mardi 23 juin 2009

Foi et pauvreté – T.O. 12 Imp. - Mardi - (Gen. 13.2 sv.)

Abraham, notre “Père dans la foi“, reçoit l’appel de Dieu : “Pars de ton pays… vers le pays que je te ferai voir“ (Gen 12.1) ! En mot-à-mot, il faudrait traduire : “Pars pour toi“, pour ton épanouissement, ton bonheur !

Et Abraham part. Il arrive au pays de Canaan (Gen 12.7). Or, il y eut une famine dans le pays ! Curieuse coïncidence ou épreuve de la foi ? C’est que Dieu donne ; et il donne toujours. Mais il donne au-delà de ce que nous peut penser, imaginer humainement. Et comme pour nous faire percevoir un bien divin, inimaginable, il promet par-delà des apparences qui paraissent très contradictoires.

C’est souvent la “pédagogie“ de Dieu à l’égard de l’homme trop terre-à-terre ! Il donne à Abraham un pays ; or, en ce pays, il y a la famine ! Curieux don ! - Les hommes demandent du pain ; et Dieu donne une mystérieuse nourriture que les Hébreux appelle “manne“, ce qui veut dire : “qu’est-ce que c’est ?“. Car c’est une nourriture qui vient non d’en bas, de la terre, mais d’en haut. - Les hommes ont faim. Et Jésus, tout en multipliant pain et poisson, leur promet “le Pain de Vie qui vient du ciel“ : il veut se donner lui-même en nourriture. Et la réaction est la même : “qu’est-ce que cela veut dire ?“. Tant il est vrai que ce n’est que dans la foi que l’on peut comprendre et accueillir le “Don de Dieu“, une foi qui corrige nos yeux de myopes trop rivés sur les choses de la terre. - Les exemples sont nombreux : à un paralytique qui se présente pour être guéri, Jésus lui dit d’abord : “Tes péchés son pardonnés !“. On n’est pas tout à fait sur le même “registre“, si je puis dire ! En nous sommes toujours tentés d’être déçu et de nous éloigner !

Et il est dit qu’Abraham quitte le pays que Dieu lui a promis et va en Egypte ! Et là, il y a un épisode curieux (Gen 12.10sv) qui se répète deux fois dans la Bible (Gen 20 et 26). Par crainte d’être tué à cause de Sara son épouse qui était très belle (v/11), il la fait passer pour sa sœur. Les exégètes sont très partagés sur le sens de cette pratique.

Peu importe d’ailleurs. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’Abraham, sans doute comblé par le pharaon (peut-être à cause de la méprise sur l’identité réelle de Sara) revient très riche au pays de Canaan. Aussi, il y a cette phrase remarquable : “Ils (Abraham et son neveu Loth) avaient de trop grands biens pour pouvoir vivre ensemble“ (12.6). Ce sera souvent un refrain dans la Bible : l’amélioration du “standing de vie“ ne résout pas tous les problèmes de la condition humaine ! D’ailleurs, la richesse est souvent encombrante. Et plus on est riche, plus on a tendance à se “recroqueviller“ sur son avoir, sur soi-même. Car plus on est riche, moins on a envie de partager, l’autre, quel qu’il soit, apparaissant facilement comme un gêneur potentiel.

Alors, Abraham et Loth décident de se séparer ! C’est toujours triste une séparation surtout quand la raison n’est pas très glorieuse : “Nous n’allons pas nous disputer, se disent-ils ; nous sommes frères !“. Et Abraham, magnanime, propose : “Si tu vas à droite, j’irai à gauche ; si tu vas à gauche, j’irai à droite !“. Loth va vers une région alors paradisiaque. (L’oncle est très gentil ; je l’aime bien ; mais, les affaires sont les affaires, n’est-ce pas ?). Abraham va donc vers une région plus austère.

Certes, la pauvreté n’est pas à rechercher pour elle-même. Etre pauvre, ce n’est pas enviable. Je n’ai encore jamais rencontré un pauvre qui me dise le contraire ! - Mais il faut aussi savoir être riche des biens dont on sait pouvoir se passer. Car cette sorte de richesse-là contient le secret de l’espérance. Elle nous fait refuser facilement ce qui est de l’ordre du fini pour nous ouvrir à l’infini. Et cette sorte de richesse est acquise non pas spécialement en vidant nos mains, nos têtes, nos cœurs (comme dit Madeleine Delbrel), mais en creusant nos mains, nos têtes, nos cœurs en vue du Royaume de Dieu qui ne passe pas !

Rappelons-nous la réflexion de l’évangéliste à propos du jeune homme riche : Jésus le regarda et l’aima. Mais lui, tout triste, s’en alla, car il avait de trop grands biens ! Tant la richesse des biens de ce monde peut éloigner si facilement et de Dieu et de nos frères !

Mais pour comprendre cette leçon, il nous faut la foi d’Abraham qui lui a permis de surmonter l’épreuve d’une famine, d’une pauvreté. Et alors, même devenu riche par la suite, il était resté avant tout un “mendiant de Dieu“ !

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