Carême 3 Samedi - Osée. 6.1sv
La parabole du Pharisien et du Publicain a été
interprétée assez communément de telle sorte que "pharisaïsme" est
devenu synonyme d’hypocrisie, de tartufferie. Dire de quelqu'un qu'il est
pharisien, c'est pratiquement une injure !
On proteste actuellement contre cet amalgame. Des
auteurs qui connaissent bien l’époque des origines du christianisme disent que
beaucoup de pharisiens du temps de Jésus auraient été capables de formuler
contre d'autres pharisiens une caricature semblable à celle que fait Jésus dans
cette parabole. Ils auraient été, ils étaient sans doute, les premiers à
dénoncer la fausse route en laquelle s'étaient engagés des gens qui n’ont que
l’ostentation de la piété, de la vertu : c'étaient les faux dévots du
temps qui jugeaient sévèrement ceux qui n’observaient pas comme eux,
minutieusement et scrupuleusement, les rites et qui condamnaient la conduite
des autres sous couleur de leur rendre service.
St Paul se vantait d’avoir appartenu au pharisaïsme
: "Je suis pharisien, fils de pharisien",
dira-t-il avec quelque fierté (Ac 23.6). "J'ai vécu selon la tendance la plus
stricte de notre religion, en pharisien" (Ac.
26.5). Il admire même le zèle des pharisiens, sans toutefois toujours
l’approuver.
Si on se réfère à la racine hébraïque du mot,
"Pharisien" signifie "Séparé". Il désigne les juifs qui
vivaient dans la stricte observance de la Loi écrite et de la Tradition orale. Quoi
de mal ? Mais ce que Jésus critique, c’est l’excès de zèle qui peut tourner
facilement au formalisme et à l’hypocrisie. Actuellement, la connaissance du
judaïsme au temps de Jésus devrait nous amener à corriger notre vocabulaire, à
corriger nos amalgames ; et, en même temps, nous qui nous disons
"séparés" pour mieux nous "consacrer" à Dieu - témoignage
qui peut être dde grande importance - il nous faut fuir toute suffisance de cette
condition de vie. St Benoît nous recommande tellement l'humilité, l'humilité
personnelle certes, mais aussi l'humilité collective ! Aussi, l’exemple du publicain
reste actuel pour chacun de nous, afin de nous amener, en ce temps de Carême, à
une véritable repentance qui nous rapproche de Dieu.
Car
il faut le reconnaître : nous sommes tous victimes des tergiversations dont
parle le prophète Osée dans la lecture. Notre amour est fugitif "comme la brume du matin, comme la
rosée qui s’évapore à la première heure". Nous avons tous tendance à
rassurer trop facilement nos consciences par des pratiques dont l’amour est facilement
absent. "C’est l’amour que je désire, dit Dieu, et non les
sacrifices et les holocaustes". Ce qui ne veut pas dire que les
sacrifices doivent être abolis, mais ils doivent être signes d'amour envers
Dieu et, selon la tradition chrétienne, signes d'une plus grande proximité avec
nos frères !
De
plus, Osée nous invite à interpréter les épreuves de l’existence comme des
évènements qui peuvent recéler un amour indéfectible - celui de Dieu -, en ce
sens qu'ils peuvent être des occasions de nous remettre de plus en plus sur le
chemin de la Jérusalem céleste, de nous tenir totalement en la confiance de
Dieu. Réflexion dont il ne faut pas abuser, certes, mais réflexion salvatrice
si nous la plaçons dans le mystère pascal du Christ que nous allons célébrer
prochainement.
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