mercredi 13 décembre 2017

Le mot "Noël"

En la préparation de la fête de La Nativité du Christ, on m'a demandé quelques réflexions... que je livre à tous, bien volontiers.

Avent 2017  -  Vers Noël ! (1)

1. Un mot qui recouvre une réalité!
Noël !
Premier volet du dyptique qui exprime le fondement de notre foi:
              - Dieu s'est fait homme en Jésus Christ (Cle Nicée)
              - Le Christ est mort et ressuscité ! (kérygme)
              → : Le Christ est vrai Dieu et vrai homme (notre "Credo"). Nous n'aurons, ici-bas, jamais fini d'investir cette réalité en plénitude !
Pas de Rédemption sans incarnnation.
Pas d'incarnation sans rédemption.
C'est l'objet des premiers conciles oecuméniques.  Et il est toujours bon d'y revenir

1. Le Concile de Nicée (325). Réfutation de la prétention arienne (Arius) :  Le Fils de Dieu aurait seulement été le sommet de la création de Dieu, Il ne serait pas vraiment Dieu!

2. Le Concile de Constantinople (381) reprend Nicée ; de plus, il définit la consubstantialité de l’Esprit Saint avec le Père et le Fils ; compose le symbole de Nicée-Constantinople (l'un des "credo" de notre messe dominicale).

3. Le Concile d’Éphèse (431) : Dans le Christ, les deux natures - divine et humaine - sont distinctes, chacune ayant ses propres caractéristiques, quoique unies en une seule personne, Jésus-Christ.
Cette explicitation était nécessaire face à l'hérésie nestorienne (Nestorius disqualifiait la nature humaine du Christ !).
Aussi, le concile proclame Marie, "Mère de Dieu" (Mère de la personne du Christ! Et non seulement de sa nature humaine).
Le Nestorianisme existe aujourd’hui en Arménie, en Iraq (sous le nom de "chaldéen".

4. Le Concile de Chalcédoine (451)  Contre Eutychès (monophysisme) qui affirme une seule nature en la personne du Christ, la nature humaine du Christ étant absorbée par sa nature divine.
Le Christ est une "personne" (divine), mais il possède deux natures unies entre elles, "sans confusion ni changement, sans division ni séparation". Les propriétés de chacune de ces natures restent sauves, mais appartiennent à une seule "personne" ou "hypostase".
Le Concile affirme ainsi que le Christ est véritablement à la fois Dieu et homme, et par là-même Sauveur des hommes ; Dieu, tout en devenant homme, ne cesse pourtant pas un instant d'être Dieu.   
N.B. : Les concepts de "nature" et "personne" seront bénéfiques pour la philosophique occidentale. - Le "Credo" de Chalcédoine crée une énorme division qui dure jusqu’à aujourd'hui ! Les chrétiens coptes d’Égypte, d’Éthiopie, ceux de Syrie et d’Arménie n’ont pas accepté "Chalcédoine" (Ils confessent une seule nature dans le Christ : monophysisme)

 Noël !
Mot mystérieux et curieux !  
C'est plus clair dans les langues de pays chrétiens :
- en Anglais, on dit : "Merry Christmas" (joyeuse messe de Christ) ;
- en Allemand ;  "La nuit sacrée" ;
- en Espagnol : "Joyeuse Nativité" ;
- en Italien : "Bonne fête de la Nativité" ; etc.
Aucune ambiguïté verbale chez nos voisins ; on fête la "Naissance du Sauveur Jésus-Christ", ce qui n’est pas évident avec le mot "Noël", surtout si on y ajoute le culte du "père Noël" avec ses lumières et ses boules.

Noël !
Le mot "Noël", en français, a des origines énigmatiques.
Plusieurs hypothèses :
- Il viendrait de l’expression latine "dies natalis" (jour de naissance). Avec le sous-entendu : "du Christ". Au fil du temps, ce "natalis" serait devenu "Nael"(Mot apparu en 1120). Il serait alors composé du "NA" ("natalis") et du mot hébreu "EL" (Dieu !)

- Le mot "Noël" serait composé, selon certains, en suivant St Luc (2.11) : "Natus est vobis Emmanuël" - "Il est né pour vous l'Emmanuël"..
Ainsi, le "N" de "Noël" proviendrait de "Natus" ; le "V" de "vobis" ; "E" et "L" de la fin du mot "Emmanuel". (NVEL prononcé NAEL). Le mot "Nael" signifierait : "Il est né pour vous l'Emmanuel".
Un peu compliqué, quand même, et également un peu intellectuel ... !

- L’évolution du mot "Nael" continuera. En 1175, on écrit pour la première fois le mot "Noël".

Ainsi donc, le mot "Noël" aurait comme signification : "Jour de la naissance de Christ, qui est Dieu avec nous" ! ("Emmanuël").
"Ouf ! Quand même !", diront les chrétiens. La signification de la fête est sauvegardée !

Noël !
Cependant, cependant... ! Il peut se joindre à ce mot "Noël" un sens caché bien moins chrétien : 
Ceux   (surtout en nos temps modernes avec la venue du "Père Noël") ...
Ceux qui ont introduit l'idée du "Père Noël" ont probablement  voulu établir une signification plus païenne. Pour eux, Noël viendrait de de "Noio" ("nouveau") et "Hel" ("soleil), ce qui donne le mot "Noioel" qui deviendra "Noël".  (???) (Solstice d'hier)

Le mot "Noël" reste donc un mot confus et consensuel bien français qui soulignerait l'amalgame si facilement pratiqué chez nous entre  le paganisme et la foi chrétienne.
Il y a, de fait, une telle proximité (voulue) entre
- le Christ, "lumière du monde", comme dit St Jean (8.12-59), et
- le culte païen de l’astre solaire (qui va rayonner après le solstice d'hiver)

Certes, cet astre va éclairer de plus en plus, mais le jour et pas la nuit, tandis que le Christ est "Lumière" ineffable, constante et éternelle !
"Le Verbe était la lumière véritable, qui éclaire tout homme ; il venait dans le monde" (Jn 1.9)
"Or voici le message que nous avons entendu de lui et que nous vous annonçons : Dieu est Lumière ; en lui point de ténèbres". 'I Jn 1:5-
 (à suivre)

S. Augustin nous aide à préparer la fête de la Nativité du Seigneur  !

"L'homme, avant de croire au Christ n'est pas en route, il erre.
Il cherche sa patrie mais il ne la connaît pas.
Que veut dire : il cherche sa patrie ?
Il recherche le repos, il cherche le bonheur.
Demande à un homme s'il veut être heureux, il te répondra affirmativement sans hésiter. Le bonheur est le but de toutes nos existences.
Mais où est la route, où trouver le bonheur, voilà ce que les hommes ignorent. Ils errent. Errer est déjà une recherche.
Mais c'est le Christ qui nous remet sur la bonne route : en devenant ses fidèles par la foi, nous ne sommes pas encore parvenus à la patrie, mais nous marchons déjà sur la route qui y mène.
Et le Christ nous a appris que l'amour de Dieu et l'amour du prochain sont comme les pas que nous devons faire sur cette route."
(Sermon sur un psaume)

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