samedi 6 août 2016

Voir "Jésus seul !"

08.07 Transfiguration !  -

Beaucoup de pèlerins de Terre Sainte pensent que le Mont Tabor fut le lieu de la Transfiguration. Cette localisation a été retenue à cause du psaume 89ème (V/13) : "Le Tabor et l'Hermon à ton nom crient de joie !". Et pourquoi crient-iles de joie ? A cause de la Transfiguration. Bien sûr ! Et on a retenu le Tabor, parce qu'il était plus proche de Jérusalem..., plus facile d'accès pour les pèlerins !
Mais, s'il faut désigner un lieu, il semble bien que l'une des montagnes qui entourent le mont Hermon est plus authentique, car cet évènement est placé aussitôt après "La Confession de Pierre" qui, selon St Matthieu a lieu "dans la région de Césarée de Philippe" (16.13).

"Jésus prend avec lui Pierre Jacques et Jean !" - Ce sont les mêmes qui seront les témoins de son agonie". C'est à remarquer !
"Il les emmène à l'écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux. Son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. Et voici que leur apparurent Moïse et Elie qui s'entretenaient avec lui !".

"Six jours après..." après la Confession de Pierre, avait bien noté St Matthieu.
Et cette précision de "six jours" n'est sans doute pas due au hasard ! C'est la durée qui s'étend entre la fête du "Yom Kippour" (du "Grand Pardon") et la fête de Soukkot", la "fête des tentes" qui rappelle l'exode des Hébreux dans le désert ! D'ailleurs, St Luc précise, lui, qu'avec Moïse et Elie, Jésus "parlait de son exode ! "Exodos" est le mot employé !
Après le "Yom Kippour", Jour du "Grand Pardon" de Dieu proclamé, en quelque sorte, par la Confession de Pierre, il est question d'"exode" - que rappelait la fête des Tentes" et que Matthieu évoque en parlant de "six jours après" - ! Ce contexte voulu et précisé de la "Transfiguration" est à bien remarquer !

"Il parlait de l'exode, dit précise donc St Luc, qu'il devait accomplir à Jérusalem !" Et il est vrai qu'à partir de la Transfiguration, St Luc notera souvent que Jésus faisait route vers Jérusalem. D'ailleurs, aussitôt la Transfiguration, St Luc, lui encore, dira que Jésus "prit résolument la route de Jérusalem". Il faut traduire en mot-à-mot : "il durcit sa face vers Jérusalem" ! "Durcir sa face", c'est l'expression que prendra le prophète Isaïe pour décrire le "Serviteur souffrant", qui préfigure le Christ, lors de sa passion.

Devant ce spectacle pourtant extraordinaire, Il est dit que Pierre - et ses compagnons aussi - "furent écrasés de sommeil".  Pierre en sommeil ! Naturellement certains, certaines ont affirmé que le chef des apôtres, étant dans la nuée qui les couvrait, ne pouvait pas dormir. Ce n'est pas possible ! Il devait s'agir d'un sommeil mystique ! Bien sûr ! Pourtant les termes employés par Luc évoquent bien un sommeil biologique ! Et cela me console. A l'agonie aussi, Pierre dormira !

Ce n'est que bien plus tard, que les disciples se rendront compte de l'importance de ce qu'ils ont vécu avec Jésus. En attendant, ils dorment ! C'est souvent ainsi, pour nous-mêmes également. Les grands moments de notre vie avec le Christ - de notre vie baptismale, religieuse... -, ces moments qui nous ont engagés à suivre le Christ, ce n'est souvent qu'en y réfléchissant, qu'en les regardant rétrospectivement que l'on en découvre peu à peu toute leur signification, leur importance, que l'on y discerne déjà la présence divine du Christ "transfiguré", comme pour nous signifier, à l'avance, le terme de notre exode ici-bas : la gloire du Christ transfiguré ! Et à ces moments privilégiés de notre engagement chrétien, nous y voyons, nous aussi, peu à peu et plus ou moins consciemment, toute une signification, celle du terme de notre exode ici-bas, signification révélée et entrevue dès le commencement... !

"Pierre, prenant la parole... !".  Pierre, avec sa spontanéité est toujours là pour dire ce que tout le monde pense ! "Dressons trois tentes" ! Comme pour la fête des tentes !

"Comme il parlait encore, voici qu'une nuée lumineuse...!"... La nuée, symbole de la présence divine, au cours de l'Exode !
"Et une voix disait de la nuée : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Ecoutez-le !".
 Ils tombèrent à terre, terrifiés. Mais Jésus s'approcha... "Levant les yeux, ils ne virent que Jésus seul !".

Jésus seul ! Quand on lit le texte rapidement, superficiellement, on dirait que c'est pour signifier simplement la fin de la vision, le retour à la vie normale !
Mais ce n'est pas l'intention des Evangélistes. Ne plus voir que Jésus seul, n'est-ce pas ce qui peut arriver de mieux ? Car, avec Jésus, c’est tout l’univers qui apparaît alors dans sa véritable lumière. Jésus seul de qui tout vient, vers qui tout va !

Jésus seul n’est pas n’importe qui. Il est le verbe incarné. Il est celui en qui réside corporellement la plénitude de la divinité, en qui sont tous les trésors de sagesse et de science… ! Et quand on ne voit plus que jésus seul, ce n’est pas un rétrécissement de perspective, c’est au contraire l’intelligence qui évolue dans toutes ses dimensions.

C'est ce que St Paul avait compris, lui qui ne voulait rien savoir d'autre que le Christ seul (I Co 1.1,2 - Gal. 6.14!. Il écrira : Dieu "nous a en effet arrachés à l'empire des ténèbres et nous a transférés dans le Royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés.
Il est l'Image du Dieu invisible, Premier-né de toute créature, car c'est en lui qu'ont été créées toutes choses, dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, Trônes, Souverainetés, Autrorités, Pouvoirs.
Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses et tout subsiste en lui. Et il est aussi la Tête du Corps, c'est-à-dire de l'Eglise : Il est le Principe, Premier-né d'entre les morts... Car Dieu s'est plu à faire habiter en lui toute la Plénitude et de tout réconcilier par lui et pour lui, aussi bien sur la terre que dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix" (Col 1. 13-20)

"Ils ne virent plus que lui, Jésus, seul !". En Jésus seul, c'est tout l’univers qui apparaît en sa vraie lumière ! Du commencement au terme !

Jésus, semble-t-il, a voulu donner à ses apôtres - et de ce fait à nous-mêmes - un avant-goût du terme de l’aventure humaine : sa gloire divine !
Nous voyons, là, toute une admirable pédagogie divine à notre égard : Dieu dit d’abord tout, d’un seul coup, et ensuite, dans le concret de l’existence, il nous fait cheminer à la conquête de ce que nous connaissons déjà, plus ou moins mystérieusement  par la révélation de sa personne transfiguré !

Ainsi, les apôtres vont rester accrochés au Christ, séduits par le mystère de sa personne. Ils vont le suivre, même s'ils vont montrer qu’ils ont "des yeux pour ne pas voir, des oreilles pour ne pas entendre" (Cf. Math 13.14), qu’ils ne comprennent toujours rien..., même lorsqu'ils vont terminer leur montée vers Jérusalem, avec Jésus !
Cette montée qui commence au jour de la Transfiguration trouvera une sorte de paroxysme entre Jéricho et Jérusalem. Là encore, Jésus guérit deux aveugles pour montrer qu’il faut un véritable miracle pour le rejoindre dans la solitude incomprise de sa mission : nous emmener vers son Père et notre Père, vers son Dieu et notre Dieu (Cf. Jn 20.17)
Et lors de la Passion, les apôtres se disperseront sauf Jean, Jean le théologien, Jean, le premier à "voir" le Christ seul !

De même, chacun de nous est l’objet de cette pédagogie de Dieu : par tel ou tel évènement - une sorte de "transfiguration" -, il nous a été donné cette certitude que nous sommes, nous aussi, au seuil de cette vision où nous verrons le Seigneur comme Dieu nous voit maintenant. Et cette certitude nous accompagne tout au long de notre existence. Même si nous ne comprenons qu'imparfaitement, même si nous passons par des ravins de ténèbres, nous savons que Dieu est notre berger ! "Le Seigneur est mon berger, rien ne me manque" (Cf. Ps 43).

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