dimanche 31 juillet 2016

Argent !

Argent ! Pouvoir !

Nous prions aujourd'hui pour le P. Jacques Hamel, assassiné !
Nous prions pour tous les chrétiens assassinés de par le monde !
Avec tous les croyants, nous prions pour toutes les victimes du terrorisme !
Et, avec Notre Seigneur, nous réfléchissons aujourd'hui sur les méfaits possibles de l'argent, du pouvoir... jusque chez nous, jusqu'en notre cœur !

18e Dim. T.O. 16.C  :

Les querelles d'héritage sont de tous les temps ! “Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage !”.  
Jésus vient de dire d'appeler Dieu "Notre Père !" (Cf. Dimanche dernier). Et voilà qu'on lui parle de contentieux, de querelle d’argent entre frères !
Jésus est venu proclamer : Au nom de Dieu, votre Père, soyez des frères les uns pour les autres ! Et voici qu'un homme lui dit qu’avec son frère, il y a un litige d'argent !

C’est de tout temps ! Dans des familles très unies, la division peut survenir lors d'un héritage ! On se fâche et on ne se parle plus ! Tant que vivait celui dont la succession est ouverte, on vivait en paix ! Et voici que brusquement, une crise éclate : l’amour de l'argent l'emporte sur l'amour de ses frères !

La réponse de Jésus va droit au cœur du problème : “Gardez-vous de toute âpreté au gain !”. Cette sentence rejoint bien des passages de l'Evangile :
- Au jeune homme riche, Jésus conseille : "Va, vends tes biens ; distribues le produit aux pauvres ; puis, viens et suis moi” (Lc 18.22).
- A la foule qui se presse pour l'écouter, Jésus proclame : ”Bienheureux les pauvres” (Mth 5.3) !
- A nous tous, Jésus dit : “Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent !" (Mth 6.24). ... Il faut choisir ! Souvent, Jésus revient sur cet avertissement : “Gardez-vous de toute âpreté au gain”.

On peut penser, bien sûr, à St François d'Assise auquel fait si souvent allusion le pape François ! Il vivait dans la brillante civilisation italienne du 13ème s. Mais il avait entendu la parole de Jésus : “Vends tes biens et suis-moi !”... Sa famille était très chrétienne ! Tous ses membres connaissaient l’Evangile. Mais, en lui, François, l'appel à vivre pauvrement, à partager, avait retenti si profondément qu’on était scandalisé par ses largesses. A1ors, il vint avec son père devant l'évêque d'Assise. Là, il se dépouilla de ses beaux vêtements et se vêtit d'une sorte de sac, signifiant ainsi qu'il rompait avec le monde de l'argent et du confort. Désormais, on l'appellera “le petit pauvre d'Assise”.

A la même époque vivait un autre grand Saint, très riche, un puissant Seigneur disposant de grands biens, St Louis, roi de France. En l'un et l'autre, leurs contemporains d'abord, puis toutes les générations ont vu le reflet de l'Evangile. L'un et l'autre, le petit pauvre et le puissant roi ont été des saints !

Alors, devant ces deux exemples, le riche et pauvre, une question demeure : Comment être chrétien ? St Paul répondait déjà : “Usez des biens de ce monde comme n'en usant pas” (I Co.7.31). Autrement dit : n'y mettez pas votre cœur. Et cela a été le fait de St Louis comme de St François.

On comprend que devant la difficulté de se servir de l'argent sans en être esclaves, certains - tels beaucoup de religieux - aient envisagé une solution radicale en renonçant à toute possession. Mais il est bien évident que tous les chrétiens ne peuvent s’engager dans cette voie. Toutefois l'exemple des pauvres pour le Christ nous aide à réfléchir.

Jésus, lui, est né dans le dénuement d'une crèche comme un pauvre parmi les pauvres. Cependant nous voyons venir à lui, à la fois, des bergers et des rois, des pauvres et des riches, tels Nicodème, Joseph d'Arimathie. Lui-même partageait avec ses disciples une “bourse commune”. Cela fait partie des nécessités de la vie.

Comment donc se comporter ? Il faut bien vivre et faire vivre sa famille ! Pour cela, la nécessité d’argent invite à travailler. Il faut “gagner” sa vie ! D’ailleurs le travail répond à un appel de Dieu. Car, qui pourrait accepter de vivre aux dépens des autres ? St Paul lui-même le déclare : “Si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus” (2 Thess 3.10).
De plus, étant donné les aléas de l'existence, il est normal de chercher à pouvoir faire face à d'éventuels mauvais jours. C'est de l'avenir des siens qu'il s'agit. On ne peut se désintéresser ni du présent, ni de l'avenir de ceux dont on a charge.

Ces évidences doivent être rappelées ; elles soulignent cependant que l'argent, la possession de quelque bien, n'interviennent ici que comme des intermédiaires, des moyens. Ils ne sont pas un but.

Le livre des Proverbes propose une belle prière à ce sujet, préparant celle de Jésus sur le pain nécessaire à chaque jour.
“J'implore de toi deux choses :
Ne me donne ni pauvreté ni richesse.
Laisses-moi goûter ma part de pain,
de crainte que comblé je ne me détourne de toi et ne dise : "qui est le Seigneur ?",
ou encore qu'indigent, je ne vole et ne profane le Nom de mon Dieu !"..

La misère, l'indigence ne sont pas normales ; elles sont inhumaines. Mais, inversement, la richesse devient vite une tentation, celle d'aimer l'argent, et c'est ici que retentit la sentence de Jésus : "Nul ne peut servir deux maîtres : Dieu et l'argent".

L'âpreté au gain nous guette tous, d’une manière ou d’une autre. Chacun souhaite l'augmentation de ses revenus, même au-delà du nécessaire. Il est bien difficile de déterminer dans ce désir la part d'un souci légitime et celle d’une tentation si subtile que Jésus a cru bon nous avertir : “Vous ne pouvez pas servir Dieu et l'argent”.

Alors, que faire ? Peut-être que Jésus nous dirait : l’argent est nécessaire, mais sachez aussi regarder votre prochain, sachez partager !

Un jour, j'ai été très édifié par un jeune couple qui, me semble-t-il, n'affichait pas de grandes convictions chrétiennes, au demeurant. Ils avaient des ressources disons normales - “ni plus ni moins” -. Or, ils venaient de recevoir un héritage assez modeste. Mais ce dont je me souviens très bien, c'est qu'ils désiraient utiliser cet héritage au profit de leur famille, bien sûr - ils avaient déjà trois enfants ! -, mais, également, pour une part, au profit de plus déshérités qu'eux-mêmes ! Et ils me demandaient conseil !

Oui, quelles que soient nos ressources, apprenons à regarder notre prochain. Il faut savoir donner, partager et le plus discrètement possible : “que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite” (Mth 6.3). Que l’argent soit aussi un moyen d’aimer nos frères !

Il y a quelques années, un religieux allait mourir. Ses trois neveux et nièces étaient près de lui. Tous, après de brillantes études, avaient de “belles situations”… Leur oncle leur dit sa joie de voir leur avenir plein de promesses ! Puis il ajouta : "Voici mon testament ; il est court". Après un instant de silence, il dit : "N'aimez pas l'argent !"

Il était évident que nul de ces neveux n'était destiné à vivre dans la misère. Il ne leur demandait pas d'y renoncer. Il leur adressait seulement la mise en garde que formule l'évangile. Il leur livrait un secret, celui d'une existence vécue d’abord… sous le regard de Dieu !
Il avait raison : N’aimons pas l’argent ! C’est ce qui nous permet d’aimer Dieu et notre frère !


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