12 décembre – mardi, 2de semaine de l'avent.
Eucharistie pour les Chrétiens de Terre Sainte
Accueil :
Nous sommes réunis aujourd'hui
pour prier en union avec nos frères chrétiens d'Orient, si souvent éprouvés.
Oui, nous prions
avec le Père Eeckhout, du couvent
Saint-Etienne de Jérusalem (école biblique de
Jérusalem). Il nous parlera du "mystère" de Jérusalem, de
l'actualité de cette ville sainte. Nous sommes gratifiés de sa présence. Qu'il
en soit vivement remercié.
Oui, nous prions
avec les membres de l'Ordre du
Saint-Sépulcre, toujours soucieux de la situation des chrétiens à Jérusalem, en
Terre Sainte. Qu'ils soient aidés - spirituellement à tout le moins - pour
toutes leurs diverses actions en ce pays de Jésus.
Oui, nous prions
les uns et les autres, avec la
préoccupation - humaine et spirituelle tout à la fois - de cette Terre Sainte
où le Fils de Dieu, s'étant incarné, a manifesté l'immense amour de Dieu-Père
pour tous les hommes, avec la force de l'Esprit Saint.
La lecture que nous entendrons – celle
du jour – est une merveilleuse page écrite au 6ème siècle par un disciple du
grand prophète Isaïe (8ème siècle), grand
homme de foi s'il en fut. "Consolez, consolez mon peuple !".
Il ranime l'espérance des exilés à Babylone qui pourraient croire que tout est
perdu ! C'est également l'époque d'Ezéchiel avec sa vision des ossements
desséchés.
Tout est perdu, disons-nous
facilement nous-mêmes.
Mais non ! Notre Dieu reste
fidèle à son alliance. Il va montrer, comme il l'a déjà fait, qu'il est le "Dieu des délivrances", le
Dieu qui a "les issues de la
mort".
Cet auteur du livre de la Consolation
a une foi très forte dans le pardon divin, un sens très vif du caractère
indissoluble de l'alliance que Dieu a conclue avec son peuple. C'est chez lui
que l'on trouve les quatre enclaves lyriques que l'on appelle "Chants du Serviteur", de ce "Serviteur"
de Dieu qui mourra martyr, mais que Dieu glorifiera.
Ce "serviteur"
souffrant et glorifié tout à la fois sera plus tard Jésus dont nous fêterons la
naissance en Terre humaine à Noël et qui sera Rédempteur de tout homme en son
mystère pascal de mort et de vie.
Au seuil de cette eucharistie,
avec la foi du disciple d'Isaïe, demandons pardon principalement de nos manques
d'espérance, de confiance en Dieu.
Homélie
"Consolez ! Consolez mon peuple !", crie, au nom de Dieu,
ce disciple d'Isaïe annonçant - au 6ème siècle - le retour d'exil ! Cet oracle
est une mise en scène à la fois historique, liturgique et eschatologique.
- Historique : Le peuple Juif revient d’exil par cette
fameuse route (Ouest-Est ; Est-Ouest),
- cette route les patriarches
depuis Abraham,
- cette route de tous les exils
et rapatriements,
- cette route des multiples
"allers et retours".
C’est là l’œuvre de Dieu qui,
lui-même, ouvre la marche de toutes les "renaissances". Aussi
est-elle “royale“, cette voie ! Et sur son passage, tout refleurit. La
terre devient luxuriante et féconde comme celle du Liban, comme celle du Carmel
ou de la plaine fertile de Sharon près de la côte.
Cette route des "exils et
retours" est celle de tous nos malheurs et bonheurs, celle de nos
disgrâces et grâces, de nos malédictions et bénédictions -
“Aller-retour ;
retour-aller“ : c’est le rythme même de notre propre cœur, de notre
souffle de vie. Et, un jour, nous pousserons notre dernier souffle mais en
sachant désormais que Dieu nous le rendra définitivement ; ce sera l’œuvre
de Dieu, une re-création éternelle au rythme du mystère pascal du Christ, au
rythme de sa mort, puis de sa vie…, une re-création au souffle éternel de
l’Esprit qui, selon la vision d’Ezéchiel, ressuscite les morts.
Et toute notre espérance
n’est-elle pas cette respiration d’un "aller et retour" avec le
Christ : “Celui qui vous a été enlevé, ce même Jésus, reviendra de la même
manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel“ (Ac. 1.11).
Il n'y a que les poètes ou les
mystiques pour décrire ce rythme de notre vie : “Viens du Liban, ô fiancée, chante le Cantique des Cantiques, fais ton entrée. Tu dévaleras du sommet de
l’Hermon, des retraites des lions et des montagnes à panthères… Viens !“
(Cant 4.8). Et nous répondrons avec cette
fiancée de Dieu : “Je dormais, mais
je m’éveille. J’entends mon bien-aimé…“ (Id
5.2). C’est notre histoire ! "Exils-retours"…, en
l’attente de la Jérusalem dont Dieu seul est "l’architecte et le fondateur"
(Cf Heb 11.10).
- Aussi, cette scène historique
est également une scène liturgique : Ce retour d’exil prend la
forme d’une procession vers Jérusalem, vers le Temple du Seigneur. Ce ne sont
que chants de joie et d’allégresse ! Les sourds, les boiteux, les muets - tous ces exclus du Temple depuis la malédiction du
jeune David conquérant la colline de Sion - font partie du cortège. C'est
le signe messianique par excellence : le Seigneur fait entrer tous les hommes
au cœur droit dans son Temple, sans discrimination.
C’est le chant de nombre de
psaumes… et de bien d’autres textes (Ezéchiel…,
Zacharie). ; C'est, actuellement en faisant mémoire du mystère pascal du
Christ - mystère de mort et de vie -..., c'est, en union avec tous ceux qui
nous précèdent, la louange d'espérance que proclame l'Eglise en marche vers la
Jérusalem céleste …
- Cette scène historique,
liturgique est finalement une scène eschatologique, la scène de la fin
des temps : Car avec le Messie, “tous ceux qui appartiennent au Seigneur“
feront leur entrée en cette Jérusalem dont “Dieu
est l’architecte et le fondateur“ - Ils y entreront en un seul jour ; “ce sera un jour unique“, prophétisera
le prophète Zacharie ! (Cf Zah. 14). "Yom erad" ! Jour unique ! Par
le fait que le temps, avec ses pulsions diverses, disparaîtra en ce seul jour
d'éternité !
C’est dire que toutes les
tensions de notre temps se résoudront dans l’UNITE divine ; la création
s’harmonisera - avec ce retour d’exil - dans cette UNITE divine ! “Un seul
Dieu“, répète la Bible !
Et Jésus nous a appris comment
Dieu est UN. Il est UN dans l’Amour - “Dieu est Amour !“ -, cet Amour que
s’échangent les trois Personnes divines. Aussi, “aimez-vous les uns les autres“, nous demandera Jésus, car nos
relations d’amour sont destinées à venir s’insérer en celles que s’échangent
éternellement les Personnes divines !
Aussi je conclurai
rapidement : Quand Jésus prie : “Que
ton Règne vienne !“, quand, entrant à Jérusalem le jour des Rameaux,
il guérit, à la “Belle Porte“, un aveugle qui le suit jusque dans le temple…,
il a certainement à la mémoire tous ces textes auxquels je faisais allusion.
Dans la culture juive, cette
“Belle Porte“, à l’est du Temple, encore appelée improprement (à cause d’une mauvaise traduction du grec) “Porte d’Or“, et qui fait face
aux imposants cimetières juifs de l’autre côté du Cédron, est entièrement murée
jusqu’à la fin des temps. Seul, le Messie doit l’ouvrir.
Mais, nous, Chrétiens, nous le
savons, cette “Belle Porte“, cette "Porte d'Or" est déjà ouverte
depuis la Résurrection du Seigneur, le jour où le voile du Temple s’est déchiré
afin que nous puissions déjà “voir celui
qui nous voit sans cesse“.
Jésus n’a-t-il pas dit : “Je suis la porte !“. Aussi, cette
“Belle Porte“ est-elle encore appelée “Porte de la miséricorde“ : tous les
boiteux et aveugles que nous sommes spirituellement peuvent y entrer à la suite
de Jésus.
Et tout cela, n'est-ce pas le
signe de notre espérance ? Pour nous et pour tous les hommes !
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