vendredi 25 juin 2010

T.O. 12 - Vendredi - Le lépreux, l’“Intouchable !“ (II Rois 25.1sv – Mth 8.1sv)

Un prédicateur, jadis, au moment d'aborder une page d'Évangile, avait coutume - et cela faisait sourire - de dire : “Attention mystère !”. Aujourd’hui, en écoutant le récit de la guérison du lépreux, disons ensemble :. “Attention mystère !”. Oui, il nous faut entrer respectueusement dans le “mystère” d’un Dieu qui se fait toujours proche de l’homme. Lorsque Jésus guérit le lépreux, il lui demande de garder le secret. C'est sûrement parce que Jésus craignait que beaucoup n’interprètent mal son geste. Mais encore, c'est sûrement parce qu'au-delà des apparences, ce geste cache un secret... un “mystère”... “Attention, mystère”, c’est-à-dire : présence de Dieu à toujours découvrir. Lorsque Jésus, HIER, a guéri le lépreux ; quel secret voulait-il révéler ? Lorsque les chrétiens, AUJOURD'HUI, lisent ce récit, quel secret ont-ils à découvrir ?

HIER, au temps de Jésus, les lépreux étaient des “intouchables”. Totalement exclus de la vie commune, on les tient à distance. Tellement à distance qu'ils doivent, les pauvres, agiter une clochette et crier “impur… impur…”, pour que personne ne les croise par distraction, par hasard. Ceci, pour éviter la contagion, bien sûr, mais surtout - et la transposition est facile - pour préserver une conception trop humaine de pureté spirituelle. Les lépreux, croyait-on, étaient maudits de Dieu, punis par Dieu, la lèpre étant considérée comme le châtiment de leur péché. Explication toujours actuelle !

Ils étaient donc doublement impurs et, de ce fait, en somme, on croyait que c'était plaire à Dieu que de les mépriser, de les exclure. Ils étaient à distance des hommes parce qu'on les disait à distance de Dieu.

Jésus, lui, contredit tout cela. Et c'est cela la “Bonne Nouvelle” ! Avec Jésus, le lépreux oublie qu'il faut rester à distance. Celui qui humainement est tenu à distance vient vers Jésus et lui dit des choses qu'on ne peut dire qu'à Dieu : “Sï tu veux, tu peux me guérir”. Regardons bien la scène. Ne regardons pas le regard horrifié des témoins. Regardons surtout Jésus ! Qu’ose-t-il faire ? Il étend la main et - chose incroyable - il touche : il touche un intouchable !… Le secret (mystère) que Jésus révèle ce jour-là est clair.

Pour Dieu, il n'y a pas d'intouchables, d'inguérissables, d'impardonnables. Il n'y a pas de lépreux qu'il ne veuille guérir. “Le Fils de l’Homme est venu pour sauver ce qui était perdu”. Tel est le secret (mystère) que Jésus nous révèle par ce geste. Et il est de taille ! Cet évangile ne révèle pas le tour de force d'un guérisseur, il révèle le visage inoubliable d'un Dieu qui se fait proche de l’homme.

C'était HIER ! Mais “attention, mystère !”. AUJOURD'HUI, lorsque nous lisons cet Évangile, quel secret avons-nous à découvrir ? - Les lépreux, aujourd'hui, qui sont-ils ?... Certes, impossible d'oublier les 10-12 millions de lépreux à travers le monde. Mais, ce n'est peut-être pas dans cette direction que l'Évangile nous conduit. Les intouchables..., ceux que l'on tient à distance… qui sont-ils ?... Nos lépreux à nous, où sont-ils ?

Ils ne sont pas loin… Je ne connais aucune famille, aucun groupe qui n'ait ses lépreux. Les drames ont des allures différentes, mais ils ont tous en commun ce risque de mise à distance, comme autrefois pour les lépreux. C'est ce couple qui se sépare… C'est ce garçon, cette fille qui semble s’égarer… Parfois, c'est celui qui a été plus qu'indélicat lors d'un héritage. Oui, ne sont-ils pas nombreux ceux à qui l’on a dit un jour : “Tu ne franchiras plus la porte de ma maison” ? - Et puis, nos lépreux ne sont pas seulement des personnes individuelles, mais aussi des groupes : certains malades, des étrangers…, ou plus simplement ceux qui ne pensent pas comme nous !

Oui, tous ces lépreux, il n’y a pas trop de difficulté à les Identifier. Il y a grande difficulté à les aimer !

Et puis un dernier mot pour finir cet inventaire… Le lépreux, Il est parfois en nous. Je veux dire que chacun de nous a bien sa lèpre qui le défigure, lui fait honte et dont il désespère. - Ma vie est trop en désordre. Dieu ne peut plus m'aimer… - Un jour, j'ai consenti un geste irréparable.

Et c’est à ce moment qu’il faut parler et reparler de cette “Bonne Nouvelle” entendue aujourd'hui :
  • Pour Dieu, il n'y a pas de geste irréparable,
  • Pour Dieu, il n'y a pas de lèpre qu'il ne veuille guérir.

Jésus touche tout lépreux. C'est une main d'homme qui le touche ; et c’est Dieu qui le touche pour le guérir ! Oui, Jésus approche, il va venir sur cet autel vers nous. Fidèle à sa parole, il y vient tout entier, corps, âme, divinité, avec toute sa vie donnée pour nous, de sa naissance à sa mort et sa résurrection. Nous le recevrons dans notre main, qui deviendra un instant le trône de Dieu. Nous le toucherons et il se laissera toucher.

Bien plus, l’Eucharistie est plus qu'un toucher ! Jésus vient en nous, il se fait notre nourriture, et tandis que notre corps assimile l'apparence du pain sous laquelle il se rend présent, c'est Lui qui nous assimile. Ce n'est pas nous qui réduisons Jésus à notre mesure charnelle, c'est lui qui nous agrandit à la sienne, qui nous divinise !…

Accueillons ce toucher profond du Seigneur : ce toucher transformant et sauveur. Accueillons cette “Bonne Nouvelle”… Et n’oublions pas d’en parler, d’en reparler, de la reprendre… avec grande joie et grand respect : “Attention, mystère !”, mystère d’un Dieu proche de l’homme !

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