21 Novembre
En 543, on fit, à Jérusalem, la dédicace de la
basilique Sainte-Marie-la-Neuve, érigée sur la colline de Sion, face à
l’esplanade du temple. Les Eglises d’Orient ont rattaché à cette dédicace le
souvenir de l’“Entrée au Temple de la
Vierge Marie“ que rapportent certains récits anciens. (1)
Même si, historiquement, on peut douter de la “Présentation de Marie au temple“, cet
évènement supposé - qui n’était pas d’ailleurs d’une stricte obligation
religieuse en Israël - peut être regardé comme un corollaire de convenance à
toutes les venues du Seigneur au temple de Jérusalem.
- Si Jésus fut présenté au temple comme prémices
de sanctification pour tous les hommes, Marie, sa mère, ne devait-elle pas,
elle aussi, être présentée au temple comme “Première sanctifiée“, “Première
consacrée au Seigneur“ ? “Elle
occupe, dit le Concile Vatican II, la
première place parmi ces humbles et ces pauvres qui espèrent et reçoivent le
salut du Christ avec confiance“ (L.G. 55).
- Si Jésus est venu au temple pour le purifier
en y chassant tous les vendeurs divers qui s’y trouvaient, Marie, sa mère, ne
devait-elle pas y venir, elle la toute pure, comme tout adonnée au
véritable culte divin, “en esprit et
vérité“ ? (Jn 4.24).
- Si Jésus annonça la destruction du temple pour le
rebâtir en trois jours en son corps, Marie, sa mère, ne devait-elle pas,
elle aussi, être présentée comme “le
temple spirituel de la sainte gloire du Christ notre Dieu“ selon une belle
expression de la liturgie byzantine. Et c’est en ce sens que Paul VI, après le
Concile Vatican II, déclara Marie “Mère
de l’Eglise, Temple de Dieu“, elle qui fut “le sanctuaire de l’Esprit-Saint“ (Vat. II L.G. 53).
C’est ainsi que la fête de la “Présentation au temple de Marie“, la “Vierge Immaculée, Mère de
Dieu“, “toujours unie à son Fils,
coopérant à l’œuvre du salut à titre absolument unique“ (Vat. II AL 5) est devenue
- le symbole de la présentation à Dieu, par
le baptême, de tout homme afin qu’il en soit sanctifié,
- le modèle de toute vie consacrée à Dieu
par des vœux religieux,
- un appel à Marie, l’indispensable soutien des
prêtres. Marie, “la Mère du Grand
Prêtre éternel, la reine des apôtres“ (Vat.
II VMP 18), aide grandement le prêtre à être “intimement uni au Christ, Médiateur de la nouvelle Alliance“ (Id).
Marie, encore enfant, ne se doutait pas des effets
de sa consécration plénière à Dieu : être “la Mère du Fils de
Dieu !“. Peu à peu sans doute, et surtout au jour de l’Annonciation, elle
en prit conscience.
Comme toute juive, elle lisait les Ecritures, les
méditait et reconnaissait ainsi que les événements de sa vie étaient comme déjà
inscrits, annoncés par les Livres Saints. Son “Magnificat,“ rempli de citations
bibliques, le prouve suffisamment… !
Marie méditait… et reconnut ainsi en son propre
Fils la “Sagesse éternelle de Dieu“
dont il est question dans la lecture de ce jour.
La SAGESSE, dans l’Ancien Testament, est en quelque
sorte personnifiée. C’est une créature.
Mais, c’est une créature qui existe avant la création du monde : “Le Seigneur m’a créée au commencement“.
“Commencement“ ! Il me plaît (après ce que j’ai dit lundi à propos de l’Apocalypse),
de souligner que c’est le même terme qui est employé au début du livre de la
Genèse : “Au commencement, quand Dieu
créa…“. - Au commencement du “premier“ jour, mais “premier“ (“erad“ en hébreu) au sens de UN, de “unique“,
comme si l’écrivain ne savait pas qu’il y aura un second, un troisième jour… etc. C’est l’“Unique“ jour, le Jour Unique de
Dieu, le Jour éternel…, ce jour qui sera manifesté au “Jour de la
résurrection“ !
Ainsi la révélation de la Sagesse dans l’Ancien
Testament “frôle“, si je puis dire, la révélation du Nouveau Testament, même
s’il y a un dépassement considérable : “Au
commencement était le Verbe…, dira St Jean ; et le Verbe était Dieu !“.
Cette Sagesse inspire Dieu créant le monde au “Jour
unique“, au jour éternel de Dieu ! Et lorsque le monde est créé, elle
vient converser avec les enfants des hommes.
Et dans un autre livre (Siracide),
“la Sagesse a bâti sa maison… Elle a
préparé un festin“. Et sa maison est
celle de Jacob ; elle est bien plantée ici-bas et s’élève très haut vers le
ciel (Cf Sir 24.8), comme l’échelle du
patriarche (Cf Gen 28) qui s’écrit
alors : “Dieu est dans le
lieu ; et je ne le savais pas !“ (Gen
28.16). Le “festin“ de Dieu… Le “Lieu“ de Dieu… Faisons “action de grâces“ ! Faisons
Eucharistie !
Et Il est facile encore de penser - et c’est la
raison du choix de ce texte - à la demeure de Dieu parmi les hommes, à la
Vierge Marie, Mère du Christ, Mère de l’Eglise, demeure de Dieu pour les
hommes… qui unit ciel et terre.
St
Jean a bien compris tout cela en commençant sa première lettre : “Ce qui
était dès le commencement, ce que nous avons entendu, … vu, … contemplé, ce que nos mains ont touché du
Verbe de vie ; - car la
Vie s'est manifestée : nous l'avons vue, nous en rendons témoignage et nous
vous annonçons cette Vie éternelle, qui était tournée vers le Père et qui nous
est apparue - ...ce que
nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons, afin que vous aussi soyez en
communion avec nous. Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son
Fils Jésus Christ. Tout ceci,
nous vous l'écrivons pour que notre joie soit complète".
(1) – Pro-évangile
de Jacques (2ème s. ?) – Evangile du pseudo-Matthieu 6ème
s. ?)
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