mardi 12 décembre 2017

Aller-Retour -- Renaissance

12 décembre – mardi, 2de semaine de l'avent.
Eucharistie pour les Chrétiens de Terre Sainte

Accueil :
Nous sommes réunis aujourd'hui pour prier en union avec nos frères chrétiens d'Orient, si souvent éprouvés.

Oui, nous prions
avec le Père Eeckhout, du couvent Saint-Etienne de Jérusalem (école biblique de Jérusalem). Il nous parlera du "mystère" de Jérusalem, de l'actualité de cette ville sainte. Nous sommes gratifiés de sa présence. Qu'il en soit vivement remercié.

Oui, nous prions
avec les membres de l'Ordre du Saint-Sépulcre, toujours soucieux de la situation des chrétiens à Jérusalem, en Terre Sainte. Qu'ils soient aidés - spirituellement à tout le moins - pour toutes leurs diverses actions en ce pays de Jésus.

Oui, nous prions
les uns et les autres, avec la préoccupation - humaine et spirituelle tout à la fois - de cette Terre Sainte où le Fils de Dieu, s'étant incarné, a manifesté l'immense amour de Dieu-Père pour tous les hommes, avec la force de l'Esprit Saint.

La lecture que nous entendrons – celle du jour – est une merveilleuse page écrite au 6ème siècle par un disciple du grand prophète Isaïe (8ème siècle), grand homme de foi s'il en fut.  "Consolez, consolez mon peuple !". Il ranime l'espérance des exilés à Babylone qui pourraient croire que tout est perdu ! C'est également l'époque d'Ezéchiel avec sa vision des ossements desséchés.

Tout est perdu, disons-nous facilement nous-mêmes.
Mais non ! Notre Dieu reste fidèle à son alliance. Il va montrer, comme il l'a déjà fait, qu'il est le "Dieu des délivrances", le Dieu qui a "les issues de la mort".

Cet auteur du livre de la Consolation a une foi très forte dans le pardon divin, un sens très vif du caractère indissoluble de l'alliance que Dieu a conclue avec son peuple. C'est chez lui que l'on trouve les quatre enclaves lyriques que l'on appelle "Chants du Serviteur", de ce "Serviteur" de Dieu qui mourra martyr, mais que Dieu glorifiera.

Ce "serviteur" souffrant et glorifié tout à la fois sera plus tard Jésus dont nous fêterons la naissance en Terre humaine à Noël et qui sera Rédempteur de tout homme en son mystère pascal de mort et de vie.

Au seuil de cette eucharistie, avec la foi du disciple d'Isaïe, demandons pardon principalement de nos manques d'espérance, de confiance en Dieu. 


Homélie
"Consolez ! Consolez mon peuple !", crie, au nom de Dieu, ce disciple d'Isaïe annonçant - au 6ème siècle - le retour d'exil ! Cet oracle est une mise en scène à la fois historique, liturgique et eschatologique.

- Historique :   Le peuple Juif revient d’exil par cette fameuse route (Ouest-Est ; Est-Ouest),
- cette route les patriarches depuis Abraham,
- cette route de tous les exils et rapatriements,
- cette route des multiples "allers et retours".
C’est là l’œuvre de Dieu qui, lui-même, ouvre la marche de toutes les "renaissances". Aussi est-elle “royale“, cette voie ! Et sur son passage, tout refleurit. La terre devient luxuriante et féconde comme celle du Liban, comme celle du Carmel ou de la plaine fertile de Sharon près de la côte.

Cette route des "exils et retours" est celle de tous nos malheurs et bonheurs, celle de nos disgrâces et grâces, de nos malédictions et bénédictions -
“Aller-retour ; retour-aller“ : c’est le rythme même de notre propre cœur, de notre souffle de vie. Et, un jour, nous pousserons notre dernier souffle mais en sachant désormais que Dieu nous le rendra définitivement ; ce sera l’œuvre de Dieu, une re-création éternelle au rythme du mystère pascal du Christ, au rythme de sa mort, puis de sa vie…, une re-création au souffle éternel de l’Esprit qui, selon la vision d’Ezéchiel, ressuscite les morts.

Et toute notre espérance n’est-elle pas cette respiration d’un "aller et retour" avec le Christ : “Celui qui vous a été enlevé, ce même Jésus, reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel“ (Ac. 1.11). 
Il n'y a que les poètes ou les mystiques pour décrire ce rythme de notre vie : “Viens du Liban, ô fiancée, chante le Cantique des Cantiques, fais ton entrée. Tu dévaleras du sommet de l’Hermon, des retraites des lions et des montagnes à panthères… Viens !“ (Cant 4.8). Et nous répondrons avec cette fiancée de Dieu : “Je dormais, mais je m’éveille. J’entends mon bien-aimé…“ (Id 5.2). C’est notre histoire ! "Exils-retours"…, en l’attente de la Jérusalem dont Dieu seul est "l’architecte et le fondateur" (Cf Heb 11.10).

- Aussi, cette scène historique est également une scène liturgique : Ce retour d’exil prend la forme d’une procession vers Jérusalem, vers le Temple du Seigneur. Ce ne sont que chants de joie et d’allégresse ! Les sourds, les boiteux, les muets - tous ces exclus du Temple depuis la malédiction du jeune David conquérant la colline de Sion - font partie du cortège. C'est le signe messianique par excellence : le Seigneur fait entrer tous les hommes au cœur droit dans son Temple, sans discrimination.
C’est le chant de nombre de psaumes… et de bien d’autres textes (Ezéchiel…, Zacharie). ; C'est, actuellement en faisant mémoire du mystère pascal du Christ - mystère de mort et de vie -..., c'est, en union avec tous ceux qui nous précèdent, la louange d'espérance que proclame l'Eglise en marche vers la Jérusalem céleste …

- Cette scène historique, liturgique est finalement une scène eschatologique, la scène de la fin des temps : Car avec le Messie, “tous ceux qui appartiennent au Seigneur“ feront leur entrée en cette Jérusalem dont “Dieu est l’architecte et le fondateur“ - Ils y entreront en un seul jour ; “ce sera un jour unique“, prophétisera le prophète Zacharie ! (Cf Zah. 14). "Yom erad" ! Jour unique ! Par le fait que le temps, avec ses pulsions diverses, disparaîtra en ce seul jour d'éternité !

C’est dire que toutes les tensions de notre temps se résoudront dans l’UNITE divine ; la création s’harmonisera - avec ce retour d’exil - dans cette UNITE divine ! “Un seul Dieu“, répète la Bible !
Et Jésus nous a appris comment Dieu est UN. Il est UN dans l’Amour - “Dieu est Amour !“ -, cet Amour que s’échangent les trois Personnes divines. Aussi, “aimez-vous les uns les autres“, nous demandera Jésus, car nos relations d’amour sont destinées à venir s’insérer en celles que s’échangent éternellement les Personnes divines !

Aussi je conclurai rapidement : Quand Jésus prie : “Que ton Règne vienne !“, quand, entrant à Jérusalem le jour des Rameaux, il guérit, à la “Belle Porte“, un aveugle qui le suit jusque dans le temple…, il a certainement à la mémoire tous ces textes auxquels je faisais allusion.

Dans la culture juive, cette “Belle Porte“, à l’est du Temple, encore appelée improprement (à cause d’une mauvaise traduction du  grec) “Porte d’Or“, et qui fait face aux imposants cimetières juifs de l’autre côté du Cédron, est entièrement murée jusqu’à la fin des temps. Seul, le Messie doit l’ouvrir.

Mais, nous, Chrétiens, nous le savons, cette “Belle Porte“, cette "Porte d'Or" est déjà ouverte depuis la Résurrection du Seigneur, le jour où le voile du Temple s’est déchiré afin que nous puissions déjà “voir celui qui nous voit sans cesse“.
Jésus n’a-t-il pas dit : “Je suis la porte !“. Aussi, cette “Belle Porte“ est-elle encore appelée “Porte de la miséricorde“ : tous les boiteux et aveugles que nous sommes spirituellement peuvent y entrer à la suite de Jésus.

Et tout cela, n'est-ce pas le signe de notre espérance ? Pour nous et pour tous les hommes !

Aucun commentaire: