mardi 9 juin 2009

La veritable communication. T.O. 10 imp. Mardi – (II Co. 1.18sv)

On le sait : la Communauté de Corinthe bien vivante, et parce que vivante, était traversée de divers courants provoquant divers remous, entraînant des relations parfois difficiles entre ses membres, entre la Communauté et St Paul, leur apôtre et évangélisateur ! Dans ce contexte, deux faits, semble-t-il, avaient compliqué la situation :
  • Paul n’avait pas rendu la visite qu’il avait promise : on l’accuse donc de manquer de parole !
  • Et en lieu de cette visite, il leur avait écrit une lettre dont certaines mises au point avaient sans doute été reçues très diversement…

Aussi, l’apôtre réagit ! C’est vrai, semble-t-il dire, même s’il y avait quelques incompréhensions entre nous, je voulais vous rendre visite pour vous manifester toute mon estime, mais une estime (une “grâce“, pourrait-on traduire) joyeuse dans le Christ !

Et St Paul d’élever immédiatement le débat comme toujours : car ma démarche n’était pas simplement humaine. Si elle avait été telle, il est vrai qu’on aurait pu la soupçonner de légèreté, de cette légèreté propre à la seule affectivité ou à la simple défaillance humaine. – Mais, dit-il, ce n’est pas le cas ; le langage que j’ai employé jusqu’ici n’a jamais été “oui“ et “non“. Pourquoi ? Parce que ma parole s’est toujours inscrite dans la Parole du Christ - “Verbe de Dieu“ -, Parole qui est toujours un “OUI“ à Dieu son Père ! C’est ainsi que toutes les promesses de Dieu - telle sa promesse d’être un “Dieu avec les hommes“, pourrait-on commenter - ont trouvé leur “Oui“ en la personne du Christ, Dieu fait homme !

Or c’est lui, dans le Christ que je parle, que mes promesses s’inscrivent. C’est par le Christ que je dis, moi aussi, notre “Amen“ commun, notre “Oui“ pour la gloire de Dieu. Voilà mon langage, celui-là même que le Christ nous recommandait : “Quand vous parlez, dites “Oui“ ou “Non“ ; tout le reste vient du Malin !“. (Mth 5.13). -- Finalement, c’est toujours le même principe chrétien : parler dans le Christ, avec lui, en lui !

Aussi, est-il juste de soupçonner St Paul d’indécision, de petits calculs humains, lui qui a toujours parlé avec la franchise et la fermeté du Christ lui-même qui est l’“AMEN“, “le témoin fidèle et véritable“ (Apoc 3.14), en qui il n’y a pas de compromis, qui n’inspire aucun faux-fuyants… ?

Autrement dit, pour Paul, le Christ est plus que son modèle. (“Pour moi vivre, c’est le Christ“). Aussi veut-il s’exprimer avec la droiture et la ferme affirmation du Christ à propos des promesses de Dieu lui-même à l’égard de tout homme, à l’égard des Corinthiens. Quand Paul parle, c’est le Christ qui parle aux Corinthiens en qui, dit-il, “l’Esprit de Dieu habite !“. Il n’y a donc aucune duplicité possible puisque “celui qui nous donne, dit-il, cette véracité avec vous, c’est Dieu qui nous a marqué de son onction par son Esprit“.

C’est un idéal chrétien qui nous est proposé là ! Parler à ses frères comme le Christ lui-même parlerait ! Nos échanges n’en serait-il pas meilleurs ?

Et puis, il est très réconfortant que ce langage d’échanges proposé par St Paul soit trinitaire et prophétique : ce sera, au jour de l’Eternité, notre langage à l’intérieur des relations entre les trois Personnes divines : Le Père donnera son Onction, comme dit l’Apôtre, en nous unissant à son Fils par le lien de son Esprit déjà répandu en nos cœurs ! Notre parole sera alors parfaite au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit !

Aussi, Paul termine : ce n’est donc pas par versatilité ou manque d’affection réelle, mais par délicatesse dans le Christ que j’ai modifié le projet de mon voyage. Si je ne l’avais pas fait, j’aurais pris le risque - à cause des circonstances que vous savez (et dont je vais m’expliquer) - de prendre une attitude que l’on n’aurait pas comprise et d’anéantir ainsi notre amical dialogue dans le Christ, ce dialogue qui s’exprime déjà quand tous ensemble nous répondons “Amen“ aux prières liturgiques - ce mot qui est une louange à la véracité de Dieu qui, lui, ne peut mentir (“Il ne peut y avoir de mensonge de la part de Dieu“ (Heb. 5.18). Aussi, il est impensable qu’un envoyé du Dieu fidèle mente ou dissimule, même en matière profane (Cf. Gal 1.20 ; II Co. 11.31 ; Rom 9.1 : “Je dis la vérité dans le Christ ; je ne mens pas !“). Et s’il y a un changement d’attitudes ou de paroles (comme celui de différer une visite), c’est toujours normalement pour un chrétien en vue d’un bien supérieur : mieux transmettre la Parole du Christ, “Verbe de Dieu“, qui ne peut mentir !

Comme il est bon de nous souvenir de tout cela à l’occasion de nos échanges !

N.B. : “Amen“ : La racine du mot (hmm) signifie : stabilité, solidité ; elle évoque l’idée de soutien, d’appui, de support durable (Cf. Deut 7.9 ; 32.4 ; Is. 49.7 etc…). Il est à remarquer d’ailleurs le jeu de mots en Is. 7.9 : “Si vous ne croyez pas (ta’ aminu), vous ne subsisterez pas (té’ aménu)“, vous ne pourrez être stables et dans vos attitudes et paroles et donc en votre foi).

Selon certains exégètes, le premier emploi transitif (qal) et profane de cette racine hébraïque signifie : porter un nourrisson (Cf. Nomb. 11.12… Is. 49.23) : le petit enfant s’appuie sur les bras qui le soutiennent, s’abandonne à leur protection, reçoit les soins de la nourrice… Ce sens évoque l’attitude requise par Jésus pour entrer dans le Royaume des cieux : “devenir comme de petits enfants“. La foi qu’exprime ce mot “Amen“ consiste à se tenir ferme en vertu de la relation à une autre personne, le Christ, et à se relier solidement à elle, en lui faisant confiance par un “Amen“ de toute la vie.

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