4ème Avent C 12-13 -
Au cours de son
entretien avec l'Ange Gabriel, lors de l'Annonciation, Marie apprend que sa
cousine Elizabeth va, elle aussi, enfanter dans sa vieillesse.
Marie, alors,
semble n'avoir plus qu'une pensée : sa cousine, en de telles circonstances, a besoin
d'elle. Et aussitôt, nous dit St Luc, “elle
partit en grande hâte vers le Haut-Pays de Judée“.
(Par amusement, je
vous dirais que tout enfant, j’avais entendu le curé de la paroisse dire avec
force : “elle partit en grande diligence“. Aussi, intérieurement,
j’encourageais : “Et fouette, cocher !“).
“elle partit en grande hâte…“.
- Elle n'a égard ni
à ce qu'elle est, ni à celui qu'elle porte..., elle part !
- Sans regrets
apparents et sans hésitation, elle abandonne sa retraite de Nazareth où
l'Ineffable s'est accompli ! Elle part !
- La longueur et
l'incommodité du déplacement ne la rebutent pas; elle part !
Retenons cet
exemple de service, tant il est vrai que plus Dieu se fait proche, plus on se
fait proche de ses frères !
Elle part vers
les régions montagneuses de la Judée ; c'est là une précision géographique,
qu'avec finesse symbolique, St Ambroise réinterprète : "Celle qui est déjà remplie de Dieu, vers où pourrait-elle se
diriger avec empressement, sinon vers les hauteurs ?" Oui, avec Dieu,
la vie ne cesse d'être une montée.
La première
caractéristique de cette visite, c'est qu'elle s'effectue dans la pure
spontanéité humaine. Le geste de Marie est d'une grande liberté humaine !
- Marie ne se plie
pas à un événement politique - comme ce sera le cas au moment de la nativité de
Jésus où elle obéira à un édit de l'empereur -.
- Marie n'obtempère
pas non plus à un ordre divin - comme pour la fuite et le retour d'Egypte -.
- Marie ne se
conforme même pas à une prescription de la Loi - comme pour la présentation de
Jésus au Temple -.
Marie se dirige
vers les hauteurs, vers sa cousine parce que, simplement, elle veut répondre au
besoin d'être là où il y a à servir.
Demandons à Marie
cette spontanéité dans nos divers services fraternels. Que nos gestes de solidarité
ne soient jamais obligation ou calcul d'intérêts !
Et, lors de la
rencontre, Marie et Elisabeth ressentent le besoin de pouvoir chanter la
Miséricorde du Seigneur : "Comment
ai-je ce bonheur…?" s'exclame Elisabeth - "Mon âme exalte le Seigneur…" chante Marie.
Car cette visite de
Marie à sa cousine, cette rencontre des deux femmes leur rappelle la visite
de Dieu à chacune d'elles. St Luc le souligne : c'est en liaison avec la
manifestation de Dieu à Marie et à Elisabeth que s'accomplit la visite de Marie
qui se hâte vers les hauteurs du pays de Judée.
Et toutes les
visites, toutes les rencontres dont l'Evangile de Luc est émaillé ne sont,
finalement, que l'explicitation multiforme de la visite de Dieu aux hommes.
Apprenons de ce passage de la "Visitation", apprenons nous-mêmes à
voir en toute rencontre, une manifestation de la visite du Seigneur en nos
vies. Notre existence personnelle et collective en serait transformée !
Remarquons
d'ailleurs que la visite de Marie à sa cousine est bien à l'image de celle
que Dieu s'apprête à faire aux hommes en s'incarnant : puisque c'est la
plus grande qui se dérange, la plus digne qui vient servir, portant en elle
celui qui est venu pour servir et non pour être servi.
Et Elizabeth est
bien consciente de l'aspect inouï de cette démarche : "Comment m'est-il donné que vienne à moi la Mère de mon Seigneur
!" Quelle leçon Dieu lui-même nous donne! Et Marie également ! A nous
qui, trop souvent, attendons que l'on fasse envers nous le "premier
pas"!
St Luc termine le
récit de la Visitation en signalant que Marie demeura près d'Elizabeth environ
trois mois au terme desquels elle
retourne chez elle.
Ainsi Luc tient-il
à signaler discrètement qu'au moment précis où la joie de la naissance
miraculeuse va éclater dans le petit pays de Judée, Marie ne sera déjà plus là
! Dès lors qu'Elizabeth arrive à son terme, le service de Marie s'achève.
Tant qu'il y avait
à servir, elle était là ; quand il n'y a plus qu'à se réjouir, elle s'efface et
rentre dans un silence et une solitude qui sont comme sa patrie. Toute la vie
de la Vierge sera comme sous le signe de cette sorte de dialectique : du
service à la solitude, de la présence aux besoins des hommes à l'attention à la
présence invisible de Dieu. Un exemple encore à méditer !
Située entre
l'Annonciation et la Nativité, la Visitation est pour nous une exhortation à
préparer la venue du Seigneur en imitant dans nos vies ce que Marie manifesta
ce jour-là : à savoir que tout entiers à Dieu, il nous est possible aussi
d'être totalement disponibles aux hommes. La visite de Dieu ne saurait mieux
être préparée que par celle que nous consentons à nos frères.
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