dimanche 4 janvier 2015

Deux "Bonnes Nouvelles" !

2ème Dim. après Noël - Enfants de Dieu  (Si. 24.1sv – Eph. 1.3sv – Lc 1.1-18)

Les textes de ce Dimanche après Noël nous invitent à contempler, une fois de plus, le grand mystère d’un Dieu qui se fait homme ! Et St Jean nous répète comme au jour de Noël : “Au commencement était le Verbe… Et le Verbe était Dieu. Rien ne s’est fait sans lui. … Et le Verbe s’est fait chair…  Et à ceux qui croient en son Nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de DieuIls sont nés de Dieu !“

Savons-nous mesurer véritablement la réalité insolite de ce grand mystère que nous venons de fêter :
- Dieu s’est fait chair ! “Et caro factum est !“.
- Et, en conséquence, ceux qui croient en ce Dieu fait homme deviennent “fils de Dieu !

Que Dieu fasse alliance avec l’homme ? Oui ! On pouvait l’imaginer, le comprendre. Tout l’Ancien Testament est une admirable histoire d’alliance, une “histoire d’amour“ entre le Créateur et sa créature… souvent rebelle d’ailleurs !

Les livres de la Sagesse dont notre première lecture fait partie nous le rappellent. La SAGESSE nous est présentée comme une personne qui, tout en étant une créature, existe avant la création du monde… C’est en jouant devant Dieu, est-il dit (Prov. 8), qu’elle inspire fortement le Créateur !
Et il est vrai qu’en nous plongeant quelque peu dans les profondeurs des mers, en nous élevant vers l’immensité des cieux, en admirant la complexité de la nature qui nous entoure…, on peut deviner qu’avec la Sagesse qui joue devant lui, Dieu, si l'on peut dire, s’est bien amusé avec la diversité et la complexité dont il a usé en créant les univers.
La Sagesse fut créée, est-il dit encore (Prov 8.22) comme "prémices des œuvres de Dieu" (prémices : “reshit“ en hébreu, comme “bereshit“ : “Au commencement…“, ce commencement que St Jean nous rappelle…). C’est donc avec la Sagesse qui jouait à ses côtés que Dieu créait les mondes… ! Notre Dieu n'est pas un Dieu triste. Notre Dieu est un Dieu joyeux : en créant, il devait lui-même rire avec la Sagesse qui jouait à ses côtés !

Et, après avoir ainsi inspirée Dieu au moment de la création, cette même SAGESSE qui “amuse Dieu“, si je puis dire, vient converser avec les enfants des hommes : “La Sagesse a bâti sa maison, abattu ses bêtes, préparé son vin ; elle a dressé sa table…“ (Prov 9.2sv). C’est déjà l’invitation au banquet dans le Royaume des cieux dont parlera Notre Seigneur !

Mais retenons que - au-delà de l'humour que manifestent ces textes - cette Sagesse de Dieu dont il est question prophétisait : elle préparait les hommes à accueillir la “Bonne Nouvelle“ si stupéfiante : “Et le Verbe s’est fait chair !“.
Oui, une “Bonne Nouvelle“ si inimaginable que Dieu doit en rire en sa “folie d’amour“ pour l’homme ! Il doit rire de notre stupéfaction : l’Incréé se fait créature ! La Puissance de Dieu se fait faiblesse d’homme, l’Infini se fait finitude…, l’Immatériel se fait matière ! Et on peut imaginer que les anges dans le ciel, au moment de la Nativité, chantent merveilleusement, avec le sourire amusé de la Sagesse divine : “Gloire à Dieu au plus haut des cieux… !“

Voilà cette grande réalité que nous rappelle ce deuxième Dimanche après Noël : La Sagesse de Dieu joue toujours devant Dieu - elle sourit devant l’Enfant-Dieu - ; et elle nous invite à répondre avec folie respectueuse et joyeuse à la folie d’amour de Dieu pour l’homme ! Que toute notre vie danse avec joie devant le Très haut, qu’elle chante en paix avec Marie : “Mon âme exalte le Seigneur !“

Oui, qu’avec la Sagesse divine, notre vie danse et chante pour le Très-Haut, car cette histoire - cette folie d’amour de Dieu pour l’homme - n’est pas terminée ! Il y a une autre “Bonne Nouvelle“ encore plus stupéfiante : A ceux qui croient, nous dit St Jean, Dieu donne le pouvoir de devenir enfant de Diru… ! “Ils sont nés de Dieu“. C’est encore la Sagesse de Dieu qui va au fond de la salle du banquet qu’elle a préparée ; elle vient nous prendre ; elle nous dit avec son sourire amusé : “Mon ami, monte plus haut !“ (Lc 14.10)… Pour nous placer à la table des enfants du Roi des cieux !

Savons-nous peser toute la densité des phrases que St Paul nous adresse aujourd’hui : "Dieu nous comble de sa bénédiction spirituelle en Jésus Christ. En lui, il nous a choisis… Il nous a destinés à devenir pour lui des fils… Voilà ce qu’il a voulu dans sa bienveillance pour que soit chantée la merveille du don gratuit qu’il nous fait… !". Et St Jean s’écriera, lui : “Voyez de quel grand amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu". Et il terminait avec force : “et nous le sommes !“. Et nous le sommes, enfants de Dieu ! Ce n’est pas une figure de style. C’est une réalité !

St Paul qui ne maniait pas l’humour comme la Sagesse divine, explicitera cette réalité avec l’acuité intellectuelle du pharisien, fils de pharisien. Pour cet apôtre, tous les chrétiens, de par la foi et le baptême, sont “fils de Dieu“ ! : “Tous, vous êtes, par la foi, fils de Dieu en Jésus Christ. Oui, vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ“ (Gal 3.26).

Fils de Dieu ! Comment cela ? Ne serait-ce pas simple allégorie ? Non point ! Car le terme employé par St Paul - uiothesia- (Gal 4.5) doit être compris dans le sens le plus strict : les chrétiens sont d’authentiques “fils de Dieu“ ! Et aux Galates, l’apôtre affirme que le but de l’Incarnation et de la Rédemption est de conférer aux hommes la dignité de “fils de Dieu“ (Gal 4.5-7) : “Quand vint la plénitude des temps, Dieu envoya son Fils… afin que nous recevions l’adoption filiale… !".

Et, ajoute-t-il, puisque vous êtes fils, "Dieu a envoyé dans vos cœurs l’Esprit de son Fils, lequel crie “Abba - Père !“. Oui, le chrétien reçoit en conséquence l’Esprit de Jésus, le Fils par nature, qui leur donne une mentalité filiale. De ce chef, la nouvelle alliance se caractérise comme le régime de l’Esprit qui anime tous les adoptés : “Seuls sont enfants de Dieu ceux qui sont mus par l’Esprit de Dieu“  (Rm 8.14-17).
Bien plus, insiste l’apôtre, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers, héritiers de Dieu, cohéritiers avec le Christ. Ainsi le chrétien a un double privilège : il peut appeler Dieu : Père ; et il est héritier direct des biens du Père. C’est dire que l’adoption l’a vraiment introduit dans la famille de Dieu Père, Fils, Esprit-Saint.

Aussi St Paul insistera : l’adoption n’est pas une métaphore, mais bien une réalité : le chrétien fait bien partie de la famille de Dieu. Et il hérite nécessairement du patrimoine de son Père. La métaphore est largement dépassée. Les chrétiens ne sont pas seulement des fils adoptés (uioi), mais des enfants proprement dit (tekna) (Rm 8.16-17). St Paul substitue parfois le second terme au premier pour bien signaler la réalité d’un l’engendrement. Dieu a le pouvoir de communiquer sa nature et sa vie à ceux qu’il adopte ! Savons-nous appréhender véritablement cette réalité ?

La conséquence est un souhait que Paul formule aujourd’hui (et ailleurs) : “Que le Dieu de Notre Seigneur Jésus Christ, le Père dans sa gloire, vous donne un Esprit de sagesse pour le découvrir et le connaître vraiment. Qu’il ouvre votre cœur à sa lumière pour vous faire comprendre l’espérance que donne son appel, la gloire sans prix de l’héritage que vous partagez avec les fidèles“.

Oui, le Verbe s’est fait chair !
Et ceux qui croient deviennent vraiment “fils de Dieu“ !
Puissions-nous avoir le regard assez pénétré de cette réalité qui modifiera obligatoirement le regard que nous pouvons porter sur nos frères, eux aussi fils de Dieu !

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