jeudi 4 juin 2009

Mariage - T.O. 9 imp. Jeudi - (Tobie 6.10sv)

La lecture nous fait assister à un mariage ! Ce ne fut sans doute pas fréquent en cette chapelle des Visitandines, même si elles étaient sollicitées, comme bien des Communautés religieuses aujourd’hui, de prier à l’intention de futurs mariés ! Alors, faisons de même ! Prions pour les mariés, les familles.

Au moment de s'unir, ils consacrent un moment à la prière parce qu'ils ont conscience d'être "les descendants d'un peuple de saints". Or, ce qui est vrai pour les descendants des patriarches, l'est davantage encore pour des fils de l'Eglise qui appartiennent au peuple de Dieu, peuple saint par consécration, par vocation, quelles que soient les faiblesses et même les défauts des individus qui le composent.

Cette prière commence, comme toute vraie prière, par une élévation vers Dieu, une action de grâce. Le terme “action de grâces“ est particulier en hébreu. Il s’apparente au terme “holocauste“ qui signifie : “faire monter des choses qui montent“. Autrement dit : recevoir de Dieu ses dons qui normalement, parce qu’ils viennent “d’en-haut“ doivent remonter à leur source, vers Dieu ! Recevoir pour redonner ! Recevoir tout - et principalement cette puissance d’aimer – pour tout redonner. C’est la fonction “sacerdotale“ de tout baptisé. "Seigneur, Dieu de nos pères, que le ciel et la terre te bénissent, avec toutes les créatures". – “Qu’as-tu que tu n’aies reçu ?“, demandait St Paul. Et l’amour lui-même !

Et, justement, Tobie rappelle la création de l’homme et de la femme, qui est au principe de tout union.

Enfin, il affirme l'intention religieuse qu'il a en se mariant : "si j'épouse cette fille d'Israël,… c'est pour fonder une famille qui bénira ton Nom dans la suite des siècles". - Autrement dit, Tobie se marie pour obéir à la loi de Dieu et pour donner à Dieu une longue dynastie d'adorateurs, fruits de cet amour donné par Dieu-Amour. Si la théologie, à partir de Vatican II spécialement, a quelque peu évolué sur ce point, cette affirmation reste cependant valable “mutatis mutandis“. Ce qui n’empêche pas d’ailleurs Tobie d’aimer Sara très vivement, et réciproquement. A plusieurs reprises, dans les passages qui précèdent, nous voyons son impatience d'obtenir la main de cette jeune fille ; et comment comprendre cette impatience autrement que comme un signe d'amour très profond ? Mais cet amour vient de Dieu et doit retourner à Dieu comme une “action de grâces“ !

Et c'est dans cette pensée que nous pouvons rejoindre la prière de Jésus lui-même entendue les semaines passées, cette prière prononcée le Jeudi-Saint. Jésus disait : "Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui accueilleront leur parole et croiront en moi". A ce moment-là, Jésus pensait à nous tous. Mais il pensait bien davantage - on peut le supposer - à tous ceux dont la vie doit être un signe permanent d’unité, car il ajoute : “Qu’ils soient un“, comme il avait déjà rappelé qu’au matin de la création, Dieu avait créé l’homme et la femme pour qu’ils ne fassent plus qu’un. Et - chose extraordinaire -, Jésus prie pour que ce projet du Créateur s’épanouisse, au soir de notre vie, de façon plus merveilleuse : "qu'ils soient un, demande Jésus, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu'ils soient un en nous, eux aussi".

Et Jésus insiste : "Je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, pour qu'ils soient un comme nous sommes un". On sait que la gloire, dans la Bible, c’est la manifestation de Dieu lui-même, son rayonnement. Autrement dit, c’est en constatant l’unité des chrétiens et principalement l’unité de l’homme et de la femme que l’on doit pressentir Dieu lui-même qui est Amour ! Quelle vocation et quelle responsabilité ! "Qu'ils soient un, eux aussi, pour que le monde croie que tu m'as envoyé".

Car l’unité, le véritable amour doivent être avant tout comme des émanations de l’Etre même de Dieu. Plus que n'importe quelle démonstration, une telle unité, un tel amour sont des preuves discrètes mais puissantes qu'il existe un Dieu, un Dieu qui est Amour, un Dieu qui nous aime et en qui les chrétiens s'aiment les uns les autres. Et cela est plus signifiant pour ceux qui, par le mariage, ont la merveilleuse et difficile vocation de manifester la gloire de Dieu en transformant leur amour en un signe et un rejaillissement de l'amour divin.

C'est ainsi que Jésus conclut sa prière suprême: "Que leur unité soit parfaite ! Ainsi le monde saura que tu m'as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m'as aimé !". On comprend l’exclamation de St Paul : “Ce mystère est grand… ! Je le dis en pensant au Christ et à l’Eglise !“.

Humour : Avec plaisanterie, j’ajouterais : on m’a fait remarquer que si des deux mots hébreux “homme“ (“ish”) et “femme“ (“isha”), on enlève - avec respect, évidemment - les deux lettres : le “yod“ et le “hé“ qui forment le début du tétragramme divin (Yahwé) et que l’on fasse ensuite l’union de ce qui reste de ces deux mots (“homme“ et “ femme“), il en résulte le mot “éche“ qui veut dire « FEU ». Tant il est vrai finalement que sans la présence verticale de Dieu dans la relation horizontale de l’homme et de la femme, l’amour humain peut facilement devenir un “feu“ qui dévore ce dont il se nourrit ! Si je prenais cette remarque - simplement linguistique - comme thème d’une homélie de mariage, je me ferai certainement “étriper“. Heureusement le « Cantique des Cantique » - cantique nuptial - annonce déjà ce “Feu“ que le Christ voulait allumer sur la terre et qu’il nous est si difficile de répandre, ce Feu divin qui réchauffe corps et âme, en les épurant cependant comme un feu… et Oui !

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