jeudi 3 janvier 2013

La Prière !


Ste Geneviève 13    -   

Il y a deux ans (!), à propos de Ste Geneviève, je faisais cette réflexion que même s’il faut faire la part du “merveilleux“ dans la biographie de cette grande Sainte de notre pays, il est important cependant de retenir le trait principal de sa personnalité, celui de l’importance de la prière ! C’est par la prière qu’elle obtenait de Dieu de faire tant de prodiges !

Car prier, disait St Augustin, c’est simple : c’est penser et aimer tout à la fois. Penser à Dieu et l’aimer ! Rien autant que la prière ne rend l’homme familier de Dieu. Et alors, sans même s'en apercevoir toujours et surtout immédiatement, on obtient beaucoup du Seigneur si la prière est faite avec une entière confiance. En effet, si prier Dieu, c’est penser à lui et l’aimer, c’est également penser à son frère et l’aimer en Dieu. Et cette prière ne peut être sans résultat ! Ste Thérèse de Lisieux avait bien compris cela ; elle écrivait : “Quelle est grande la puissance de la prière ! On dirait une reine ayant à chaque instant accès auprès du roi et pouvant obtenir tout ce qu’elle demande !“.

Benoît XVI a expliqué, dans l’une de ses catéchèses, que “plus nous prions avec constance et intensité, plus nous nous assimilons au Christ qui entre vraiment dans notre vie lui donnant joie et paix“.
De plus, disait-il,  la prière donne le goût de prier davantage pour connaître le Christ. Et il expliquait : “Plus nous connaissons, aimons et suivons Jésus, plus nous ressentons le besoin de nous arrêter en prière avec lui, recevant sérénité, espérance et force dans notre vie“.

On rencontre le Christ d’abord dans la célébration de l’Eucharistie, bien sûr ; dans l’Office divin, évidemment ! Mais il faut le retrouver très souvent en soi-même ; et, pour cela, vaquer plus explicitement, à certains moments, à la prière silencieuse et personnelle : “faire oraison“, comme l’on dit !

L’oraison, c’est la rencontre de Dieu dans la foi. La prière se fera alors, le plus souvent, une très humble recherche. Car la prière requiert obligatoirement une très grande humilité. Marie de l’Incarnation disait : “Il n’y a pas de vraie oraison ni de vrai esprit intérieur sans l’esprit d’humilité et de vraie abnégation de soi-même. L’oraison et l’humble abnégation doivent aller du même pas. Autrement, toutes nos dévotions sont suspectes !“. D’ailleurs, disait Maxime le Confesseur, “l’humilité elle-même est une prière continuelle !“. Tout ce qui est humble est prière !

Oui, la prière est d’abord une très humble recherche de Dieu, recherche obscure et comme à tâtons, recherche parfois douloureuse, crucifiante même ! Car la prière peut être une très longue marche, comme à travers l’aridité d’un désert, vers la montagne de Dieu, à l’exemple du prophète Elie, le grand priant !

Et si le Seigneur manifeste sa présence, s’il daigne nous visiter, il faut savoir que cela ne provient pas de nos propres efforts - Pauvres de nous ! -, mais de sa miséricorde toute gratuite !

Oui, la prière est une très humble recherche de Dieu, un grand désir - le “saint désir“, a-t-on dit - de la visite du Seigneur, la désirer de tout son cœur ! Car prier, c’est d’abord veiller dans cette attente de sa venue, à l’heure que lui connaît ! Il faut chaque jour renouveler ce “saint désir“, sans jamais se lasser, se décourager.

Oui, prier, c’est avoir soif de la visite du Seigneur, c’est marcher à la rencontre de Celui qui vient, qui ne cesse de venir, c’est chanter comme le psalmiste : « De toi, mon cœur a dit : “Cherche sa face“. C’est ta face, Seigneur, que je cherche ; ne me cache pas ta face ». (Ps 27.8-9).

Si le Seigneur tarde, il faut savoir attendre, car il viendra sûrement ! 
Et quand le Seigneur fait visite, la prière n’est plus alors qu’un élan du cœur vers le Seigneur dans l’allégresse de l’Esprit-Saint. Ste Thérèse de l’Enfant-Jésus disait encore : “Pour moi, la prière, c’est un élan du cœur ; c’est un simple regard jeté vers le ciel ; c’est un cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie. Enfin, c’est quelque chose de grand, de surnaturel qui me dilate l’âme et m’unit à Jésus !“. Jean-Baptiste ne disait-il pas que “l’ami de l’époux est ravi de joie à la voix de l'époux. Telle est ma joie, et elle est complète“ (Jn 3.29). Evagre le Pontique écrivait : “Si, dans l’oraison, tu rencontres une joie supérieure à toute autre, tu as trouvé la vraie prière“.

Sachons encore que si la visite du Seigneur est une manifestation toute gratuite de la bienveillance divine, il ne faut surtout pas pour autant oublier de s’y préparer. Dieu reste le Maître de ses dons ; mais la prière est normalement ce qu’aura été sa préparation. Toute la Tradition de l’Eglise, tous les saints le disent à l’envie : Il ne faut ne rien négliger pour se recueillir, se purifier, afin d’être totale disponibilité à l’exemple de Marie : “Je suis la servante du Seigneur !“

L’oraison se fera parfois sous forme d’adoration, d’action de grâces, de demande de pardon ou de supplication en vue d’obtenir certaines grâces.
Parfois ces quatre mouvements de l’âme se succèderont au cours d’une même prière. Parfois, l’Esprit-Saint invite à s’arrêter de préférence à l’un ou l’autre d’entre eux.

Finalement, il n’existe qu’une seule méthode pour prier : celle du Saint-Esprit qui l’adapte à chacun selon son bon vouloir. C’est lui qui prie en nous : “L’Esprit lui-même intercède en nous en gémissements inexprimables“ (Rm 8.26). “Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils, qui crie : « Abba - Père ! »“ (Gal. 4.6). L’Esprit vient pour laisser Jésus continuer en nous sa prière solitaire et rédemptrice, pourvu qu’on le laisse faire et que nous soyons assez dépouillés et vides de nous-mêmes pour s’abandonner à son action sanctifiante, sans le “contrister“, ni l’“éteindre“, nous dit encore St Paul (Ephes 4.30 ; I Thess 5.19). Car la prière et la grâce sont dans les mêmes relations qu’un cri et son écho.

Et puis, disons-le franchement : quand fatigués physiquement, psychiquement, intellectuellement, et spirituellement, il nous semble que nous n’avons vraiment rien à donner au Seigneur, nous pouvons encore plus que tout : une prière, et quelle prière !... Une belle prière de pauvre !
C’est ainsi que St François de Sales écrivait à l’une de ses pénitentes : “Ma très chère fille, ne vous amusez point au temps de l’oraison à vouloir savoir ce que vous faites et comme vous priez, car la meilleure prière ou oraison, c’est celle qui nous tient si bien employés en Dieu que nous ne pensons point en nous-mêmes ni en ce que nous faisons !“.

Autrement dit : Ne nous amusons pas en nous-mêmes, mais seulement en Dieu… !

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