la beauté de l’œuvre de l’artiste, ce n’est pas le sens de ce qui est écrit…

Le texte, avec cette précision du visage lumineux, veut simplement souligner la proximité de Moïse avec Dieu.

La Lumière est comme le reflet de la gloire de Dieu ; elle est, dit le psaume 104, “le vêtement dans lequel Dieu se drape“. Lorsque Dieu paraît, “son éclat est pareil au jour, des rayons sortent de ses mains“, dit le psaume d’Habacuq (3.3sv – Cant. Du Vend à Laudes). Et “la sagesse est un reflet de la lumière éternelle“ (Sag 7.27.29). Ainsi donc, cette lumière sur le visage de Moïse reflète sa proximité avec Dieu-Lumière !

Admirant cette lumière sur le visage des amis de Dieu, que notre prière soit toujours celle du psalmiste : “Fais lever sur nous, Seigneur, la lumière de ta face !“ (Ps 4.7). Car ainsi illuminés, nous ne risquerons pas de sombrer allant répétant : “le Seigneur est ma lumière et mon salut“ (Ps 27.1). Bien plus, Moïse, ainsi illuminé, pouvait s’adresser au peuple au nom du Seigneur, l’instruire, l’enseigner…, à tel point qu’il est dit par ailleurs que Moïse parlait “sur les lèvres de Dieu“ (al pi Adonaï) ! Puisse être là l’ambition de tous les prédicateurs de l’Evangile, illuminés par le Christ !

Car nous le savons, cette lumière divine a été manifestée en Jésus Christ : “Je suis la lumière du monde“, disait-il (Jn 9.5) - Et “qui me suit aura la lumière de la vie“ (8.12) ; “Celui-là ne peut marcher dans les ténèbres“ (12.46). Oui, Jésus est “la lumière qui, venant en ce monde, illumine tout homme" (1.4,9). Cette lumière qu’est le Christ fut manifestée déjà au jour de la Transfiguration. Elle anticipait l’éclat du Ressuscité, au matin de Pâques, le Christ qui apparaîtra un peu plus tard à Paul dans une “lumière éclatante“ (Ac. 9.3), au point que l’apôtre écrira par la suite que cette lumière du Christ ressuscité “est celle de la gloire de Dieu lui-même“ (2. Co. 4.6).
Oui, non seulement Dieu “habite une lumière inaccessible“ (I Tm 6.16), non seulement il est appelé “le Père des lumières“ (Jc 1.5), mais “il est lui-même Lumière en qui il n’y a point de ténèbres“ (I Jn 1.5).

Par naissance, les hommes, eux, sont pécheurs “aux pensées enténébrées“ (Eph 4.18). Mais Dieu nous “appelle des ténèbres à son admirable lumière“ (I Pet 2.9). Il veut que nous partagions le sort des saints dans la lumière (Col 1.12). Aussi, dès notre baptême, “le Christ a lui sur nous“ (Eph 5.14). Ce qui doit déterminer pour nous une ligne de conduite : “vivre en fils de lumière“ (Eph 5.8). Chez St Paul, la recommandation est fréquente et habituelle, de peur, dit-il, que “le Jour du Seigneur ne nous surprenne“ (I Thess. 5.4-8).

St Jean ne parlera pas autrement. Il nous faut “marcher dans la lumière“ pour être en communion avec Dieu qui est Lumière (I Jn 1.5sv). Et, pour lui, le critère de cette marche dans la lumière, c’est l’amour fraternel : “C’est à cela que nous reconnaissons si l’on est dans la lumière ou dans les ténèbres“ (I Jn 2.8,11). Car c’est en aimant nos frères que nous devenons nous-mêmes “lumière du monde“ (Mth 5.14 sv), comme Moïse pour son peuple.
Alors nous parviendrons dans la Jérusalem céleste toute illuminée. En contemplant la face de Dieu, nous serons illuminés (Apoc 22.4sv). Nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est (I Jn 3.2).

A notre lecture, il y a un commentaire très important de St Paul en sa 2ème lettre aux Corinthiens (3.7sv), commentaire un peu difficile. Il ne faut jamais oublier que l’apôtre est loin d’être un apathique. Les mots, avec leurs idées, se bousculent facilement au portillon de ses lèvres. Et puis, la plupart du temps, Paul n’écrit pas ; il dicte ! Pauvre secrétaire, il devait avoir du mal, parfois, à bien transcrire !

Quoi qu’il en soit, l’idée maîtresse de son commentaire à l’adresse très probablement des judaïsants dont il a beaucoup souffert, est celui-ci : ce n’est pas la Loi qui doit englober la révélation du Christ qui est sa lumière de vie depuis le chemin de Damas. C’est, au contraire, la révélation du Christ, Dieu fait homme, qui doit englober la Loi. Sans le Christ, la Loi reste voilée, comme le visage de Moïse. Paul, lui, est l’apôtre du Christ qui illumine la Loi, apôtre bien faible selon la chair, mais efficace à cause uniquement de l’appel qu’il a reçu du Seigneur à l’opposé de ces “brocanteurs“ suffisants qui judaïsent tout et toujours selon la lettre qui tue, alors que l’Esprit (du Christ) fait vivre !. Aussi avait-il affirmé : “Forts d’une pareille espérance (dans et avec le Christ), nous sommes remplis d’assurance“, malgré notre faiblesse !

Il y a une vertu dont on ne parle pas beaucoup dans les manuels de morale - et c’est dommage - et qui, pourtant, apparaît comme une vertu cardinale, c’est l’assurance ! L’assurance envers Dieu qui, avec le Christ, est devenu notre Père ! Et, en conséquence, il y a l’assurance dans la proclamation de la Bonne Nouvelle du Christ qui nous libère ! – La “parrèsia“ : la liberté, la hardiesse, la franchise ! Ce que n’ont pas les judaïsants qui ont toujours comme un voile (le voile passager de la Loi) qu’ils maintiennent eux-mêmes sur leurs yeux (à cause de leur endurcissement, aveuglement !). C’est la seconde interprétation que l’on peut donner au texte de l’apôtre. Il ne s’agit pas tant de la Loi de Dieu qui ne peut être abolie (“Pas un seul trait n’en disparaîtra“ Mth 5.18) que de comprendre que cette Loi est toute relative au Christ, Lumière de Dieu, ce que refusent les Judaïsants par leur orgueil !

-La “parrèsie“, en la langue parlé de Notre Seigneur (araméen) se dit : découvrir sa face, sa tête. Et avoir la tête découverte, c’est être libre, agir en toute liberté après avoir été illuminé par le Christ ressuscité qui, éliminant tout voile - le voile du temple lui-même s’étant déchiré à sa mort (Mth 27.51) - nous fait entrer dans une libre et éternelle Alliance avec Dieu !

Désormais, dira St Paul par ailleurs, avec le Christ, “un homme ne doit pas couvrir sa tête puisqu’il est l’image et la gloire de Dieu !“ (I Co. 11.7). Evidemment cela n’a rien à voir avec le voile des moniales ou la capuche des moines ! Mais cette phrase, si elle est discutable par rapport à la condition de la femme qui, selon l’apôtre, doit restée voilée selon les critères de son époque (qui ne sont plus les nôtres !), nous fait comprendre cependant ce qu’il veut dire à propos du voile sur la tête de Moïse ! Désormais, plus besoin de voile : avec le Christ, nous sommes affranchis, nous sommes libres, nous sommes fils demeurant déjà dans la maison du Père !
“Si le ministère de mort gravé en lettres sur la pierre a été d’une gloire telle que les Israélites ne pouvaient fixer le visage de Moïse à cause de la gloire de ce visage - pourtant passagère (petite ironie au passage) -, combien le ministère de l’Esprit n’en aura-t-il pas plus encore ?... Nous, apôtres, “nous ne faisons pas comme Moïse qui se mettait un voile sur le visage... Lorsqu’on lit l’A.T. (affirme St Paul, pourtant pharisien, fils de pharisien), ce voile demeure. Il n’est pas levé. C’est en Christ qu’il disparaît… C’est seulement par la conversion au Seigneur que le voile tombe ! Car le Seigneur est l’Esprit. Et là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté !“, cette liberté qui est une libération de la lettre. St Paul développera plus fortement cette affirmation dans ses lettres aux Romains et aux Galates !

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