vendredi 15 juillet 2016

Sabbat ! Dimanche !

15e Dim. Ord. Vendredi 16/C    

"Le Fils de l'homme est maître du sabbat !".
Mais, savons-nous ce qu'était, ce qu'est encore le sabbat ?

Il est vrai que le sabbat avait et a toujours une grande valeur pour les Juifs. Une grande signification !
1. Le sabbat est d'abord un temps de regard vers Dieu. Il veut rappeler que l'homme n'est pas que terrestre. Il vient de Dieu et est destiné à retourner vers Dieu. Fêter le sabbat, c'est orienter et toujours réorienter sa vie vers Dieu.

2. Le sabbat est aussi un temps de regard vers l'homme. En obligeant à un temps de repos, il veut rappeler que l'homme n'est pas une "bête de somme", un simple instrument de production et surproduction. L'homme n'est pas voué à une production, mais à une fécondité humaine et spirituelle tout à la fois. "Tout est à vous, disait St Paul ; mais vous, vous êtes au Christ et le Christ est à Dieu !" (I Co. 3.23). Le repos du sabbat donne à l'homme la facilité de réfléchir, de réfléchir à sa destinée, lui qui est appelé à être "à l'image, à sa ressemblance de Dieu " !

3. Enfin, le sabbat est un temps de célébration, d'action de grâce... ! Si l'homme est bien le "roi" de la création - Dieu l'a établi comme tel -, il ne doit pas oublier d'en être aussi le "prêtre", de tout faire remonter vers Dieu dans un élan d'action de grâce où l'homme se trouve en pleine harmonie avec ciel et terre. Il célèbre le passé avec les bienfaits divin, il célèbre le présent avec Dieu bienfaiteur, il espère Dieu en son futur !

Evidemment, le chrétien pourra facilement montrer que le dimanche recèle bien des valeurs déjà contenues dans l'institution du sabbat. Puissions-nous garder ces valeurs en note "Jour du Seigneur" :
- Jour pour Dieu, bien plus grand que l'homme !
- Jour pour l'homme, bien plus grand que ce qu'il peut faire, produire.
- Jour de sanctification, de célébration de la présence de Dieu, d'un Dieu qui agira demain, comme il a déjà agi hier, et comme il agit aujourd'hui même.

Malheureusement, cette "Loi du sabbat" - comme celle du dimanche -, peut se scléroser, se fossiliser, si je puis dire, peut devenir une pierre lourde et dure sur laquelle on achoppe facilement. Cette loi - ce Dimanche, jour à la fois terrestre et céleste - peut être comme une belle boite que l'on admire mais où il n'y a plus rien à l'intérieur.
Aussi, Jésus, en son temps réagira fortement en s'"amusant", si je puis dire à guérir un malade le jour du sabbat. Car s'il est vrai que le sabbat est le signe de la bonté de Dieu qui désire que les hommes n'oublient pas l'essentiel, comment ce signe ne s'effacerait-il pas devant cette bonté elle-même qui veut rejoindre un homme malade ?

Jésus s'insurgera contre toute forme d'hypocrisie. Il le fera avec cette phrase lapidaire que l'on trouve chez St Marc : "Le sabbat est fait pou l'homme, et non l'homme pour le sabbat !".
Il dénoncera toutes les hypocrisies dans lesquelles peuvent sombrer les hommes religieux - les "pratiquants" comme l'on dit - que nous sommes parfois. Nous pouvons être fidèles à toutes les lois de l'Eglise - observer le dimanche, aller à la messe, faire pénitence, et que sais-je encore - ! Mais ces lois de l'Eglise ne sont que la traduction de l'unique et double Loi de Dieu : "Tu aimeras Dieu, tu aimeras ton prochain !".

Si - plus ou moins consciemment -, nous pensons que les lois de l'Eglise nous dispensent de cette unique Loi de Dieu, nous mettons la lettre plus haut que l'esprit. Et nous savons que la lettre tue, lorsqu'elle se croit souveraine, alors que c'est l'esprit qui donne vie, dira St Paul (2 Co. 36).

M'est revenu à l'esprit un mot de St Vincent, Monsieur de Paul. Une de ses Religieuses lui demanda : "Si quelqu'un sonne à la porte au moment de la prière ou de la messe, faut-il aller ouvrir ?" - Il répondit sans hésiter : "Allez ouvrir !". Et il ajouta : "En allant ouvrir, vous quittez Dieu pour Dieu !".

Oui, sachons mettre de l'harmonie entre ciel et terre, entre l'amour de Dieu et l'amour de nos frères ! Ce n'est pas toujours facile. Le temps nous est donné pour cela. Mais le temps, Dieu peut le prolonger comme il l'a fait pour Ezéchias (1ère lect.), afin la terre nous prépare au ciel !
Sachons, comme disait St Paul, que "l'amour de Dieu nous presse !" (2 Co. 5.14).

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