dimanche 11 janvier 2015

Renaître avec l'Esprit-Saint !

Baptême de Notre Seigneur 14/B

Nous sortons à peine des fêtes de Noël ; et la liturgie de ces derniers jours, en nous invitant à célébrer la "Sainte Famille" et l'"Epiphanie", nous gardait sous le charme de l'"Enfant-Jésus" !

Aujourd'hui, avec les premiers versets de St Marc, il y a véritablement un changement ! L'annonce de la "Bonne Nouvelle" commence avec le récit du "Baptême de Jésus" par Jean-Baptiste ! Cette fois, pour Jésus, le passage au Jourdain est comme une "nouvelle naissance".
- Il est l'homme parfait qui émerge des eaux pour s'adresser aux autres hommes.
- Il est surtout l'ambassadeur du Père, qui, après avoir reçu, pour ainsi dire, ses "lettres de créance", va commencer son ministère !
Oui, le Baptême pour Jésus, fut en quelque sorte "un nouveau départ", comme une "nouvelle naissance"... "A cette époque, Jésus, venant de Nazareth, ville de Galilée, se fait baptisé par Jean dans le Jourdain" (Mc 1-9).

C'est ainsi que, dans les premiers versets de son récit, St Marc n'a pas peur de nous rappeler que Jésus s'est soumis à un baptême de repentance ! Et nous pouvons y voir comme une continuation de l'Incarnation. Car Jésus se veut tout à fait "solidaire" de ce peuple qu'il vient sauver. "Bien que sans péché, il s'est identifié au péché", dira St Paul, pour racheter les hommes du péché.

Oui, Jésus descend dans ce fleuve dont le nom "Jourdain" veut dire "descente". Il descend en ce fleuve qui descend des monts de l'Hermon (2.800 m) jusqu' au lieu le plus bas du globe, lieu des habitants de Sodome et Gomorrhe dont les péchés ont été ensevelis sous les eaux de la Mer Morte (- 400 m). Il descend dans ce fleuve "descente" pour prendre sur Lui les péchés de Sodome et de Gomorrhe c'est-à-dire du monde entier et renaître à Dieu, pour Dieu et avec tous les hommes ! Lui, de condition divine, dira encore St Paul, il n'a pas craint de s'anéantir, prenant la condition de l'homme, et de l'homme pécheur !

Ainsi son enfouissement dans les eaux du Jourdain exprime à quel point il est en lien avec ceux qu'il est venu sauver. Ce Baptême de repentance est un geste d'amour rédempteur envers les hommes, et les hommes les plus pauvres, les plus pécheurs.
Dès lors, pendant tout son itinéraire terrestre, Jésus ne sera jamais l'homme qui reste sur la rive, comme un spectateur. Il ira, il sera toujours avec les pauvres, les malades, les pécheurs ! Il est comme l'un d'entre eux ! Les plus grands commentateurs des évangiles ont qualifié l'attitude de Jésus envers les derniers des exclus, les déshérités de toutes sortes par des expressions très imagés.
Il avait :
- "un intérêt inédit pour ce qui est perdu" (l'anglican Dodd + 1973)
- "une préférence pour les déshumanisés" (Léonardo Boff, Brésilien + 1080)
- "une tendance à aller vers le bas" (Bloch + 1955)
- "une prédilection pour les faibles" (Manuel Fraijo, Jésuite espagnol)
- "une vie en mauvaise compagnie", faisant bon accueil aux exclus de toutes sortes, aux publicains, prostituées... etc

Bien sûr, nous savons tout cela "intellectuellement"... ! Mais que de réflexions seulement, de démarches missionnaires auraient, de nos jours, à s'inspirer du geste du Christ ! Nous sommes parfois si peu "solidaires" de nos frères, ces exclus humainement ou spirituellement, alors que nous prétendons - pourtant - vouloir les voir "naître", "renaître" à Dieu !

On ne convertit pas avec de bonnes intentions, avec des raisonnements assenés avec quelque suffisance... A la suite de Jésus et de tous les missionnaires (tel Siméon Berneux, fêté en notre diocèse), à la suite d'une carmélite, telle Ste Thérèse de Lisieux, on ne convertit que ceux qu'on aime. Si le chrétien n'est pas en pleine sympathie (au sens propre du monde : "souffrir avec") avec le monde, s'il n'éprouve pas en lui-même les aspirations, les anxiétés du monde, s'il ne laisse pas grandir en son être le simple sens humain, jamais il ne réalisera en lui-même la symbiose avec le Christ. Parce que le Christ est le "médiateur entre le Ciel et la terre" (Teilhard de Chardin), entre ce qui est au plus élevé (Dieu) et ce qui est au plus bas (l'homme pécheur).

Oui, on ne convertit que ceux qu'on aime..., même s'ils nous apparaissent, au premier abord, peu sympathiques. Oh ! Certes, nous songeons souvent à "convertir nos frères" ! Mais, sommes-nous descendus, comme le Christ, avec eux, dans les eaux du Jourdain... pour pouvoir les aimer véritablement tels qu'ils sont et là où ils en sont, avec leurs défauts !

Oui, Jésus est bien descendu au plus bas du monde !

Mais alors, "du Ciel, une voix se fait entendre : C'est Toi, mon Fils bien-aimé ; en Toi j'ai mis tout mon amour !". Et Jésus "voit le Ciel se déchirer et l'Esprit descendre sur Lui comme une colombe". (Mc1.lO)

Ces images, j'en conviens, doivent nous déconcerter ; notre siècle est davantage friand de formules scientifiques que de vision qui semble poétique !  Pourtant, à cause de cela, allons-nous passer à côté de cette présence de l'Esprit, si vitale pour la vie du Christ et la nôtre ?
Ici, comme au début de la Création où l'Esprit planait sur les eaux .., comme au temps de l'Annonciation à Marie, l'Esprit de Dieu est présent au baptême de Jésus !

Et l'Esprit, c'est toujours l'Esprit des commencements, des "nouveaux départs", de toutes les naissances... L'Esprit est une force divine qui fait naître, surgir, vivre ! C'est Celui dont la prophétie d'Isaïe avait annoncé la venue : "Voici mon serviteur que je soutiens, mon Elu que j'ai moi-même en faveur, j'ai mis mon Esprit en lui" (Isaïe 42;1).

Oui, le Baptême de Jésus révèle en quelque sorte sa mission et celle de l'Esprit-Saint : pour sauver les hommes, le Père leur envoie son Fils Unique, pour qu'il en fasse d'autres fils guidés, animés comme Jésus, par l'Esprit-Saint qui peut "renouveler la face de la terre", qui peut "renouveler toutes choses", Ce sera ce même Esprit qui agira en Pierre, Paul, les Apôtres .., et en chaque chrétien pour annoncer le Règne de Dieu.

C'est l'occasion de nous demander : l'Esprit-Saint a-t-il encore une place dans notre vie de disciples de Jésus ou est-il devenu le grand absent ? Nous aide-t-il dans la vie concrète à nous situer comme des fils de Dieu qui aiment à prendre sans cesse de "nouveaux départs", opérer des "naissances" permanentes ?

Notre Baptême, pensons-nous parfois, appartient au passé ... Alors que des joies, des peines, des évènements petits ou grands, de nouvelles situations pourraient nous amener à "naître à nouveau", à prendre un nouveau départ, avec l'Esprit de Dieu !

"Moi, le Seigneur, dit Dieu par le prophète Isaïe, je t'ai appelé selon la justice, je t'ai pris par la main…" (Is. 42.6)
C'était vrai pour le peuple juif, exilé à Babylone  ...
C'était vrai pour Jésus, le premier d'entre les hommes, sur les bords du Jourdain.
C'est vrai encore pour nous, depuis notre baptême.

Que l'Esprit-Saint vienne sur nous tous, ce matin, et nous incite dans un nouveau départ, à proclamer chaque jour par notre vie : "Un Seul Seigneur, une Seule Foi, un Seul Baptême, un Seul Dieu et Père !".

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