samedi 6 juin 2009

Homélie : Notre-Dame de Charité (Bon Pasteur) – Jubilé de trois Religieuses.

L’Église aime bien regarder Marie, mère de Jésus. Elle voit en elle la fleur de l'humanité. Elle a bien raison ! Aussi aime-t-elle faire mémoire de Marie le Samedi de chaque semaine. Car c’est avec elle, en elle, que nous pouvons regarder notre vie consacrée à Dieu depuis notre baptême, depuis notre profession religieuse !

Une littérature mariale ambiguë nous la présente toujours venant du ciel. Et, facilement, on a donné à Marie - très légitimement, certes - les plus beaux titres de gloire ! (cf. litanie de la Vierge Marie).

Cependant, je voudrais ajouter un titre qu’on ne trouve pas facilement, un titre un peu étonnant mais si réel. Ce titre serait celui-ci : “Marie, femme de la terre !”.
  • Celle que toutes les générations appellent “bienheureuse” a été d'abord cellule minuscule, fruit de l'amour de ses parents : mystère de la conception voulu par le Créateur. Comme pour nous !
  • Elle a été embryon vivant, tissé cellule après cellule, dans le sein d'une mère : mystère de la naissance ici-bas destinée à s’épanouir en naissance au ciel ! Comme pour nous !
  • Celle que la terre et le ciel proclament “bienheureuse et bénie” a été ce bébé fragile, ébloui par la lumière du jour, entièrement confiante en ses parents. Merveilles de l'éducation en même temps que merveille des grâces divines reçues jour après jour ! Comme pour nous !
  • Petite juive de Palestine, elle grandissait dans l'espérance et la solidarité du peuple de l'Alliance. Elle vivait avec lui, comme lui.
Elle était solidaire de ses compatriotes qui travaillaient dur pour vivre ou qui cherchaient, angoissés, de quoi survivre. Elle les aimait ; elle partageait leurs joies, leurs inquiétudes et leurs peines, toujours prête à rendre service. Et c’est ainsi qu’elle pourra alors dire “oui” à la demande de l'ange. Merveille de vocation ! Comme pour nous !

Elle aimait voir sont fils Jésus travailler avec Joseph, parce que lui aussi avait voulu être pleinement “fils de la terre”. Elle sera peinée de le voir se détacher d’elle comme toutes les mères quand leurs enfants grandissent. Mais elle apprenait ainsi que sa famille, son peuple, c’étaient tous les “fils de la terre” :

“Qui sont mon père, ma mère, mes frères, mes sœurs ?… ”, demandera un jour Jésus. Sa famille, c’était tout le peuple de Dieu, dans barrières sociales… : Mystère de communion ! Comme pour nous !

Et maintenant, Marie est devenue “parfaite image de l'Église à venir, aurore de l'Église triomphante” (préface). Aussi l'Église aime présenter à l'humanité entière le signe de cette “femme de la terre“ élevée désormais dans la gloire du ciel, transfigurée par la résurrection de son fils Jésus. A la suite du Christ, premier de cordée, Marie est la première sur le chemin de la Résurrection.

Oui, élevée dans la gloire du ciel, Marie est “l'image parfaite de l'Église à venir”. Ce qu'elle est, nous le deviendrons. L'aurore qui l'éclaire, éclaire déjà l'humanité. En contemplant Marie, l'humanité peut découvrir ce qu'elle deviendra elle-même. Avec Marie, elle peut déjà se préparer à cette transformation et chanter son Magnificat ! “Mon âme exalte le Seigneur, son amour s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent... Il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères...”. (Luc 1, 39-56).

Malgré les difficultés d’ici-bas, l’Espérance et la louange ne devraient pus nous quitter. Une espérance qui toujours nous engage dans un réel combat spirituel jusqu’au terme. Nous sommes sûrs du chemin, du sommet et du guide ; mais nous ne sommes pas encore arrivés. Nous sommes sûrs de la victoire du Christ sur toutes les forces du mal ; mais actuellement encore, ces forces font rage dans tous les domaines.

L’Apocalypse nous présente une femme qui porte la vie, menacée par un dragon rouge feu voulant dévorer l'enfant : dragon de la violence et de l'intolérance, de la maladie et de la mort ; dragon d'un système économique dévoreur d'hommes et d'innocents... Et que sais-je encore ? Les forces de vie sont sans cesse menacées. Mais le dragon ne pourra rien contre cette “femme de la terre“ qui donne la vie et guérit les cœurs blessés.

Aussi Marie nous invite toujours à rejoindre notre Dieu libérateur qui veut renverser ceux qui dominent au lieu de servir, ceux qui accumulent au lieu de partager, à rejoindre notre Dieu Libérateur qui élève et éduque les humbles, nourrit les affamés et guérit les cœurs blessés.

Oui, en ce jour anniversaire de professions religieuses qui rappellent à tous notre engagement baptismal, gardons espérance ferme, une espérance qui éclaire le chemin et l’horizon, une espérance qui engage à “tenir bon jusqu’au terme“, comme dit St Paul, face aux adversités que nous pouvons rencontrer. – Et il est toujours urgent de nous aider les uns les autres en nous souvenant sans cesse de cette “femme de la terre“ qui nous donne le secret du ciel : “Faites tout ce que mon fils vous dira“ !

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