mardi 15 janvier 2013

Sts Maur et Placide


Saints Maur et Placide, disciples de St Benoît  - 15 Janvier

Historiquement, on ne sait pas grand chose sur St Maur et sur St Placide, tant St Grégoire le Grand qui nous les présente mêle facilement le "merveilleux" et l'histoire !

Il est très probable, cependant, que St Maur, de par son père et de par sa mère, était de familles patriciennes les plus illustres de Rome où il naquit en 512. A douze ans, selon une pratique assez répandue, il fut confié aux soins de St Benoît qui le reçut avec allégresse et l'entoura de son affection spirituelle. Il le forma si bien au service du Seigneur qu'il put le proposer en exemple aux autres religieux plus âgés. Très austère, surtout durant la période du Carême, il était assidu à la prière et gardait un silence rigoureux !

Par contre, St Grégoire ne satisfait que peu notre curiosité sur St Placide. On apprend par le chapitre 9ème de ses "Dialogues" que, lui aussi fils d'une noble famille, fut présenté à St Benoît en même temps que Maur. Tandis que Maur, largement son aîné, pouvait recevoir quelques charges, Placide n'était encore qu'un enfant. Mabillon propose la date de 522 pour la "présentation" de ces deux jeunes à St Benoît.

Au chapitre 5ème des mêmes "Dialogues", nous voyons St Benoît, au cours d'une nuit, faire avec le petit Placide ("parvulo puerulo"), l'ascension d'un sommet pour y prier afin que le Seigneur y amène l'eau nécessaire pour la Communauté des moines !

On connait surtout le fameux épisode qui relate que Placide faillit se noyer en allant puiser de l'eau dans un lac tout proche. St Benoît dépêcha Maur pour le secourir. Celui-ci, par la force de l'obéissance, marcha sur les eaux pour ramener le jeune enfant sur la berge. St Grégoire veut, là, donner une leçon autant d'humilité que d'obéissance !

C'est tout ce que St Grégoire nous rapporte de Placide. Certaines traditions, peu fondées historiquement, attestent que St Placide, envoyé par St Benoît fonder un monastère en Sicile, à Messine, fut pris par les Sarrazins et mourut martyr. Mais rien n'est certain !

Il en est de même, pratiquement, pour St Maur. On sait cependant que St Benoît emmena avec lui son jeune disciple au Mont-Cassin pour y combattre l'idolâtrie et établir, avec son concours, un monastère qui deviendra, si je puis dire, comme la capitale de l'Ordre bénédictin.
L'histoire de la fondation de Glanfeuil à laquelle les moines de France son attachés - évidemment -, l'histoire de la mort de St Maur et celle des diverses translations de ses reliques sont moins fondées, reposant principalement sur une biographie d'un certain pseudo-Faustus...

Mais peu importe, finalement ! Tout le monde s'accorde pour retenir de ces deux disciples de St Benoît leurs grandes vertus d'obéissance et d'humilité, vertus qui, bien pratiquées, disposent fortement à accueillir le Christ en notre vie, "Lui qui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu. Mais il s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave, et devenant semblable aux hommes. S'étant comporté comme un homme, il s'humilia plus encore, obéissant jusqu'à la mort, et à la mort sur une croix ! Aussi Dieu l'a-t-il exalté et lui a-t-il donné le Nom qui est au-dessus de tout nom..." (Phil. 2.6sv).

Dès lors, sachons, à l'exemple des Sts Maur et Placide, que si l'humilité fut l'échelle par laquelle le Fils de Dieu descendit jusqu'aux fils des hommes, elle est aussi l'échelle qui nous permet de monter vers Dieu..., comme l'enseigne si bien et si fortement St Benoît.

La fête des Sts Maur et Placide est une occasion, peut-être, d'approfondir ces deux grandes vertus qui peuvent avoir, évidemment, de nombreuses déviances.

- Il faut toujours un grand acte de notre volonté libre pour obéir, à l'exemple du Christ qui disait : “Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé..." (Jn 4.34), et qui, la veille de sa mort, priait ainsi : "Père, ... que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se fasse !" (Lc 22.42). Oui, l'obéissance demande un acte de notre volonté libre, sinon on risque fort de ne pas obéir, mais de subir. Et ce n'est pas chrétien ! Il ne s'agit pas tant d'acquérir l'Amour, cette Charité divine que recommande si bien St Paul par exemple, ...de l'acquérir par obéissance que de pratiquer l'obéissance par amour...  Puissions-nous arriver à cette Vie d'Amour qui nous place toujours dans les mains providentielles du Seigneur à notre égard. Ste Thérèse de Lisieux osait écrire : "Le Bon Dieu fera toutes mes volontés au ciel, parce que je n'ai jamais fait ma volonté sur la terre" !

- Cette forme d'obéissance exige une grande humilité. Et en ce domaine, il est bon d'avoir beaucoup d'humour. On a dit que l'humilité, c'est s'oublier soi-même ! C'est surtout, me semble-t-il, simplement savoir en général se mettre à sa place ! Et c'est déjà beaucoup ! Et sachons que l'orgueil le moins facile à déraciner, c'est celui de ceux qui croient ne pas en avoir !
Là encore Ste Thérèse de Lisieux est une bonne enseignante : A une novice qui affirmait d'un air nâvré : "Oh ! Quand je pense à tout ce que j'ai à acquérir !“, elle rétorquait avec humour : "A perdre, voulez-vous dire !" - Car c'est Jésus qui se charge de remplir votre âme à mesure que vous la débarassez de ses imperfections... Vous voulez gravir une montagne. Or le Bon Dieu veut vous faire descendre : il vous attend au bas de la vallée fertile de l'humilité...".

Et pour terminer, je ne peux m'empêcher, ici, de citer la première abbesse de Solesmes, Cécile Bruyère : "Notre Seigneur remplit avec magnificence les âmes qui sont vides d'elles-mêmes...". Et Dom Delatte de commenter : "Les âmes qui reçoivent bien la grâce, la reçoivent toujours dans l'humilité...!“.

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