33ème
Dim. T.O. 12/B -
Vous connaissez sans
doute le proverbe : "Un arbre qui
tombe fait plus de bruit que toute la forêt qui pousse".
Dans cet évangile de Marc, ce que Jésus
annonce, ce n'est pas seulement un arbre qui tombe, ce sont les étoiles qui
tomberont du ciel, le soleil et la lune qui perdront leur éclat, et les
puissances célestes qui seront ébranlées !
Evidemment, nous devinons bien que Jésus
nous parle ici par images, comme on le faisait souvent à son époque quand on voulait
parler des catastrophes : guerres, persécutions, déportations... Et c’est
l’occasion de penser aujourd'hui à tous les soubresauts, détresses ou conflits
que les médias nous rapportent chaque jour.
Et on se demande alors : "Où est Dieu
dans tout cela ? Que fait-il ? Où allons-nous ? Où va notre terre ?"
Tout cela, c'est l'arbre qui tombe en
faisant beaucoup de bruit.
Mais dans la
seconde partie de l'évangile, Jésus attire notre attention sur toute la forêt
qui pousse en silence : "Regardez le
figuier : dès que ses branches deviennent tendres, vous savez que l'été est
proche. De même, quand vous verrez arriver tout cela, sachez que le Seigneur
est proche ; il est là, à votre porte".
Autrement dit, - et quel paradoxe ! - au
milieu des détresses, calamités ou bouleversements de toutes sortes (dans le monde ou
dans votre vie personnelle), ne vous effrayez pas, ce n’est pas le retour au
néant. Ce sont les signes d'un monde nouveau, d’un homme nouveau en
train de naître en silence, comme un merveilleux printemps. Tout ce qui aura
précédé n'aura été que douleurs d'enfantement : "Quand une mère enfante, disait Jésus, elle est dans les douleurs ; mais quand elle a mis au monde son
enfant, elle est toute à la joie de serrer dans ses bras son nouveau-né" (Jn 16.21).
Les douleurs n'ont qu'un temps, elles
passent. Le monde présent passera, si beau soit-il certains jours, pour
qu'advienne un monde tout neuf, une nouvelle création, un homme neuf.
St Paul l’affirme lui aussi : “Toute la création jusqu'à ce jour gémit en
travail d'enfantement. Et non pas elle seule : nous-mêmes qui possédons les
prémices de l'Esprit, nous gémissons nous aussi intérieurement dans l'attente
de la rédemption de notre corps… !“
(Rm
8.23).
Aussi dira-t-il encore : “Si
quelqu'un est dans le Christ, il est une création nouvelle : l'être ancien a
disparu, un être nouveau est là“ ! (2 Co. 5.17).
Ainsi donc, nous sommes en marche, l’homme
est en marche, le monde est en marche vers le but pour lequel Dieu a créé
toutes choses. C'est ce que nous chantons après la consécration : "Nous proclamons ta mort, Seigneur
Jésus ; nous célébrons ta résurrection ; nous attendons ta venue dans la
gloire !" Oui, aussi sûrement que le printemps revient chaque
année, le Seigneur reviendra rénover toutes choses, nous régénérer.
Voilà l’enseignement des lectures
d’aujourd’hui. Et Jésus ajoute trois recommandations :
- D'abord, ne
nous affolons pas, quoiqu'il arrive ! C'est vrai, la vie - notre
propre vie - n'est pas toujours un long fleuve tranquille ; l'histoire du
monde non plus ; elle ressemble souvent à un torrent tumultueux et dévastateur.
Pourquoi ? Parce que ce monde actuel est un monde inachevé et que notre
existence actuelle n'est pas notre vie plénière.
Aussi, quand nos
jours nous apparaissent sous un aspect tragique, il ne faut pas nous en
étonner. Ici-bas, tout est provisoire ; nous-mêmes, nous sommes fragiles ; nous
le savons bien. Il y a le meilleur et le pire.
La vie est un
combat qui demande courage et persévérance. Le monde ne se construit pas sans
efforts ; le monde de Dieu non plus. Pour progresser, pour nous construire
nous-mêmes, il faut faire les renoncements nécessaires. Les sportifs, le savent
: pour réussir, ils doivent s'entraîner, se dépasser. A plus forte raison dans
la vie chrétienne. St Paul lui-même emploie cette image : “Ne savez-vous pas que les coureurs, dans le
stade, courent tous, mais qu'un seul gagne le prix ? Courez donc de manière à
le remporter. Tous les athlètes s'imposent une ascèse rigoureuse ; eux, c'est
pour une couronne périssable, nous, pour une couronne impérissable. Moi donc,
je cours ainsi…“. Et “je traite
durement mon corps et le tiens assujetti, de peur qu'après avoir proclamé le
message aux autres, je ne sois moi-même éliminé“ (I Cor 9.24sv).
- Bref, quoi qu'il arrive, ne nous affolons
pas, gardons confiance, et réveillons l'espérance de ceux qui
s'affolent. Sachons repérer les signes du monde nouveau qui se construit dés
maintenant ici bas, et travaillons en ce sens : se mettre au service des
plus malheureux, partager avec ceux qui sont dans le besoin, accueillir,
pardonner, réconforter, rétablir la concorde, agir dans un esprit de justice…
Tout cela ne fait pas beaucoup de bruit, on
n'en parle pas à la télévision, mais ce sont les bourgeons du Royaume de Dieu
qui commencent à s'ouvrir. C'est la brise de l'Esprit-Saint qui vient nous
animer ; ainsi, le dessein de Dieu commence à se réaliser. Et c’est alors
que l’on perçoit que Jésus est venu, qu’il vient encore et qu’il vient en notre
vie, et qu’il revient, et qu’il reviendra. Il est là ; il est à notre
porte !
- Et enfin : quand
vous avez l'impression que tout va mal, levez les yeux vers ce Jésus dont
vous pressentez la présence. Lui aussi est passé avant vous par le même
chemin. C'est sur la croix - qui semblait son échec définitif - que le Christ
fut vainqueur, comme sa résurrection l'a prouvé. Il l'avait annoncé lui-même en
se comparant à la semence : "Si le
grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul. Mais s'il meurt,
il porte beaucoup de fruit". La mort de Jésus le Vendredi saint et sa
résurrection le jour de Pâques, cela ne fait qu'un. De même, dans notre vie de
chrétiens, il y a un lien mystérieux entre nos détresses ou combats de chaque
jour et ce qui en résulte souvent par la suite : comme une renaissance, une
résurrection. Il ne faut jamais croire que tout est perdu, ni qu'on n'est plus
bon à rien : on peut toujours renaître ! Telle est notre espérance avec le
Christ mort mais ressuscité et toujours présent en nos vies… Du moins, est-il “à notre porte“. Il nous suffit de
l’accueillir !
L’Eucharistie nous
le rappelle : c'est le mémorial de ce mystère de mort et de résurrection. Jésus
y est passé avant nous : quand la tempête semble nous submerger, prêtons
l'oreille au Seigneur qui est là tout proche et qui nous dit : "N'ayez pas peur, reprenez courage,
tenez bon, je suis avec vous ! Je serai avec vous pour
toujours !"
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