1er Dim Avent. 17-18/B
Tous
les textes de ce premier dimanche de l'Avent nous exhortent à veiller, avec fidélité, dans
l'attente de la manifestation plénière de Notre Seigneur. - "Reviens, Seigneur", implorait
la première lecture. Oui, nous attendons "de
voir se révéler Notre Seigneur Jésus Christ", précisait St Paul. Il
nous faut donc veiller, car "on ne sait pas quand le Maître de la
maison reviendra".
Et
en cette attente, en cette veille,
Notre Dame, Marie, sera toujours notre aide, notre exemple. C'est avec
elle que je souhaiterais traverser avec vous ce temps de l'Avent. D'autant que
la fête de l'Immaculée Conception est toute proche (8 décembre).
L'avez-vous
remarqué ? L'évangile de l'Annonciation se termine brutalement : "Alors, l'ange la quitta !".
Cela semble évoquer, non pas seulement la fin d'un entretien, mais le début
d'un long, d'un très long silence de Dieu, avant sa pleine manifestation
au jour de Pâques.
Ne
sommes-nous pas dans la même disposition. Une annonce de Dieu s'est faite à
nous-mêmes, au jour de notre baptême et peut-être, plus consciemment, au jour
de notre première communion, par exemple, ou encore en divers moments de grâce.
Et depuis lors, c'est souvent le temps de la fidélité silencieuse. -
Au
témoignage des évangiles, Marie n'a pas eu d'autre révélation extraordinaire. A
travers les épreuves et les obscurités, Marie est restée fidèle à son
"oui" initial, médité dans le silence, réactualisé dans
tous les événements. Comme dit le Concile Vatican II : "La Vierge avança dans son pèlerinage de foi, gardant
fidèlement l'union avec son Fils, jusqu'à la Croix". (LG 58).
L'exemple
de Marie est très précieux pour nous qui sommes encore "en
pèlerinage", dans un monde où, aujourd'hui, notre foi est souvent mise à
l'épreuve, à l'épreuve, en tous les cas, de l'attente.
La
foi de Marie au message de l'Annonciation est, doit être le modèle de notre
foi. Ce qui lui est annoncé : une maternité qui laissera sa virginité intacte,
est humainement impossible, irrationnel.
"Comment cela se fera-t-il
?", ose-t-elle simplement demander. Et l'ange lui rappelle ce qui
avait été dit à l'épouse d'Abraham à qui était annoncé la naissance miraculeuse
d'un fils : car, lui précise-t-on, "rien
n'est impossible à Dieu !"
Etre
"fils de Dieu", participer à la vie divine, c'est humainement
impossible pour nous également. C'est pourtant l'annonce qui nous a été, qui
nous est faite. - Marie, elle, répond simplement : "Voici la Servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon
ta parole". Elle fait totalement confiance à la Parole de Dieu, à
qui "rien
n'est impossible" ; elle engage sa vie une fois pour toutes, au
service du "Fils de Dieu" dont le mystère la dépasse infiniment.
La
foi de Marie au Dieu qui parle, qui sauve, une foi attentive, inconditionnelle,
veillante et active, c'est bien le trait fondamental du "visage
évangélique" de Marie. - Elle est bien pour nous un exemple. Son acte de
foi initial va se prolonger en une longue fidélité, il va s'approfondir
à l'épreuve du temps, de l'obscurité et de la souffrance. C'est bien là aussi
notre épreuve. C'est parfois dans l'obscurité et la souffrance
que notre foi se manifeste et grandit.
Alors,
n'hésitons pas à implorer Marie !
-
La première épreuve pour la foi de Marie, ce fut sans doute la pauvreté
dans laquelle Jésus vint au monde. - L'ange lui avait dit : "Le Seigneur lui donnera le trône de
David son père… Son règne n'aura pas de fin… Il sera appelé Fils de Dieu".
Dans l'étable de Bethléem, au milieu de quelques bergers, il fallait avoir la
foi pour reconnaître le Sauveur annoncé… La foi des pauvres, comme Marie et les
bergers !
-
Le jour de la Présentation de Jésus au temple, les paroles inspirées de
Siméon obligent la foi de Marie à un dépassement : Jésus vient comme lumière et
salut non seulement pour "la Maison
de Jacob", mais pour tous les peuples. Et Luc précise : "le Père et la mère de l'enfant
s'étonnaient de ce qu'on disait de lui". Oui, Marie s'étonne; elle
découvre de nouvelles perspectives assez mystérieuses. Sans tout comprendre,
elle avance dans la foi.
-
Puis, ce furent les longues années de la vie cachée de Jésus, à
Nazareth. Le Fils de Dieu, le Sauveur de tous les peuples, mène une vie "ordinaire"
et travaille comme un simple charpentier. Marie a vécu cette vie cachée, dans
la foi. Le message de l'Annonciation lui suffisait.
-
De toute cette période de l'enfance, les évangélistes n'ont retenu qu'un
épisode, celui de Jésus retrouvé au Temple. Et ce fut justement pour la
foi de Marie l'épreuve de l'obscurité. "Ne
le saviez-vous pas ! C'est chez mon Père que je dois être. Mais ils ne comprirent
pas ce qu'il leur disait" (Lc 2/48-50)
-
Après 30 ans de vie toute ordinaire, nous retrouvons Marie aux noces de Cana.
A la demande de sa mère, Jésus répond de façon mystérieuse et déroutante : "Femme, que me veux-tu ? Mon heure
n'est pas encore venue". Mais la foi de Marie, mûrie dans le
silence de Nazareth, ne se laisse pas déconcerter. Sa consigne aux
serviteurs exprime une foi inconditionnelle en Jésus : "Tout ce qu'il vous dira, faites-le". Les disciples
croiront après avoir vu le miracle. Marie croit avant d'avoir vu.
-
C'est à l'heure de la croix que la foi de Marie a connu l'épreuve la
plus radicale. Le Messie d'Israël avait été condamné par les autorités de son
propre peuple ; le Fils de Dieu était fouetté comme un esclave; le Sauveur
mourait sur un gibet !
Mais,
dans le cœur de Marie, résonnait toujours le message de l'Annonciation, fidèlement
gardé : "Il sera grand… Il règnera
pour toujours…". Dans les ténèbres du Vendredi Saint, Marie s'associe
d'un cœur maternel au sacrifice de Jésus. Et c'est à ce moment-là qu'elle
enfante, dans l'Esprit Saint, le nouveau peuple des croyants. "Voici ton fils", lui dit
Jésus en désignant Jean qui nous représentait tous. "Voici
ta mère", insiste-t-il en à l'adresse de son disciple.
Comme
il est important pour nous de savoir que la Vierge Marie a marché, avec vigilance,
dans la foi, à travers des obstacles et des épreuves, qu'elle a médité,
à la lumière de la Bible, pour chercher le sens des événements de sa vie. Oui,
elle a su "veiller" activement !
Ce
"pèlerinage de foi" est aussi le nôtre. En Marie, nous
reconnaissons le modèle de notre foi en Jésus, le Fils de Dieu, né de la
Vierge et ressuscité des morts par la puissance de l'Esprit-Saint.
La
foi n'est pas un trésor qu'on possède une fois pour toutes. C'est un
cheminement, une progression. Il faut accepter d'avancer, le plus souvent dans
l'obscurité, avec pour seul guide la parole de Jésus et la lumière de
l'Esprit-Saint. Sans cesse, il nous faut veiller ! Activement !
Que
Marie, la Vierge fidèle, nous obtienne par sa prière, comme aux noces de Cana,
de reconnaître la gloire du Seigneur et de croire en lui de plus en plus.
N'est-ce
pas ce que nous pouvons demander par l'intermédiaire de Marie qui, chaque jour,
a su "veiller" dans la foi !
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