C'est dans la nuit que le Fils de Dieu, "Lumière née de la Lumière", a pris corps d'homme!
Et dans la nuit où il fut livré, Jésus prit du pain et dit : "Ceci est mon Corps".
De la crèche à la croix, Dieu est entré dans la nuit des hommes afin qu'ils puissent sortir, au matin de Pâques, de la nuit du péché et de la mort même.
Certes, autour de la crèche,
il y a les anges qui chantent,
les bergers qui sont tout esbaudis devant l’Enfant-Dieu,
il y aura les rois de la terre
qui viendront adorer !
Mais tout près, il y a Hérode et
le massacre des innocents ! Il y a toute l’humanité pétrie d’égoïsme,
assoiffée de domination, et toujours prête à répandre le sang.
Près de la crèche, il y a déjà la
croix ! Oui, Jésus
vient dans la nuit des hommes !
Et en pensant au Saints
Innocents, je me reporte facilement à la statue du cloître de Solesmes qui
présente Marie portant en ses bras une croix sur laquelle est couché
l’Enfant-Dieu ! Représentation assez rare, mais très biblique et
signifiante de la mission du Fils de Dieu fait homme !
La crèche n’est pas qu’un décor
touchant. L’incarnation du Fils de Dieu ne se poursuivra qu’en traversant le
mal que l’homme fait à l’homme, fusse-t-il un enfant innocent.
Ainsi, les
promesses de la nuit de Noël : “aujourd’hui
vous est né un sauveur”, ne seront pleinement réalisées qu'en la nuit du
calvaire : “Celui-ci était vraiment
le Fils de Dieu !”, s’exclamera le centurion.
Mystère qu’il nous faut vivre
souvent dans la foi qui se fait alors, là, silence avide de Dieu !
En la nuit du Calvaire, Jésus se
taira comme il est silence en la nuit de Bethléem.
- A ceux qui disent : “Jésus est trop homme pour être Dieu”, Jésus ne répond rien. Et Pilate continue à se laver les
mains !
- A ceux qui disent : “Jésus est trop Dieu pour être homme”,
Jésus ne répond rien. Et les gens en place mettent, par peur, leur police à la
recherche d’un enfant innocent ou pour garder le corps d’un crucifié.
Jésus, lui, donne, se donne silencieusement pour
nous laisser découvrir, dans la foi, ce que veut dire de la crèche à la
croix : “Il fallait qu’il soit Dieu
pour être tellement homme”.
Oui, Jésus est passé de la nuit de
Bethléem à la nuit du Vendredi Saint pour que l’humanité, au matin radieux de
Pâques, sorte de la nuit du péché et du crime des innocents. Et la nuit de
Bethléem, c’est déjà l’aurore du matin de la résurrection ! Tous les
“Saints Innocents“ nous le rappellent !
Alors, quel doit être notre
attitude devant les innocents que l’on massacre en silence ? Devant ces
mystères de silence, il nous faut d’abord nous pénétrer, silencieusement, de la
présence silencieuse du Christ.
C’est l’invitation de l’Eglise
depuis Noël, depuis Pâques.
Regardez ! Et n’est-ce pas
là l’important : autant à Noël qu’à Pâques, le prêtre va prendre du pain
et, en la place du Christ, dira : “prenez,
ceci est mon Corps !”. Autant à Noël qu’à Pâques ! La fête des
Saints Innocents nous redit en même temps que Dieu a pris corps d’homme pour
qu’il soit livré en vue du salut de la multitude des hommes !
Et aujourd’hui, c’est dans la
pauvreté mystérieuse d’un même “signe”
- que le Christ nous donne son
corps d’Enfant-Dieu né à Bethléem - mot qui signifie : “maison du pain“ -,
- que le Christ nous donne son
Corps glorifié au matin de Pâques
pour qu’il devienne “pain partagé“, pain que nous avons à partager autant dans le
mystère de Noël que dans celui de Pâques !
Et si, avec les bergers de
Bethléem, nous reconnaissons en ce corps d’un bébé le Fils de Dieu, vrai Dieu
né du vrai Dieu, alors, pourquoi Dieu serait-il incapable de faire ce qu'il dit
: “Ceci est mon Corps” ?
Cette nouvelle présence
mystérieuse et cachée, manifestée en la nuit où il fut livré, ne lui est pas
plus difficile qu’en la nuit de Bethléem !
Toute la question est là :
En la fête de Noël, allons-nous célébrer un vieil événement ; ou bien,
sommes-nous venus recevoir et partager le “signe”, le “sacrement”, le “pain“ de
la présence de Jésus-Christ venant toujours pour le salut et des assassinés et
des assassins, tous ceux-là nos frères ?
Il nous faut désormais “partager
le pain” que le Christ nous donne, ce pain qui est don de sa vie en nous ? Depuis
Noël, depuis Pâques, sachons-le avec St Paul : désormais, "vous êtes le corps du Christ".
Par le Baptême et l'Eucharistie, nous ne faisons plus qu'un avec le Christ ;
c'est son incarnation rédemptrice qui se prolonge par et en nous ! Ce doit
être notre évangélisation, à la fois ancienne et nouvelle !
Voilà ce que signifie la fête des
Saints Innocents !
"Le verbe s'est fait chair. Il a habité parmi nous. Et nous
avons vu sa gloire !”. C'est l'apôtre saint Jean qui écrivait ces lignes.
Qu'a-t-il donc vu au juste ? Il a
vu un homme, Jésus de Nazareth.
On devinait Dieu en lui ; il ne
faisait qu'un avec Dieu ! C’est notre foi !
Et cet homme allait aimer les
siens jusqu'à donner sa vie pour le monde : "Nous avons vu sa gloire !".
La gloire de Jésus, c'était donc
d'aimer, de guérir, d'annoncer à tous la tendresse et la miséricorde de Dieu.
C'était là sa nourriture, c'était là sa joie.
C'est cela qu'il venait dire et
montrer aux hommes.
C'est cela aussi que nous devons
dire et montrer aux hommes d'aujourd'hui, nous qui sommes les membres du
Christ, les prolongements de son incarnation rédemptrice.
Et cela peut aller jusqu’à donner
sa vie, à l’exemple du Christ, le Juste injustement mis à mort, à l’exemple des
justes, des Innocents - enfants ou adultes -
qui donnent leur vie à cause du Christ.
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