V E N D R E
D I - S A I N T 2013
La croix de Jésus-Christ restera toujours pour
nous un grand étonnement. Dieu vient chez ses enfants pour les sauver, et
ses enfants le mettent à mort... Acte
scandaleux, incompréhensible.
Et voici que Dieu pose un autre acte encore plus
étonnant : il fait de cette mort de son Fils sur la croix la source de notre
vie nouvelle, l'acte même de notre salut.
Nous sommes des hommes et nous réfléchissons comme
des hommes. Nous aurions dû penser qu'après avoir mis à mort son Fils, nous
allions être obligés de nous cacher de notre Père. Et c'est Lui qui ressuscite
son Fils pour qu'il vienne nous dire : "La
Paix soit avec vous !". Notre
prière de ce soir peut être d'abord une contemplation de l'amour incompréhensible
de notre Dieu.
Il n'en reste pas moins que nous refusons de
nous sentir engagés dans cette passion du Christ : elle s'est passée il y a
deux mille ans, dans un pays qui n'est pas le nôtre... En fait, nous nous
consolons en pensant plus ou moins consciemment que nous sommes bien étrangers
à la condamnation de Jésus. En sommes nous si certains ?
Vraisemblablement nous n'aurions pas osé voter la
condamnation à mort de Jésus : nous n'aurions pas été jusqu'à prendre une telle
responsabilité. Condamner quelqu'un à mort, c'est une chose terrible : nous ne
pouvons pas le faire... ! Mais peut-être que nous l'aurions laissé faire... !
Peut-être que nous aurions été occupés ailleurs à ce moment-là, ou que nous
aurions pensé que cela ne nous concernait pas ; peut-être même que nous aurions
trouvé l'excuse : "Je ne l'ai pas su !". - "C'est
trop loin de nous, nous n'y pouvons rien !". - ou bien encore : "Même si je dis quelque chose, cela ne changera rien !".
Pourtant, il y a aujourd'hui la passion d'un
certain nombre d'innocents qui est plus subtile que la condamnation à mort
par fusillade, pendaison ou torture : c'est la lente passion de ceux et celles
qui meurent de faim, la souffrance physique ou morale d'un certain nombre de
gens, peut-être proches de chez nous, qui arrivent à perdre toute espérance et
qui trop souvent, hélas, se donnent eux-mêmes la mort. La croix du Christ n'est
pas seulement un événement du passé. Beaucoup la revivent aujourd'hui. Ce sont
tous ces "pauvres" dont parle facilement notre nouveau pape François
!
Je sais bien : ce n'est pas parce que nous allons
nous révolter en nous-mêmes que les choses vont changer et que les innocents
seront libérés. Ce n'est pas parce que je vais dire quelque chose ou écrire une
protestation que les droits fondamentaux des hommes vont être automatiquement
respectés. Ce n'est pas parce que je vais donner quelque chose que la faim va
être vaincue ! Mais s'habituer à une telle situation, c'est détruire en
nous l'amour que Dieu a déposé en notre cœurs, c'est perdre notre vie de fils
de Dieu, c'est détruire notre condition de frère.
S'il est exact que nous nous sentons démunis pour
résoudre à brève échéance certains problèmes d'oppression et d'injustice, il
existe néanmoins, à côté de moi, des croix que je peux éviter de faire porter
aux autres, peut-être tout proches de moi. Ce qui nous manque souvent, c'est
l'espérance : cette espérance qui est née de la mort et de la résurrection
de Jésus-Christ. Car, Jésus est mort pour que la mort soit vaincue ! Il a vécu
sa passion pour que tous les hommes soient réconciliés avec Dieu et entre eux,
pour que la paix et l'amour habitent notre terre.
Et c'est à nous, son peuple, qu'il demande d'être
aujourd'hui témoins de cette espérance. Jésus-Christ est mort pour que
l'homme vive !
Adorons le Christ en croix ! Prions!
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