mercredi 2 janvier 2013

Saint Basile


St Basile le Grand !

 On ne peut, ici en ce prieuré, ne pas parler quelque peu de St Basile, appelé “Le Grand“, père des moines d’Orient que St Benoît lui-même nomme “notre père !“ en finale de sa Règle.

Basile était d’une famille chrétienne remarquable. Certains de ses aïeux s’étaient rendus célèbres par leur ferveur dans la foi durant la dure persécution dioclétienne (303-304). La foi chrétienne considérée, pour diverses raisons, comme une atteinte au pouvoir impérial, était alors un crime de “lèse-majesté“ passible de mort !
Son père exerçait à Césarée de Cappadoce la profession de rhéteur et d’avocat.
Sa mère était fille de martyr et sœur d’un évêque !
Cette famille, à tout le moins exemplaire, compta dix enfants (5 garçons, 5 filles). Trois devinrent évêques (Basile, Grégoire de Nysse - célèbre sur le plan monastique par sa “Vie de Moïse“ - et Pierre de Sébaste). L’aînée des filles fut Ste Macrine. Famille chrétienne s’il en fut, difficile à surpasser !

Le jeune Basile (né en 329) fut instruit par son père qui le confia ensuite à des maîtres de Césarée. C’est alors que débuta sa grande amitié avec Grégoire de Nazianze. Puis, il partit achever ses études à Constantinople et enfin à Athènes où il retrouva Grégoire. Leur amitié fut un bain d’humanisme avant d’être une immersion dans le Christ !

Je ne peux m’empêcher, sur ce sujet, de citer Grégoire de Naziance :
“Si quelqu’un devait me demander, écrira-t-il, quelle est la meilleure chose en cette vie, je répondrais : des amis !“
 En la ville d’Athènes il écrivait : “Comme le courant d’un fleuve, à partir d’une source unique, se divise en plusieurs bras, Basile et moi, nous nous étions séparés pour aller chercher le savoir dans des régions différentes. Mais nous nous sommes retrouvés comme à la suite d’un rendez-vous, alors que c’était Dieu qui nous menait…“. Au début, “nous nous étions avoués notre passion commune, à savoir que nous n’avions d’ardeur que pour la philosophie. Alors, nous fûmes tout l’un pour l’autre, ayant même toit, même table, même vie, même horizon. Nous étions conduits par les mêmes espérances envers la richesse la plus enviée : la science ! Mais il y avait entre nous aucune envie, nous ne cherchions que l’émulation. Il y avait entre nous deux, non pas à qui obtiendrait la première place, mais comment chacun la cèderait à l’autre. Car chacun considérait l’éloge obtenu par l’autre comme étant le sien !“.
Et ainsi, de plus en plus, “nous n’avions tout deux qu’une seule affaire : la vertu ; et notre vie était dirigée vers les espérances futures, pour nous préparer à quitter ce monde en y renonçant déjà. C’est dans cette espérance que nous organisions toute notre vie et notre manière de faire…, nous excitant mutuellement à l’amour de la vertu… Pour nous, la grande affaire et le grand nom, c’était d’être chrétiens et d’en porter le nom !“.

Ainsi, tous deux nous montrent que si le chemin de l’amitié commence souvent par des sentiments humains - toujours à purifier parce que toujours ambivalents par trop de sensiblerie égoïste qu’ils peuvent recéler - le chemin de l’amitié peut aller jusqu’à l’amour même de Dieu rayonnant alors sur toute relation. C’est l’idéal qui se réalisera totalement en Dieu, car c’est en lui que nous nous verrons mutuellement.

Après Athènes, Basile revint en Cappadoce où il fut baptisé par l’évêque de Césarée, Dianios. C’est alors qu’il se voua totalement à la vie monastique. Il entreprit, en 327, un voyage d’étude au cours duquel il visita les solitaires les plus renommés d’Egypte (les fameux déserts de Scété et de Nitrie), ceux de Palestine (Peut-être St Hilarion à Gaza, le fondateur de la vie monastique en Palestine), ceux de Syrie…, de Mésopotamie…

C’est ainsi qu’il put disposer toutes choses avec sagesse dans la fondation monastique qu’il établit, dans le Pont, sur les bords du fleuve Iris. Les disciples accoururent. Les moines menaient une vie consacrée à Dieu par la prière et le travail - intellectuel et manuel -, dispositions que l’on retrouve, bien sûr, chez St Benoît.
En 358-359, Basile rédigea pour ses moines des instructions générales dites “Grandes Règles“, remarquables de sagesse et de modération. Plus tard, il écrivit des exhortations et des conseils plus particuliers, dénommés “Petites Règles“. Il composa en outre une anthologie du grand Origène, la “Philocalie“ !

Assez vite, cependant, il fut arraché à son monastère et mêlé aux controverses religieuses. Pour cette raison, il fit un séjour à Constantinople. Il  revint à Césarée où il assista à la déposition de Dianios, l’évêque qui l’avait baptisé. Il retourna  en son monastère, mais revint très vite à Césarée assister cet évêque mourant et repentant (362).
C’est alors qu’Eusèbe fut élu au siège vacant. Eusèbe est un intellectuel, admirateur d’Origène ; on le connaît surtout par sa fameuse “Histoire ecclésiastique“. Hésitant perpétuel sur le plan de la doctrine et de la pratique, se sentant pas très capable, il eût la prudence de s’adjoindre Basile comme conseiller !

Il est vrai que Basile était plus nécessaire que jamais, l’empereur Valens étant très favorable à l’arianisme. Partout, il faisait signer à beaucoup d’évêques les formules hérétiques du Concile de Rimini (359). Il déposait et remplaçait les récalcitrants. Mais à Césarée, le prestige extraordinaire de Basile en imposa tellement à Valens que les chrétiens ne furent pas inquiétés.

Eusèbe de Césarée mourut en 370. Et Basile, non sans difficultés, fut élu à sa place. Il eût beaucoup à souffrir des tenants de l’arianisme. Mais, avec l’aide d’Athanase (évêque d’Alexandrie +373), il sut défendre la doctrine du Concile de Nicée !

Cependant, sa santé qui avait toujours été faible, fut ruinée par les travaux, les soucis et une trop rigoureuse ascèse. Il mourut le 1er janvier 379, à 49 ans seulement, au moment où la persécution avait pris fin.
Ainsi le grand soldat du Christ mourut au moment où s’apaisait la tourmente.

Il me plait pour terminer de souligner un des grands enseignements de Basile. Voici ce qu’il écrivait, jeune converti à l’idéal monastique, dans une lettre à son ami Grégoire de Naziance :
“Une excellente méthode à suivre pour s’initier à la perfection, c’est… la méditation des Ecritures divinement inspirées. On y trouve des règles de conduite ; de plus, les histoires des bienheureux y sont narrées comme autant d’exemples expressifs de la vie selon Dieu.
Celui qui aime la chasteté feuillettera assidûment l’histoire de Joseph…
De même, Job est un modèle de force d’âme.
David enseigne patience, douceur et courage.
Moïse supportait les injures personnelles, mais vengeait avec éclat les outrages à Dieu…“.

Suivons les conseils de ce grand “Docteur“ de l’Eglise. Méditons les Ecritures. Lisons la vie des Saints également. Imitons-les pour toujours mieux suivre le Christ… !

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