mardi 22 janvier 2013

La maladie ! Guérir !


La maladie !

Je dois l'avouer et vous prévenir : Je serai absent pour raison de santé (pas grave, mais petite opération cependant). Je ne pourrai donc pas avoir, durant deux semaines environ, ce lien spirituel avec tous ceux qui ont la bonté de me lire ! Je prierez pour tous, assuré de la réciproque !

Mais n'est-ce pas une occasion de se poser une grave et grande question :

Qu'est-ce qu'être malade ? Et qu'est-ce que guérir ?

Certes, tout est dans le dictionnaire médical (ou par Internet, désormais l). À peine y a-t-il peut-être une maladie qui n'y est pas répertoriée. Et le traitement est prévu, les médicaments connus et disponibles.
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Mais être malade, est ce simplement avoir ce qui est marqué dans le dictionnaire ? Et guérir est-ce simplement suivre et réussir ce que le médecin a noté sur la prescription médicale ? Non ! Car la fièvre est bien plus et autre chose que ce qui se lit sur le thermomètre. C'est ce sentiment douloureux dans la tête et le corps, c'est le cœur qui bat dans les tempes, la transpiration abondante, c'est se sentir mal et inapte à tout.
Oui, la maladie a sa définition quantitative et médicale, mais elle a aussi sa définition humaine et qualitative.

Bien plus encore ! Etre malade, c'est vivre en rupture de relation. Avec tout !

D'abord avec son propre corps. Normalement mon corps m'obéit comme un bon et fidèle serviteur. Je lui dis d'aller et il va... Mais il suffit de peu de chose et ce corps docile devient un valet insubordonné : il n'écoute plus. Il faut que je m'explique avec lui. Car il y a rupture entre moi et lui. C'est la définition humaine, qualitative de la maladie. Et ces discussions interminables avec cette monture rétive, ne se trouvent dans aucun dictionnaire médical.

Mais il y a aussi rupture avec mon environnement. Il suffit de devoir rester un beau matin au lit et tout l'environnement change. Tous les bruits de la rue que je n'entendais jamais, je les entends maintenant. Ma chambre devient un lieu, non plus de repos mais de combat avec la maladie. Le papier contre les murs prend d'étranges formes que je n'avais jamais remarquées. Et puis, il y a mes vêtements bien rangés, mes souliers contre le mur...  Ils sont là comme sans propriétaire... Cela aussi est une rupture !

 Mais il y a encore rupture mes relations avec les hommes - parents, compagnons de travail - amis... -.  Au début ils viennent tous me rendre visite et me raconter tout ce qui se passe là où je suis habituellement. Mais après quelques jours, ils viennent moins. “Nous avons déjà été le voir”, disent-ils. Y retourner et lui raconter ce que nous vivons, alors qu'il doit se sentir "hors jeu", c'est ajouter sans doute à son mal !“. C'est cela aussi la maladie : être en rupture avec ses amis, ses voisins, ses compagnons de vie.

C'est aussi être en rupture avec soi-même. Qui devient malade - surtout si c'est la première fois et que c'est grave - se révolte contre lui-même dans un sentiment d'impuissance et de sourde culpabilité. Il perd la paix avec lui-même !

Mais il y a aussi une dernière rupture qui peut se faire jour : celle de notre relation de confiance avec Dieu. “Mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? Es-tu vraiment le père qui m'aime comme son enfant ? ...". Oui, la maladie, c'est le temps des grands "pourquoi ?" ! Pourquoi cette maladie ? Pourquoi moi ? Pourquoi si jeune ?

Oui la maladie c'est tout cela : ces cassures qui m'habitent en profondeur.

Et guérir, c'est quoi alors ?

C'est réparer toutes ces cassures, renouer toutes ces relations, retrouver son insertion dans son environnement, corporel familial et social, psychologique et religieux. C'est renouer - et souvent d'une autre façon - avec son corps, avec les choses, avec les hommes, avec Dieu. Ainsi l'on peut sortir d'hôpital parfaitement guéri selon le corps, mais pas selon l'âme : on n'a rien appris quant à la gestion de sa finitude.

C'est pourquoi il faut d'abord accepter - et comme c'est difficile parfois - les divers aides des personnes si dévouées pour nous, pour les malades : médecins, psychologues, thérapeutes divers, visiteurs... et tous ceux qui viennent au nom du Christ qui, lui aussi, a tant connu la souffrance ! ...
Car si le malade pose souvent la question du "pourquoi ?", seul le Christ peut lui répondre et le guérir spirituellement. C'est la raison d'être, profonde, du sacrement des malades. Il nous enseigne sur la Passion de Jésus et nous configure au Christ souffrant, mort et ressuscité. Il nous identifie à Celui qui sur la Croix a été habité par tous nos "pourquoi ?" ...et qui a traversé la mort dans une totale confiance dans l'amour du Père. Il s'est abandonné à Dieu sans avoir reçu une réponse à la question du pourquoi de la finitude et de la mort elle-même.

Mais une seule chose - la plus importante peut-être - reste à percevoir : les malades qui s'unissent à la croix du Christ dans la foi, sont porteurs d'un mystère. Selon la parole de Paul, “ils complètent dans leur corps ce qui manque aux souffrances du Christ en faveur de son Eglise”. Là nous touchons le mystère de la maladie qui n'est accessible qu'aux yeux de la foi : les malades sont les amis du Christ et en plus nos amis et ceux de l'Eglise : car ils rayonnent la force thérapeutique du Christ et de sa croix.
Devant un tel mystère, on ne peut que se taire, admirer et remercier nos frères et sœurs malades et leur demander d'intercéder pour nous pour les jours où nous aussi, nous entrerons obligatoirement, dans les jours des grands "pourquoi ?" et dans ce mystère de la maladie et de la mort elle-même.               

Soyons en communion avec tous nos frères malades qui, eux, consciemment ou inconsciemment, vivent du grand mystère pascal du Christ !

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