18 Décembre 12-13 -
- Marie attend son enfant ! Joseph est
étonné ! Mais il reste silencieux, tout en méditant l’évènement ! A l’exemple
sans doute - sans trop s’en rendre compte - de Marie qui souvent “méditait en son cœur“, nous dit St Luc.
- L’Ange apparaît demandant à Joseph de ne
pas craindre de prendre Marie chez lui ! Joseph ne demande aucune
explication. Même pas une question comme Marie : “Comment cela se fera-t-il ?“. Il écoute, lui, en silence !
- Quand la vision s’évanouit, “Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui
avait prescrit“…, en silence !
Le
silence de Joseph !
Il est très difficile de parler de St
Joseph, lui qui ne parlait pas : nous n’avons aucune parole de lui !
On peut se demander si Jésus n’avait pas voulu
avoir sur terre comme une “image“, en quelque sorte, de son Père du ciel, de
Celui qui n’a pas besoin de “paraître“,
de Celui qui “EST“ ? Et cela suffit : “JE SUIS“ !
Ainsi, Joseph,
ce grand silencieux, nous invite à ajuster sans cesse nos diverses attitudes à ce que nous sommes en réalité - être ce que l’on
est ! - afin que les grâces reçues (des grâces reçues pour être ce que l’on
doit être)
soient de plus en plus manifestes et non cachées sous des apparences
trompeuses, trop humaines… et souvent non sans fatuité. Pour cela, il nous faut
le silence qui n’est réel qu’une fois le “Moi apparent“ exorcisé… ! Peut-être
que pour “recevoir“ Dieu, il ne faut être que pur accueil silencieux!
Il n’y
a qu’un idéal chrétien : devenir de plus en plus - et souvent
silencieusement - ce que nous devons
être, ce que nous sommes : “Mes bien-aimés, disait St Jean, dès à présent, nous sommes enfants de Dieu…“. Et
lorsque le Christ apparaîtra “nous lui
serons semblables, puisque nous le verrons tel qu’il est“. (I Jn 3.2). C’est notre
vocation de baptisés : être
de plus en plus, en tant qu’enfants de Dieu, “à son image et à sa ressemblance“,
de sorte que cette réalité soit manifeste même sans paroles et surtout sans artifices, ces artifices
qui ne sont que paroles pour ne rien dire : un affront à la fois au
silence et à la parole !
Et
puis, je pense que St Joseph avait bien perçu que les grandes actions de Dieu se
réalisent plutôt dans le silence que dans le bruit : l’avènement de
l’Emmanuel - Dieu parmi les hommes - ne devait-il pas s’accomplir alors qu’“un silence paisible enveloppait tous les
êtres et que la nuit était au milieu de sa course…“. L’Eglise a toujours
attribué ce verset du livre de la Sagesse (18.14) à l’accomplissement du mystère de
l’Incarnation.
Certes,
le silence en soi n’est pas un but ! Certains n’aiment pas “se
montrer“, “s’avancer“, “paraître“. Il ne s’agit pas là, obligatoirement, d’une
grande vertu. Ce peut être tout simplement l’effet d’un tempérament.
Mais il
reste que si le silence n’est pas en soi un but, il peut être un excellent
moyen d’acquérir, de façon plus habituelle, une relation avec Dieu et
l’entretenir. Le silence établi autour
de soi et surtout en soi, ce silence qui évacue tous ces bruits évanescents et
sans consistance, est une condition pour acquérir un “cœur qui écoute“, comme dit St Luc, un cœur capable d’accueillir
la Parole, le “Verbe de Dieu“, à l’exemple de St Joseph. C’est alors que la
prière - ce dialogue cœur à cœur avec
Dieu -, peut s’établir.
Sachons-le encore : on ne traite jamais mieux avec Dieu que dans le
silence ! Car il faut savoir que si Dieu aime à parler au pauvre cœur
de l’homme, il n’est pas dans ses habitudes de bavarder avec lui ! Dieu
“qui Est“ n’a pas besoin de paraître psychologiquement parlant.
Et c’est
bien connu : ceux qui n’ont pas de consistance dans l’être font beaucoup
de bruit ; et ceux qui font beaucoup de bruit n’ont souvent que peu de
consistance dans l’être. En tous les cas, Dieu est “Celui qui Est“ (1). Et il y
a comme une proportion inverse entre l’être et le paraître. Dieu “qui Est“ n’a nul
besoin de paraître. Il ne l’a fait en Jésus-Christ que par condescendance
amoureuse envers l’homme. Et si nous vivons trop au plan du paraître, on risque
alors de faire comme si Dieu n’existait pas, trop distraits que nous sommes
alors par les apparences. Pour être en communion avec Dieu, il faut avoir un
minimum de ressemblance avec Lui, Lui qui est l“Etre“ ! Il faut passer
du paraître à l’Etre. La vie monastique, en général, nous y aide quelque
peu : le silence tant demandé par St Benoît (silence extérieur et silence
intérieur)
devient une manière de vivre avec Dieu, avec Dieu seul, de ne voir que Lui en
toutes choses ou évènements. Comme Joseph, le Silencieux ! Et cela
suffit !
C’est
vrai : si le silence n’est pas un but en soi, Il est… - on peut le dire en ce temps qui nous prépare
à Noël - …il est comme un berceau, une crèche pour accueillir la “Parole de
Dieu“, qui s’est faite “Parole d’homme“, “Verbe de Dieu“ fait chair.
Le
silence n’est alors que écoute de la Parole
méditée
dans le “livre de Dieu“, la Bible,
chantée
tout au long des offices,
adorée
et reçue dans l’Eucharistie !
Et puis
une âme de silence - c’est évident - entretient en elle-même, plus
facilement, un esprit de charité fraternelle. C’est quand elle surgit d’un
silence profond que la parole est plus ajustée pour entretenir des relations
humaines en la relation avec CELUI QUI
EST et qui ne se révèle que par une seule Parole, son Fils Unique : “Ecoutez-le !“. C’est la seule
parole que Dieu-Père nous dit ! Les paroles qui n’ont pas leur source en
cette “Parole de Dieu“, “Verbe fait chair“ pour être “Lumière du monde“, ne
font qu’augmenter les ténèbres !
St
Joseph, priez pour nous ! Que votre silence admiratif devant l’“Emmanuel“
nous aide à “être“ et devant
Dieu et devant les hommes, plutôt que de “paraître“ !
(1) L’interprétation grecque n’est pas tellement différente de l’interprétation
hébraïque : “O ôn“ = “Celui qui Est…“
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