08.07
Transfiguration ! -
Beaucoup de pèlerins de Terre Sainte
pensent que le Mont Tabor fut le lieu de la Transfiguration. Cette
localisation a été retenue à cause du psaume 89ème (V/13) : "Le
Tabor et l'Hermon à ton nom crient de joie !". Et pourquoi crient-iles
de joie ? A cause de la Transfiguration. Bien sûr ! Et on a retenu le Tabor,
parce qu'il était plus proche de Jérusalem..., plus facile d'accès pour les
pèlerins !
Mais, s'il faut désigner un lieu, il semble
bien que l'une des montagnes qui entourent le mont Hermon est plus
authentique, car cet évènement est placé aussitôt après "La Confession de
Pierre" qui, selon St Matthieu a lieu "dans
la région de Césarée de Philippe" (16.13).
"Jésus
prend avec lui Pierre Jacques et Jean !" - Ce sont les mêmes
qui seront les témoins de son agonie". C'est à remarquer !
"Il
les emmène à l'écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux.
Son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme
la lumière. Et voici que leur apparurent Moïse et Elie qui s'entretenaient avec
lui !".
"Six
jours après..." après la Confession de Pierre, avait bien noté St
Matthieu.
Et cette précision de "six jours"
n'est sans doute pas due au hasard ! C'est la durée qui s'étend entre la fête
du "Yom Kippour" (du "Grand Pardon") et la fête de
Soukkot", la "fête des tentes" qui rappelle l'exode des Hébreux
dans le désert ! D'ailleurs, St Luc précise, lui, qu'avec Moïse et Elie, Jésus "parlait de son exode ! "Exodos"
est le mot employé !
Après le "Yom Kippour", Jour du
"Grand Pardon" de Dieu proclamé, en quelque sorte, par la Confession
de Pierre, il est question d'"exode" - que rappelait la fête des
Tentes" et que Matthieu évoque en parlant de "six jours après" - ! Ce contexte voulu et précisé de la
"Transfiguration" est à bien remarquer !
"Il
parlait de l'exode,
dit précise donc St Luc, qu'il devait
accomplir à Jérusalem !" Et il est vrai qu'à partir de la
Transfiguration, St Luc notera souvent que Jésus faisait route vers Jérusalem. D'ailleurs,
aussitôt la Transfiguration, St Luc, lui encore, dira que Jésus "prit résolument la route de
Jérusalem". Il faut traduire en mot-à-mot : "il durcit sa face vers Jérusalem" ! "Durcir
sa face", c'est l'expression que prendra le prophète Isaïe pour décrire le
"Serviteur souffrant", qui préfigure le Christ, lors de sa passion.
Devant ce spectacle pourtant extraordinaire,
Il est dit que Pierre - et ses compagnons aussi - "furent écrasés de sommeil". Pierre en sommeil ! Naturellement certains,
certaines ont affirmé que le chef des apôtres, étant dans la nuée qui les
couvrait, ne pouvait pas dormir. Ce n'est pas possible ! Il devait s'agir d'un sommeil
mystique ! Bien sûr ! Pourtant
les termes employés par Luc évoquent bien un sommeil biologique ! Et cela me
console. A l'agonie aussi, Pierre dormira !
Ce n'est que bien plus tard, que les
disciples se rendront compte de l'importance de ce qu'ils ont vécu avec Jésus.
En attendant, ils dorment ! C'est souvent ainsi, pour nous-mêmes également. Les
grands moments de notre vie avec le Christ - de notre vie baptismale,
religieuse... -, ces moments qui nous ont engagés à suivre le Christ, ce n'est
souvent qu'en y réfléchissant, qu'en les regardant rétrospectivement que l'on
en découvre peu à peu toute leur signification, leur importance, que l'on y
discerne déjà la présence divine du Christ "transfiguré", comme pour
nous signifier, à l'avance, le terme de notre exode ici-bas : la gloire du
Christ transfiguré ! Et à ces moments privilégiés de notre engagement chrétien,
nous y voyons, nous aussi, peu à peu et plus ou moins consciemment, toute une
signification, celle du terme de notre exode ici-bas, signification révélée et
entrevue dès le commencement... !
"Pierre,
prenant la parole... !". Pierre, avec sa spontanéité est toujours là
pour dire ce que tout le monde pense ! "Dressons
trois tentes" ! Comme pour la fête des tentes !
"Comme
il parlait encore, voici qu'une nuée lumineuse...!"... La nuée, symbole de
la présence divine, au cours de l'Exode !
"Et
une voix disait de la nuée : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Ecoutez-le
!".
Ils
tombèrent à terre, terrifiés. Mais Jésus s'approcha... "Levant les yeux, ils ne virent que Jésus seul !".
Jésus seul ! Quand on lit le
texte rapidement, superficiellement, on dirait que c'est pour signifier simplement
la fin de la vision, le retour à la vie normale !
Mais ce n'est pas l'intention des
Evangélistes. Ne plus voir que Jésus seul, n'est-ce pas ce qui peut
arriver de mieux ? Car, avec Jésus, c’est tout l’univers qui apparaît alors
dans sa véritable lumière. Jésus seul de qui tout vient, vers qui tout va !
Jésus seul n’est pas
n’importe qui. Il est le verbe incarné. Il est celui en qui réside
corporellement la plénitude de la divinité, en qui sont tous les trésors de
sagesse et de science… ! Et quand on ne voit plus que jésus seul, ce n’est pas
un rétrécissement de perspective, c’est au contraire l’intelligence qui évolue
dans toutes ses dimensions.
C'est ce que St Paul avait compris, lui qui
ne voulait rien savoir d'autre que le Christ seul (I Co 1.1,2 - Gal.
6.14!.
Il écrira : Dieu "nous a en effet arrachés à l'empire des ténèbres et nous a
transférés dans le Royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la
rédemption, la rémission des péchés.
Il est l'Image du Dieu invisible, Premier-né de toute
créature, car c'est en lui qu'ont été créées toutes choses, dans les
cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, Trônes, Souverainetés, Autrorités,
Pouvoirs.
Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant
toutes choses et tout subsiste en lui. Et il est aussi la Tête du Corps,
c'est-à-dire de l'Eglise : Il est le Principe, Premier-né d'entre les morts...
Car Dieu s'est plu à faire habiter en lui toute la Plénitude et de tout
réconcilier par lui et pour lui, aussi bien sur la terre que dans les
cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix" (Col
1. 13-20)
"Ils
ne virent plus que lui, Jésus, seul !". En Jésus seul, c'est tout
l’univers qui apparaît en sa vraie lumière ! Du commencement au terme !
Jésus, semble-t-il, a voulu donner à ses
apôtres - et de ce fait à nous-mêmes - un avant-goût du terme de l’aventure
humaine : sa gloire divine !
Nous voyons, là, toute une admirable
pédagogie divine à notre égard : Dieu dit d’abord tout, d’un seul coup, et
ensuite, dans le concret de l’existence, il nous fait cheminer à la conquête de
ce que nous connaissons déjà, plus ou moins mystérieusement par la révélation de sa personne transfiguré
!
Ainsi, les apôtres vont rester accrochés au
Christ, séduits par le mystère de sa personne. Ils vont le suivre, même
s'ils vont montrer qu’ils ont "des
yeux pour ne pas voir, des oreilles pour ne pas entendre" (Cf. Math 13.14), qu’ils ne
comprennent toujours rien..., même lorsqu'ils vont terminer leur montée vers
Jérusalem, avec Jésus !
Cette montée qui commence au jour de la
Transfiguration trouvera une sorte de paroxysme entre Jéricho et Jérusalem. Là
encore, Jésus guérit deux aveugles pour montrer qu’il faut un véritable miracle
pour le rejoindre dans la solitude incomprise de sa mission : nous emmener vers
son Père et notre Père, vers son Dieu et notre Dieu (Cf. Jn 20.17)
Et lors de la Passion, les apôtres se
disperseront sauf Jean, Jean le théologien, Jean, le premier à "voir"
le Christ seul !
De même, chacun de nous est l’objet de
cette pédagogie de Dieu : par tel ou tel évènement - une sorte de
"transfiguration" -, il nous a été donné cette certitude que nous
sommes, nous aussi, au seuil de cette vision où nous verrons le Seigneur comme
Dieu nous voit maintenant. Et cette certitude nous accompagne tout au long de
notre existence. Même si nous ne comprenons qu'imparfaitement, même si nous
passons par des ravins de ténèbres, nous savons que Dieu est notre berger ! "Le Seigneur est mon berger, rien ne me
manque" (Cf.
Ps 43).
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