Avent 2 Jeudi 12-13 - (Is
48.17-19 – Mth 11.16-19)
- “Je
suis le Seigneur ton Dieu qui te donne un enseignement salutaire… Si tu avais
été attentif !... “. Mais tu ne l’as pas été… ! Tu n’as pas écouté !
- Les prophètes ont parlé… Et le plus grand
d’entre eux - Jean-Baptiste - a parlé, a désigné le Messie… ! Mais on l’a
tué pour avoir prononcé des paroles de vérité !
- Le Christ est venu, lui le “Verbe de
Dieu“, la “parole de Dieu“. Mais “il est
venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu !“ (Jn 1.12).
Quelques réflexions seulement, aujourd’hui, sans rédaction véritable, faute de temps - veuillez m’en excuser - ! (la préparation de Noël en est la cause !!!)
“Faites
donc attention à la manière dont vous écoutez“, recommandait St
Luc (8.18). Savoir écouter !
Ecouter, c’est toute une attention et du corps et de l’esprit et de l’âme !
Frossard disait à propos de Jean-Paul II : “Il écoute si bien que l’on a l’impression de dire des choses intéressantes !“.
Faire toujours attention en toutes
choses à accomplir est la meilleure disposition pour la prière.
Car la prière est d’abord faite d’attention.
C’est l’orientation vers Dieu de toute l’attention dont l’âme est capable. La
qualité de l’attention est pour beaucoup dans la qualité de la prière. La
chaleur du cœur et encore moins la mobilisation de l’affectif ne peuvent y
suppléer. Seule la partie haute de l’attention entre en contact avec Dieu quand
la prière est assez intense et pure pour qu’un tel contact s’établisse. C’est
alors que toute l’attention est tournée vers Dieu. Je crois que c’est l’élément
premier de la prière.
Aussi s’habituer à porter attention à
toutes choses est une grande préparation à la prière. Simone Weil (la philosophe !) remarquait :
quand bien même les efforts d’attention
resteraient en apparence stériles pendant des années …
(et nous pouvons
penser à Ste Thérèse d’Avila qui resta, si j’ai bon souvenir, pendant dix-huit
ans en grande “sècheresse“ durant les temps de prière, elle pourtant l’amie de
St Jean de la croix que nous fêtons aujourd’hui !)
… un jour une lumière exactement
proportionnelle à ces efforts inondera l’âme.
Et elle ajoutait avec humour : “Les efforts inutiles accomplis par le Curé
d’Ars, pendant de longues années douloureuses, pour apprendre le latin, ont
porté tous leurs fruits dans le discernement merveilleux par lequel il
apercevait l’âme même des pénitents derrière leurs paroles et même derrière
leur silence“.
“Faites
donc attention !“, disait St Luc. Faire toujours attention en toutes
choses pour mieux savoir écouter au moment voulu !
D’ailleurs, dans la Tradition biblique,
on ne voit pas, on écoute ! L’acte de foi, c’est le “Chema Israël !“ – “Ecoute Israël !“.
Et il faut préciser que Dieu a parlé à Moïse. Et celui-ci ensuite au peuple d’Israël !
Il ne s’est donc pas révélé visuellement à lui. Non ! Il a parlé
seulement. - “Ecoute Israël !“.
Bien plus, selon la tradition juive, tous les hommes auxquels Dieu s’adresse (et ils sont plus nombreux qu’on ne le pense) n’ont entendu un message - ou vu des scènes
prophétiques, (comme
Ezéchiel !!!)
- qu’en rêve. Seul Moïse était éveillé : “Je lui parle face à face dans l'évidence,, dit Dieu, non en énigmes ; et il voit la forme de Dieu“. C’est une incitation à écouter surtout l’Envoyé de Dieu, “plus grand que Moïse“, le Christ, car “nul n'a vu le Père, si ce n'est celui qui
vient de Dieu. Lui, il a vu le Père“ (Jn 6.46).
Faire
toujours attention, même durant
la nuit aux moments des insomnies (et parfois elles son nombreuses avec l’âge qui avance, n’est-ce
pas). Il faut
être attentif, car Dieu peut parler dans le silence de la nuit !
J’aime bien
ce passage du livre de Job (4.12sv), à propos d’Eliphaz :
“À l'heure où les visions nocturnes agitent les pensées, quand une
torpeur tombe sur les humains, un frisson d'épouvante me saisit…, un souffle glissa sur ma face.. Quelqu'un se dressa... je ne reconnus pas
son visage, mais… un silence... puis une voix se fit entendre !“.
Oui, dans le
silence de la nuit, les messagers divins se promènent. Tout comme il n’y a pas
de vide dans l’espace, il n’y a pas davantage de vide dans le silence.
Simplement, il faut à l’homme une grande oreille (être attentif !) pour
capter le flot d’ondes et d’informations que Dieu peut nous envoyer. Dieu ne
nous parle pas moins qu’au temps de la Bible, mais notre faculté d’écoute est
peut-être moindre ! Ce texte du livre de Job me fait penser également au
prophète Elie qui, à l’Horeb, entendit Dieu “dans
une poussière de silence“, ou “dans l’éclatement
d’un silence“. Il faut pour cela avoir une oreille très fine !
Mais, il
faut encore le savoir : les hommes (nous-mêmes parfois) ont inconsciemment peur d’entendre la voix divine. Moïse lui-même se
détourne la première fois que Dieu, au buisson ardent, lui adresse la parole.
Et Eliphaz dont j’ai parlé, qui a vécu, en rêve, une expérience sans doute unique
d’écoute de Dieu, est véritablement terrorisé “dans le flot de pensées des visons nocturnes“, dit-il.
Il n’empêche :
en ces jours qui nous préparent à fêter le “Verbe de Dieu“ qui “a pris chair“,
exerçons notre attention pour mieux l’écouter et, par lui, formuler une
véritable prière : “Abba – Père !“.
Et je
terminerai par cette réflexion entendue un jour :
“Quand les choses ont pris le
temps d’exister,
quand les premiers cheveux gris
se laissent dépister (même chez des religieuses),
quand l’école est un souvenir
lointain, perdu dans la conscience,
alors, on a suffisamment d’expérience
pour savoir que l’écoute
est plus nécessaire que le
conseil
et plus difficile que la parole“.
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