T.O. 1 Vendredi - (Mc 2.1-12)
Depuis le début de l’évangile selon St Marc, il y a
comme un refrain qui revient sans cesse à nos oreilles : “Lève-toi !”
D’abord il est question d'un possédé que l'esprit
mauvais secouait. Jésus en fait un homme debout.
Ensuite, c’est la guérison de la belle-mère de
Simon-Pierre. Elle était au lit. Jésus la fait se lever ; et aussitôt, elle se
met au service de Jésus et de ses disciples, bien debout et vaillante !
Hier, c’était l’histoire d’un lépreux. Jésus le
guérit, si bien qu'il se met à courir partout, proclamant la nouvelle de sa
guérison. C'est désormais un homme non plus mutilé, exclu de la société, mais
vivant, bien debout dans la société des hommes.
Aujourd'hui, nous avons un double “lève-toi !”. Non seulement “lève-toi” : ton péché, la lourdeur qui
paralysait les jointures de ton cœur et de ton âme ne sont plus ; mais “lève-toi” de ton grabat, de ta maladie.
Ne sois plus un homme mort, en position allongée, mais bien debout,
capable de ridiculiser le symbole de la mort en portant sous le bras ton
brancard.
Chez St Marc principalement, Jésus recherche,
surtout en cette Galilée méprisée qu'il va parcourir en tous sens, des gens
modestes, voire très pauvres, les déshérités, les dépossédés, ces
"brebis perdues" qui ont été jusqu'à vendre leur petit lopin de terre
pour payer les lourds tributs à Rome, à Hérode-Antipas, au temple de Jérusalem.
C'est à ces hommes, ces femmes, ces enfants que l'on a fait "misérables"
que Jésus aime s'adresser et même partager leur frustre repas.
C'est d'abord à eux qu'il annonce : "Le Règne de Dieu"
est là ! Dieu est là ! Dieu est parmi vous ! Et les guérisons qu'il opère
sont avant tout des "signes" : tous les hommes quels qu'ils
soient, sont appelés à être debout, à accueillir Dieu riche en
miséricorde ; il les appelle à jouir d'une vie digne, digne des fils et filles
de Dieu qu'ils doivent être, humainement et spirituellement tout à la fois !
Jésus n'enseigne pas une doctrine que des pauvres
auraient peine à retenir ; il ne s'attarde pas à exposer des règles morales. Il
annonce simplement un événement que les plus pauvres, les plus
misérables peuvent accueillir avec joie et foi : Dieu est là, parmi vous, en
vous ! Et c'est Lui, Dieu, qui, à l'intérieur d'eux-mêmes, peut les
"ajuster" en vue d'une vie plus heureuse. Déjà ici-bas, et pleinement
pour le jour éternel !
En pensant au "Royaume d'éternité" auquel
tous aspirent, on oublie facilement que le "Règne de Dieu" doit commencer ici-bas ! Jésus dit :
Heureux devez-vous être maintenant, vous les pauvres, les affamés, les malades,
les éclopés de toutes sortes... Il ne s'agit pas de faire des dissertations
d'éternité. Et Jésus ne parle pas de la "pauvreté" dans l'abstrait ; il
parle aux nombreux "pauvres" qu'il fréquente, ceux qui survivent
avec peine, les mendiants, les malades de toutes sortes... Peut-être aimait-il
répéter la belle prière de Judith (9.11) :
"Seigneur, tu es le Dieu des
humbles, le secours des oppressés, l'abri des délaissés, le sauveur des
déshérités". Aussi, il dira avec insistance : "Le Règne de Dieu est là !". Dieu est près de vous, en
vous ! Et si, avec Dieu, vous agissez comme Dieu qui, lui, est "plein de miséricorde", alors vous
serez debout, pleinement en vie. Dès ici-bas et éternellement !
St Marc dit que Jésus guérissait et annonçait la
Parole. En d'autres termes, on pourrait dire que Jésus s'annonce lui-même. Il
se dit lui-même, non seulement par ce qu'il dit, mais par le seul fait qu'il
soit là. St Jean ne dira-t-il pas plus tard : Jésus est la Parole faite Chair,
la Parole venue chez les hommes… ! Par lui, Verbe de Dieu, tout fut créé ! Et
encore aujourd'hui, Jésus dit toujours : "faisons
l'homme à notre image... !". Et l'homme se tient debout. Oui, Jésus
parle toujours ; et sa Parole est Parole de Vie ! Aussi, quand le Fils
de Dieu, Jésus, Parole, Verbe de Dieu, annonce la Parole, il dit Dieu, il
dit la Vie ; la Vie du Père et la sienne et celle qu'ensemble, ils nous offrent.
Avec l'évangile d'aujourd'hui, nous pouvons
comprendre qu'avant même que les gens n'arrivent avec leur brancard et le
paralysé, la Vie est là, plus forte que la mort, que toute mort.
Car Jésus est bien Celui qui guérit ; mais plus
encore, il est Celui par qui la vie de Dieu se manifeste : “pour que vous sachiez que le Fils de l'homme
a le pouvoir de pardonner (ce que Dieu seul
peut faire) je te l'ordonne...”.
Jésus commande au mal qui est péché et au mal qui est maladie. Et il le fait à
la manière de Dieu, miséricordieux ; et il le fait aussi à la manière humaine en
guérissant, pour que tous comprennent bien.
Le “lève-toi” semble nous dire : quitte ton mal qui
t'embarrasse, qui te paralyse, et sois signe de vie. “L'homme se leva, prit aussitôt son brancard et sortit devant tout le
monde.”
Ce qu’il faut retenir, c'est que Jésus peut dire “lève-toi” parce qu'il est la Vie et
qu'il ne peut accepter de voir la mort, cette mort que l'on inflige aux
pauvres, aux affamés, aux malades de toutes sortes ; et il ne peut, non plus,
envisager la mort éternelle ! Certes Jésus fera plus tard l'expérience de la
mort, mais c'est la Vie qui l'emportera et pour lui et pour nous. Le récit
évangélique d'aujourd'hui est comme une première annonce du mystère pascal.
Aussi, Jésus dit à chacun : "Lève-toi !", relève-toi ! Sois debout, bien
vivant de la Vie même de Dieu... !
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