Mardi
Saint 2013
Jn 13.21sv
J'avoue aimer
les chapitres qui traitent de la dernière "soirée" de Jésus avec ses
disciples..., dont je vous ai entretenu déjà, probablement. Vous excuserez donc
les répétitions ; mais parfois, souvent même - "bis repetita placet"
! (Il est heureux de répéter deux fois !) Car, pour moi du moins, la mémoire est surtout
une faculté qui oublie, trop !
Il faut donc
situer notre évangile dans le contexte du "dernier repas" de Jésus.
Ce repas avait commencé par un geste particulier, paradoxal de Jésus : il avait
voulu laver les pieds de ses disciples, comme un serviteur... Pierre avait
fortement protesté. Mais Jésus lui avait dit : "Si je ne lave pas les pieds, tu ne pourras avoir part avec moi
!". Autrement dit, tu ne peux pas prétendre être mon disciple !
Aussi, Pierre de s'écrier : "Alors,
pas seulement les pieds, mais aussi les mains, la tête !".
Brave Pierre !
Il a toujours des réactions spontanées, admirables mais qui excèdent parfois ses
propres forces (Et c'est souvent notre cas également !). Il aime Jésus. Il
veut être son disciple ! Et normalement, le disciple, c'est bien celui qui
se met totalement au service de son Maître !
- Il l’aide en
toutes circonstances jusqu’à lui défaire ses sandales. “Je ne suis pas digne de défaire les courroies de ses sandales“, disait
Jean-Baptiste. C’est-à- dire : Je ne suis pas digne d’être son disciple.
- Le disciple est
comme un serviteur. Le Maître lui dit : “Va“ ; et il va. Ne serait-ce que pour prévoir
“le boire et le manger“, “faire les courses“, comme le souligne l’épisode de la
Samaritaine…. - Ou bien, le Maître dit : “Viens“ ; et il vient. “Venez dans un endroit désert vous reposer“,
dira un jour Jésus. Et les apôtres le suivront.
- Le disciple
imite son Maître. Avec lui, les apôtres apprendront à prier, à chasser les
démons, à annoncer le “Royaume de Dieu“ etc… Et déjà, Jésus leur disait
certainement : “Ce que je fais,
faites-le, vous aussi… !“.
Oui ! Le disciple suit son Maître partout, comme
l’exprimera un jour un candidat : “je te
suivrai partout où tu iras !“. Autrement dit, je veux être ton disciple !
Or, Jésus dit soudainement : “Là
où je vais, vous ne pouvez pas venir !“. C’est la consternation. Le
primordial commandement, pour un disciple, n’est-il pas justement de suivre son
Maître ? C’est comme si Jésus, après avoir dit à chacun : “Suis-moi !“, après
avoir entraîné ses apôtres à sa suite trois ans durant, leur disait : “Vous
n’êtes plus dignes d’être mes disciples, puisque là où je vais, vous ne pouvez
pas me suivre !“.
Alors, Pierre - toujours au nom de tous - demande, avec tristesse
peut-être : “Mais où vas-tu ?“. Et
Jésus de lui répondre : “Tu ne peux pas
me suivre, maintenant… ; plus tard !“. Nous savons, nous, où Jésus se
dirige ! Vers l’accomplissement de son mystère pascal, son passage de mort à
vie ! Et les disciples ne sont pas prêts à ce même passage, évidemment !
Comme nous-mêmes, souvent !
Alors, Jésus ajoute avec affection sans doute : "Petits enfants, c'est pour peu
de temps que je suis encore avec vous. Vous me chercherez, et comme je l'ai dit
aux Juifs : où je vais, vous ne pouvez venir". Mais il précise : Ne vous inquiétez pas ! Voici "un commandement nouveau", un
commandement de substitution, si l'on peut dire, à l’accomplissement duquel
vous resterez mes disciples : “Aimez-vous
les uns les autres !“. “Si vous avez de l’amour les uns pour les autres,
tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples !“.
Vous restez disciples parfaits si vous vous aimez les uns les autres.
Car lorsque vous aurez accompli ce nouveau commandement, alors, à ce moment-là,
vous pourrez accomplir le premier, le primordial qui est de me suivre même là
où je vais. Car “nul n’a d’amour plus
grand que celui qui donne sa vie pour ceux qu’il aime !“ (Jn 15.13). Accomplissez
ce commandement nouveau et vous trouverez le chemin pour accomplir le premier qui
est de me suivre. Jésus, d’ailleurs, ne priait-il pas ainsi : “Père, je veux - c’est la seule fois
dans l’évangile où Jésus dit : “Je veux“, en s’adressant à son Père-…, je veux que là où je suis, ceux que tu m’as
donnés soient, eux aussi, avec moi…. Père, je leur ai fait connaître ton Nom afin
que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux !“ (Jn 17.24-26).
Aimer ! Oui,
mais aimer d'amour divin ! "Afin que
l’amour dont tu m’as aimé soit en eux...".
Car il faut savoir
distinguer la charité fraternelle de l'affection que nous pouvons porter à un
ami, estimé très légitimement à cause de sa bonté, de ses richesses... etc. Mais
aimer nos frères humains, en tant que frères en humanité, sans que l'intention
profonde de la volonté et le mouvement qu'elle imprime à nos amours soit Dieu
Lui-même, cela n'est pas un acte de charité surnaturelle. C'est une affection
naturelle et compréhensible, “l'égalité
et la ressemblance constituant l'affection”, enseignait Aristote ! Et en ce
domaine, il peut y avoir, il y a souvent acception de personnes ! Même entre
chrétiens, entre religieux !
Différente de
l'amitié naturelle, même vertueuse, la charité exige que nous aimions notre
prochain pour Dieu, par Lui, en Lui, avec Lui.
Aimer ! Oui, mais Aimer d'amour divin ! C'est le seul moyen de suivre le Christ
jusqu'au bout, jusque dans sa gloire divine à travers son mystère pascal !
Mais comme
c'est difficile ! Difficile de donner sa vie par amour, de cet amour
divin qui a poussé le Christ à livrer sa vie pour nous. Il y a tout un chemin
semé d'embûches. Aussi, Jésus nous prévient comme il a prévenu son disciple : "Avant que le coq chante, tu m'auras
renié trois fois !". Mais c'est de chute en chute que l'on arrive à
monter, que l'on arrive finalement à aimer comme le Christ, comme Dieu nous
aime !
Pierre le
comprendra. Après sa résurrection, Jésus lui demande : "Pierre, m'aimes-tu ?". Et lui de répondre : "Seigneur, toi qui connais toutes
choses, tu sais bien que je t'aime !". Mais Jésus de lui préciser :
Alors, "pais mes brebis !" (Cf. Jn 21.17sv). Aime, conduis tout homme vers
Dieu, à accueillir l'Amour de Dieu. Et cela même au prix de ta vie. Et l'on
sait comment Pierre donnera sa vie à la fois pour son Seigneur et pour ses
frères, tant l'amour de Dieu est inséparable de l'amour de l'homme !
Il n'y a qu'un
commentaire à faire que St Jean lui-même répétait à la fin de sa vie : Aimer et
aimer encore ! Mais aimer non pas d'un amour purement sensible, affectif, comme
Pierre le Jeudi-Saint, mais d'un amour divin qui nous fait entendre la parole
de Jésus : "Pais mes brebis".
Prends soin d'elles jusqu'au don de ta vie s'il le faut... !
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