2ème Dim. après Noël -
Enfants de Dieu (Si. 24.1sv – Eph. 1.3sv – Lc 1.1-18)
Les
textes de ce Dimanche après Noël nous invitent à contempler, une fois de plus,
le grand mystère d’un Dieu qui se fait homme ! Et St Jean nous répète
comme au jour de Noël : “Au commencement était le Verbe… Et le Verbe était
Dieu. Rien ne s’est fait sans lui. … Et le Verbe s’est fait chair… Et à ceux qui croient en son Nom, il a donné
le pouvoir de devenir enfants de Dieu… Ils sont nés de Dieu !“
Savons-nous
mesurer véritablement la réalité insolite de ce grand mystère que nous venons
de fêter :
- Dieu
s’est fait chair ! “Et caro
factum est !“.
- Et, en conséquence, ceux qui croient en
ce Dieu fait homme deviennent “fils de Dieu !“
Que Dieu fasse alliance avec l’homme ?
Oui ! On pouvait l’imaginer, le comprendre. Tout l’Ancien Testament est
une admirable histoire d’alliance, une “histoire d’amour“ entre le Créateur et
sa créature… souvent rebelle d’ailleurs !
Les livres de la Sagesse dont notre première
lecture fait partie nous le rappellent. La SAGESSE nous est présentée comme une
personne qui, tout en étant une créature, existe avant la création du monde…
C’est en jouant devant Dieu, est-il dit (Prov. 8), qu’elle inspire
fortement le Créateur !
Et il est vrai qu’en nous plongeant quelque
peu dans les profondeurs des mers, en nous élevant vers l’immensité des cieux,
en admirant la complexité de la nature qui nous entoure…, on peut deviner
qu’avec la Sagesse qui joue devant lui, Dieu, si l'on peut dire, s’est bien
amusé avec la diversité et la complexité dont il a usé en créant les univers.
La Sagesse fut créée, est-il dit encore (Prov 8.22) comme "prémices des œuvres de Dieu" (prémices :
“reshit“ en hébreu, comme “bereshit“ : “Au commencement…“, ce commencement que
St Jean nous rappelle…).
C’est donc avec la Sagesse qui jouait à ses côtés que Dieu créait les
mondes… ! Notre Dieu n'est pas un Dieu triste. Notre Dieu est un Dieu joyeux :
en créant, il devait lui-même rire avec la Sagesse qui jouait à ses côtés !
Et, après avoir ainsi inspirée Dieu au
moment de la création, cette même SAGESSE qui “amuse Dieu“, si je puis dire,
vient converser avec les enfants des hommes : “La Sagesse a bâti sa maison, abattu ses bêtes, préparé son vin ;
elle a dressé sa table…“ (Prov 9.2sv). C’est déjà l’invitation au banquet dans
le Royaume des cieux dont parlera Notre Seigneur !
Mais retenons que - au-delà de l'humour que
manifestent ces textes - cette Sagesse de Dieu dont il est question
prophétisait : elle préparait les hommes à accueillir la “Bonne Nouvelle“ si
stupéfiante : “Et le Verbe
s’est fait chair !“.
Oui, une “Bonne Nouvelle“ si inimaginable
que Dieu doit en rire en sa “folie d’amour“ pour l’homme ! Il doit rire de
notre stupéfaction : l’Incréé se fait créature ! La Puissance de Dieu se
fait faiblesse d’homme, l’Infini se fait finitude…, l’Immatériel se fait
matière ! Et on peut imaginer que les anges dans le ciel, au moment de la
Nativité, chantent merveilleusement, avec le sourire amusé de la Sagesse
divine : “Gloire à Dieu au plus haut
des cieux… !“
Voilà cette grande réalité que nous
rappelle ce deuxième Dimanche après Noël : La Sagesse de Dieu joue
toujours devant Dieu - elle sourit devant l’Enfant-Dieu - ; et elle nous
invite à répondre avec folie respectueuse et joyeuse à la folie d’amour de Dieu
pour l’homme ! Que toute notre vie danse avec joie devant le Très haut, qu’elle
chante en paix avec Marie : “Mon âme
exalte le Seigneur !“
Oui, qu’avec la Sagesse divine, notre vie
danse et chante pour le Très-Haut, car cette histoire - cette folie d’amour de
Dieu pour l’homme - n’est pas terminée ! Il y a une autre “Bonne
Nouvelle“ encore plus stupéfiante : A ceux qui croient, nous dit St
Jean, Dieu donne le pouvoir de devenir enfant de Diru… ! “Ils sont
nés de Dieu“. C’est encore la Sagesse de Dieu qui va au fond de la salle du
banquet qu’elle a préparée ; elle vient nous prendre ; elle nous dit
avec son sourire amusé : “Mon ami,
monte plus haut !“ (Lc 14.10)… Pour nous placer à la table des
enfants du Roi des cieux !
Savons-nous peser toute la densité des
phrases que St Paul nous adresse aujourd’hui : "Dieu nous comble de sa bénédiction spirituelle en Jésus Christ.
En lui, il nous a choisis… Il nous a destinés à devenir pour lui des fils…
Voilà ce qu’il a voulu dans sa bienveillance pour que soit chantée la
merveille du don gratuit qu’il nous fait… !". Et St Jean s’écriera,
lui : “Voyez de quel grand amour le
Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu".
Et il terminait avec force : “et nous
le sommes !“. Et nous le sommes, enfants de Dieu ! Ce n’est
pas une figure de style. C’est une réalité !
St Paul qui ne maniait pas l’humour comme
la Sagesse divine, explicitera cette réalité avec l’acuité intellectuelle du
pharisien, fils de pharisien. Pour cet apôtre, tous les chrétiens, de par la
foi et le baptême, sont “fils de Dieu“ ! : “Tous, vous êtes, par la foi, fils de Dieu
en Jésus Christ. Oui, vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez
revêtu le Christ“ (Gal
3.26).
Fils de Dieu ! Comment cela ? Ne
serait-ce pas simple allégorie ? Non point ! Car le terme employé par St
Paul - uiothesia- (Gal
4.5)
doit être compris dans le sens le plus strict : les chrétiens sont d’authentiques
“fils de Dieu“ ! Et aux Galates, l’apôtre affirme que le but de
l’Incarnation et de la Rédemption est de conférer aux hommes la dignité de
“fils de Dieu“ (Gal
4.5-7) :
“Quand vint la plénitude des temps, Dieu
envoya son Fils… afin que nous recevions l’adoption filiale… !".
Et, ajoute-t-il, puisque vous êtes fils, "Dieu
a envoyé dans vos cœurs l’Esprit de son Fils, lequel crie “Abba - Père !“.
Oui, le chrétien reçoit en conséquence l’Esprit de Jésus, le Fils par nature,
qui leur donne une mentalité filiale. De ce chef, la nouvelle alliance se
caractérise comme le régime de l’Esprit qui anime tous les adoptés : “Seuls sont enfants de Dieu ceux qui sont
mus par l’Esprit de Dieu“ (Rm 8.14-17).
Bien plus, insiste l’apôtre, si nous
sommes enfants, nous sommes aussi héritiers, héritiers de Dieu, cohéritiers
avec le Christ. Ainsi le chrétien a un double privilège : il peut
appeler Dieu : Père ; et il est héritier direct des biens du Père.
C’est dire que l’adoption l’a vraiment introduit dans la famille de Dieu Père,
Fils, Esprit-Saint.
Aussi St Paul insistera : l’adoption
n’est pas une métaphore, mais bien une réalité : le chrétien fait bien
partie de la famille de Dieu. Et il hérite nécessairement du patrimoine
de son Père. La métaphore est largement dépassée. Les chrétiens ne sont pas
seulement des fils adoptés (uioi), mais des enfants proprement dit (tekna) (Rm 8.16-17). St Paul substitue
parfois le second terme au premier pour bien signaler la réalité d’un
l’engendrement. Dieu a le pouvoir de communiquer sa nature et sa vie à ceux
qu’il adopte ! Savons-nous appréhender véritablement cette réalité ?
La conséquence est un souhait que Paul
formule aujourd’hui (et
ailleurs) :
“Que le Dieu de Notre Seigneur Jésus
Christ, le Père dans sa gloire, vous donne un Esprit de sagesse pour le
découvrir et le connaître vraiment. Qu’il ouvre votre cœur à sa lumière pour
vous faire comprendre l’espérance que donne son appel, la gloire sans prix de
l’héritage que vous partagez avec les fidèles“.
Oui, le Verbe s’est fait chair !
Et ceux qui croient deviennent vraiment “fils
de Dieu“ !
Puissions-nous avoir le regard assez
pénétré de cette réalité qui modifiera obligatoirement le regard que nous
pouvons porter sur nos frères, eux aussi fils de Dieu !
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