Noël - Messe de l'aurore 15-16 C
Quelle rubrique de journal aurait mentionné l’événement rapporté par l'évangile, si la presse avait existé au temps de
Quirinius, gouverneur de Syrie ? Je pense qu'il aurait paru sous la
rubrique "Faits divers", et sûrement pas "à la une", comme
l'on dit !
Oui, voilà ce que Dieu choisit : une
venue discrète dans une bourgade méconnue, sous les traits "d'un nouveau-né emmailloté et couché
dans une mangeoire" que découvrirent les bergers. Oui, Dieu fait
rarement de l'esclandre quand il se manifeste.
En ce Noël 2015, quelques semaines après
les évènements tragiques qui ont ensanglanté une partie du monde et notre
propre pays, évènements qui se veulent de grande puissance, contemplons ce que
Dieu a choisi pour se manifester aux hommes :
Il a choisi la précarité d'un
nouveau-né !
Il a choisi la fugacité d'une parole
!
Il a choisi la vulnérabilité d'un
condamné !
Il a choisi la frugalité d'une
bouché de pain !
Dieu a choisi la précarité d'un nouveau-né
!
Voilà le premier signe donné aux bergers et
en même temps à l'humanité.
Quoi de plus précaire qu'un nouveau-né ? Il
dépend de tout et de tous. Et cette dépendance est vitale pour lui. Dieu
accepte de se faire porter, nourrir, d'apprendre à parler, à marcher... Dieu,
le Créateur, choisit d'être homme, et donc petit d'un homme !
Quel grand message : la véritable force
de la vie, c'est l'Amour dont elle peut être entourée. L'Enfant de
Bethléem, entouré de tendresse dans la pauvreté humaine d'une crèche nous dit
que le véritable handicap est celui du cœur !
Si Dieu a choisi la précarité d'un
nouveau-né, c'est pour dire aux hommes la force
de la tendresse qui l'a entouré dès sa naissance !
Dieu a choisi la fugacité d'une parole !
Dieu est Parole créatrice : "Il dit et cela fut", dit le
livre de a Genèse. Lui, le Souffle créateur a choisi de se faire souffle
humain, parole humaine ! Jésus n'a rien écrit. Il a préféré parler, et faire
confiance à ceux qui se souviendraient de ses paroles et écriraient pour les
générations à venir, jusqu'à nous !
Des paroles, nous en entendons chaque jour,
abondamment parfois. Que de mots écrits dans la presse, la publicité, sur
Internet ! Les journalistes sont à l'affût de la parole qui fait choc.
L'originalité de la Parole du Christ, c'est
que sa parole, ce fut en même temps sa façon de vivre. Oui, le Verbe s'est fait
chair. La "Parole" a pris corps ; et tout ce qu'il a dit, il l'a
vécu. Quand Dieu dit..., il fait ! C'est en cela qu'il est crédible et
qu'il est fiable.
Une parole peut être fugace, mais celle de
Dieu est vraie parce que vécue dans l'amour. Telle est sa force et sa fécondité.
Dieu a choisi la vulnérabilité d'un
condamné.
On ne peut pas parler de la venue de Jésus
à Bethléem sans parler, aussi, de sa mort à Jérusalem.
Oui, Dieu s'est mis du côté de l'innocent
injustement condamné depuis cette nuit où "il
n'y avait pas de place pour lui dans la salle commune" (Lc 2.7), et où sa naissance fut annoncée d'abord aux exclus de
l'époque, des bergers. Et il choisira d'être rejeté dans ce procès où il sera
au banc des accusés, "lui qui était
passé sur terre en faisant le bien" (Ac. 10.38) !
Mais le condamné crucifié a été relevé ; c'est
là notre espérance. La vulnérabilité d'un enfant de Bethléem qui sera celle
d'un Innocent condamné, parce qu'elle fut choisie par amour, a connu la
victoire de la Vie ! Notre espérance n'est pas vaine ! Avec l'enfant de
Bethléem, avec le Christ ressuscité, des réconciliations s'établissent, des
murs s'effondrent, des conflits disparaissent. La paix est possible ! La
vulnérabilité d'un enfant et d'un Innocent condamné est une force en notre monde de violents !
Dieu a choisi enfin la fragilité d'une
bouchée de pain !
Nous sommes là, en ce Noël, pour partager
le repas du Seigneur ! Quoi de plus frugal qu'un peu de pain, un peu de vin ?
C'est ce que Jésus a choisi pour que nous fassions mémoire de Lui ! Dieu a
choisi de se faire nourriture, de se laisser manger pour que l'humanité
grandisse, grandisse en amour !
Nous avons besoin de cette
nourriture-là pour que nous choisissions à notre tour la précarité de l'enfant
qui reconnaît sa fragilité, et qui se réjouit même d'être fragile pour être
aimé.
Nous avons besoin de cette
nourriture-là pour que nous parlions la langue de Dieu, cette langue qui bannit
les mots "vengeance", "rancune", "haine",
"chacun pour soi"... ; et qui, au contraire, met sur nos lèvres les
mots "tendresse", "pardon", "fraternité",
"miséricorde"... Une langue qui ne soit pas langue morte, mais langue
vivante parlée et vécue.
Nous avons besoin de cette
nourriture-là pour aimer jusqu'au don de soi, prenant au sérieux la parole du
Christ : "Il n'y a pas de plus
grande preuve d'amour que de donner sa vie pour ceux que l'on aime" !
Le pain que Dieu nous donne est Pain de Vie
; c'est sa force et notre force !
En cette nuit de Noël où Dieu, en Jésus, se
fait fragile et non tout-puissant, croyons en ce Dieu qui manifeste sa force
dans la fragilité d'un nouveau-né,
dans la fugacité d'une parole,
dans la vulnérabilité d'un crucifié,
dans la frugalité d'une bouchée de pain.
Sa
force, son unique force est celle de l'Amour !
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