Carême 4 - Mardi - Ouverture du Conclave (Mth 16.13-19)
"Jésus était venu dans la région de Césarée de Philippe !". Cette région se situe au pied des majestueuses montagnes de l'Hermon dont fait allusion de psaume 68e :
"Jésus était venu dans la région de Césarée de Philippe !". Cette région se situe au pied des majestueuses montagnes de l'Hermon dont fait allusion de psaume 68e :
"Montagne
de Dieu, la montagne de Bashân !
Montagne
sourcilleuse, la montagne de Bashân !
Pourquoi
jalouser, montagnes sourcilleuses,
la montagne
que Dieu a désirée pour séjour
où Dieu
demeurera jusqu'à la fin".
C'était et c'est toujours un lieu aux paysages
grandioses, un décor montagneux de grande majesté.
Par contre, c'était une région très païenne.
Et pourtant c'est là que Jésus fonde son Eglise. C'est à remarquer !
L'Eglise et le pape lui-même quel qu'il soit devront souvent s'adresser à un
monde hostile. Prions à cette intention !
Flavius Josephe qui décrit ce lieu avec
magnificence y situe les sources du Jourdain, ce fleuve en lequel Jésus était
descendu pour prendre sur lui les péchés du monde : "Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde",
avait affirmé Jean-Baptiste (Jn 1.29). En
ce lieu, à Panéas devenu actuellement Banias (le
"p" n'existant pas en arabe) et qui, au temps de Notre
Seigneur, sera dénommé Césarée de Philippe, on vénérait surtout par de grandes
solennités le dieu Pan, ce dieu qui jouait de la flûte et qui faisait des
choses moins convenables en effrayant les nymphes qui fuyaient de peurs
"paniques" (le mot "panique"
vient de cette légende paîenne). C'était vraiment une terre païenne,
totalement ignorante des préoccupations messianiques de Jérusalem ! … Et c'est donc
en cette terre païenne que Jésus fonde son Eglise pour annoncer et célébrer le
vrai Dieu. C'est la mission de l'Eglise, mission dont se chargera le futur
pape, mission déjà fortement soulignée par Jean-Paul II et Benoît XVI en vue
d'une "nouvelle évangélisation".
Mission qui suppose, comme l'a rappelé
fortement Benoît XVI, une grande fraternité entre tous les membres de cette
Eglise, fraternité décrite par le psaume 133 :
"Voyez
qu’il est bon, qu’il est doux d’habiter en frères, tous ensemble.
C’est une
huile excellente sur la tête qui descend sur la barbe,
qui descend
sur la barbe d'Aaron, sur le col de ses tuniques"
Comparaison peut-être un peu déconcertante pour des
moniales. Mais la suite est plus significative :
"C'est
la rosée de l'Hermon, qui descend sur les hauteurs de Sion.
C’est là que
Dieu a voulu la bénédiction, la vie à jamais !"
C'est dans et par l'Eglise fondée en ces hauteurs
que Dieu nous donne sa bénédiction...! C'est par notre vie fraternelle que
cette bénédiction pour tout homme est, doit être signifiée..., vie fraternelle
autour du successeur de Pierre... ! Prions encore à cette intention à l'exemple
de Benoît XVI qui affirmait prier pour l'unité de l'Eglise durant ces jours
importants du conclave, déclarant à l'avance sa déférence fraternelle envers le
futur pape.
Alors, Jésus pose à ses disciples la grande
question : "Au dire des gens, le
Fils de l'homme, qui est-il ?". Avant cet épisode, la question était (chez St Marc particulièrement) : "Qui est cet homme qui..." parle...,
qui agit de façon si admirable ? Désormais Jésus interpelle : "Le Fils de l'homme, qui est-il ?".
Dans la tradition biblique, dans l’Ancien
Testament, cette expression "Fils de l'homme" peut vouloir dire bien
davantage que Fils de Dieu. David est appelé "fils de Dieu" et
beaucoup sont "fils de Dieu" : les justes, les anges... Le
Fils de l’homme, c’est un personnage mystérieux dont on parle beaucoup au temps
de Jésus (Cf. livre Daniel, livre d'Hénoch non reconnu
par les Juifs)...
Et Jésus reprendra l’expression pendant son procès
: "Vous verrez le Fils de
l’homme..." - "Fils de
l’homme" est une expression que Jésus semble avoir employée avec
prédilection, parce qu'elle lui permettait de prendre ses distances par rapport
aux espérances messianiques de son époque telles qu’on les formulait souvent
très maladroitement. En ce cas, "fils de l'homme", c'était un
"fils d'homme", un homme quelconque. Mais cette expression pouvait
aussi faire allusion, - et les gens qui connaissaient les Ecritures ne s’y
trompaient pas - aux espérances messianiques : la venue d’un empire sur les
ruines de tous les empires qui se sont succédés et qui ont persécuté le peuple
élu…
"Que
disent les gens du Fils de l’homme ?".
Pour les uns, Jean le Baptiste ; pour d'autres, Elie ; pour d'autres
encore, Jérémie ou l'un des prophètes … Mais "pour vous qui suis-je
?"
Pour vous qui
suis-je ?" - Quand on a commencé le mouvement œcuménique dans les
années 1920, on a cherché quel était le meilleur dénominateur commun à partir
duquel on pouvait se dire chrétien. Et on a trouvé que c’était de proclamer :
"Jésus est Seigneur!". C’est exactement la confession
de Pierre ! "Tu es le Christ, le
Fils du Dieu vivant !". Si on dit : "Jésus est un grand
homme, un poète, un génie d’équilibre psychologique… et tout ce que vous
voulez, vous n’êtes pas encore chrétien. Être chrétien, c’est dire, (mais on ne
peut le dire que dans l’Esprit Saint) : "Jésus est Seigneur !".
Prions pour que tous les chrétiens sachent affirmer cette foi avec le successeur
de Pierre !
En
réponse, Jésus lui dit : "Tu es
heureux, Simon fils de Iôna" ("bariôna" en grec
reprenant certainement l'hébreu…). Cette précision semble très probablement
faire allusion au plus célèbre des grands prêtres du 2ème siècle
dont on parlait souvent au temps de Jésus. Le livre du Siracide en fait
largement mention : "C'est Simon fils d'Iôna, le grand prêtre, qui pendant
sa vie répara le Temple et fortifia le sanctuaire. ...
Qu'il était magnifique, entouré de son peuple, quand il sortait de derrière le
voile (du Temple),
comme l'étoile du matin au milieu des nuages, comme la lune en son plein, comme
le soleil rayonnant sur le Temple du Très-Haut... Alors il descendait et
élevait les mains vers toute l'assemblée des enfants d'Israël, pour donner à
haute voix la bénédiction du Seigneur et avoir eu l'honneur de prononcer son
nom“ (Sir 50.1sv).
Le Grand Prêtre qui est ainsi évoqué est le Grand
Prêtre qui officie le jour de Kippour. En ce jour solennel, Il pénétrait -
c'était une fois par an seulement - dans le Saint des Saints, derrière le voile
et prononçait le "Nom" de Dieu ; et il obtenait la purification des
péchés.
Pierre vient de prononcer le Nom ("Hashem") : "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant !"… Il
est donc bien désormais le Grand Prêtre, dans la lignée d'Iôna. Et Jésus
d'ajouter :"Heureux es-tu... : ce
n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est
aux cieux !". Autrement dit, tu as été choisi par Dieu, tu es
l'élu de Dieu... et non des hommes. Ayons cette foi profonde : le pape sera
l'élu de Dieu !
"Et moi,
je te le déclare, continue Jésus : tu
es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise !". Tu es Pierre,
tu es caillou, caillasse, "kaiaphan" ; c'est le nom du grand Prêtre
en exercice, Caïphe. Autrement dit, c'est toi désormais qui es le Grand Prêtre
; c'est sur toi que je bâtirai mon Eglise. "Je
te donnerai les clefs du Royaume des Cieux : tout ce que tu auras lié sur la
terre, sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre,
sera délié dans les cieux".
Comme le Grand Prêtre, Pierre le pouvoir de purification !
Prions instamment pour que le futur pape dévoile au
monde entier le grand Nom de Dieu, nous transmette sa bénédiction et purifie
des hommes en les rapprochant de plus en plus de Dieu !
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