lundi 14 juin 2010

T.O. 11 Lundi – Vraies leçons de morale ! - (I Rois 21.1sv ; Mth 5.38-42)

La liturgie nous fait lire aujourd’hui et demain un récit assez épouvantable… ; enfin, ce n’est pas un conte à la manière de Mme de Ségur. Le contexte historique lui-même contient de multiples scandales politiques assortis de meurtres : tandis que le royaume de Juda, au sud, est assez stable, on assiste, au Royaume du Nord, à une succession d’usurpateurs ; c’est très sauvage ! Et le point culminant de ces horribles méfaits arrive avec la dynastie d’Omri et d’Achab (1).

Vous avez entendu le récit : Achab, jaloux, envieux désire le champ de Naboth qui refuse de le lui vendre. Alors, “ le roi, est-il dit, se couche sur son lit, détourne son visage et ne veut pas manger !“. C’est encore et toujours, plus ou moins, le symptôme d’une mauvaise humeur !

C’est à ce moment qu’entre en scène la reine Jézabel, son épouse ; elle était fille du roi de Tyr, une phénicienne qui avait une hiérarchie de valeurs de vie bien différente que celle enseignée par Dieu à son peuple ! De plus, elle avait introduit à la cour le culte du dieu Baal !

“Tu fais un joli roi !“ dit-elle à son mari, “Moi, je vais te donner la vigne de Naboth !“. Elle ne savait pas sans doute ce que devait être un roi selon le cœur du Seigneur. Vous pourrez, pour le savoir, vous reporter au chapitre 17ème du Deutéronome. Voici quelques caractéristiques :
  • Le roi ne pourra être un étranger ! Cela se comprend. Mais dans le cas d’Achab, on peut se demander si c’est lui qui gouvernait ou sa femme, une “maîtresse-femme“, n’en doutons pas !
  • Il ne devra pas multiplier le nombre de ses femmes, ce qui pourrait égarer son cœur ! Je ne fais aucun commentaire !
  • Il n’accumulera ni or ni argent.
  • Il lira la loi du Seigneur qu’il aura lui-même copiée.

Au fond, le roi n’a pour raison d’être que de faire régner la justice et la loi… Er s’il contredit à la loi, surgit alors un prophète… comme Elie.

Oui, Achab n’est pas un bon roi ! Il laisse faire sa femme, Jézabel, mettre à mort, par un inique procès (cela aussi arrive de nos jours !) Naboth ; elle s’empare alors de son terrain pour le remettre à Achab.

C’est ainsi qu’Elie surgit et dit à Achab : “Tu as assassiné ; et de plus, tu usurpes… Aussi, à l’endroit où les chiens ont lapé le sang de Naboth, les chiens laperont ton sang à toi aussi !“. Et il annonce un semblable châtiment à Jézabel. L’accomplissement de ces prophéties, vous pourrez la lire au second livre des Rois (ch. 9). C’est un bain de sang que vous n’approuverez pas, bien sûr ! Et pourtant !

Et pourtant, ces récits me semblent très instructifs. Ils montrent l’attitude de Dieu, du Dieu Unique, du Dieu vivant aux prises avec les hommes faits de chair et de sang (et nous le sommes encore !). A mon avis, ces récits valent tous les manuels de morale ! Voir de telles situations… et se rendre compte de leurs dénouements…, c’est, me semble-t-il, plus précieux que tous les traités abstraits de morale qui donnent des principes précieux, certes, mais que personne ne lit (sauf les professeurs !).

On considère ces actes que commettent les hommes (aujourd’hui encore) et les conséquences qu’ils entraînent ; et alors on enrichit notre mémoire de tous ces récits pour éduquer ce que l’on appelle - dans la morale de la Somme théologique de St Thomas d’Aquin - la vertu de prudence qui est à la charnière des vertus intellectuelles et des vertus morales : La prudence est une lumière qui nous est donnée pour que notre liberté s’exerce dans une pleine lucidité !

Ces récits sauvages sont donc destinés finalement à nous guérir par avance. Ce sont comme des électrochocs qui obligent à entrer dans la pensée de Dieu… Ils nous amènent à une morale compréhensible par tout un chacun.

C’est ainsi qu’il ne faut pas avoir peur de certains récits sauvages que l’on trouve parfois dans la Bible ; ils nous font mieux comprendre alors les recommandations que Notre Seigneur nous donne dans l’évangile d’aujourd’hui : “Vous avez appris qu’il a été dit : « œil pour œil »… Et bien moi, je vous dis…“. Et Jésus nous a montré jusqu’où une vraie morale - une morale d’amour - peut conduire : sur une croix qui devient glorieuse le jour de Pâques.

Remarque : Dans cette perspective, je me permets une réflexion. Il est vrai que dans certains psaumes (formules de prière de toute l’Eglise !), on trouve des versets très durs, très vindicatifs. Certains veulent les supprimer comme indignes d’être prononcés par la bouche d’un priant ! Mais ces cris d’angoisse humaine et même de révolte, qui ne les reprendra pour les retourner en expression de cris de prière, de supplication vers celui qui a dit : “Mon Dieu ! Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?“, sinon le priant au nom de toute l’Eglise, au nom de toute l’humanité ?

(1) D’ailleurs, la capitale du Royaume du Nord change de lieu à chaque nouveau roi, ou presque. Après Sichem, ce fut Tirça un peu plus au nord, ensuite Samarie, avec une capitale secondaire : Yzréël, en bordure des monts de Samarie, en la plaine qui porte son nom (qu’on appellera aussi : Esdrelon). C’est une plaine très fertile : le nom d’“Yzréël“ veut dire : “Dieu sème“ ! Et c’est surtout en cette plaine que Dieu “sèmera“, si je puis dire, par bien des événements (comme celui d’aujourd’hui), pour éduquer son peuple !

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