34 T.O. Lundi 12/B (Apoc 14.1sv.)
Face
à la “Bête“ (le
démon)
dont il a été question précédemment, et face à ses adorateurs, l’Agneau se
dresse avec ses cent quarante quatre mille. Ils portent son nom et celui du
Père écrits sur le front.
Manifestement
le contraste est voulu avec la vision précédente où la “Bête“ impose à ses
adorateurs “une marque sur la main droite
ou sur le front“ (13.16).
Et
on peut déjà conclure : le peuple de Dieu est vainqueur de la
Bête ! Il a refusé de se soumettre à la propagande idéologique. C’est un
peuple de “dissidents“ qui reconnaît Dieu seul comme Maître. “Le vainqueur…, j’inscrirai sur lui le nom
de mon Dieu, et le nom de la cité de mon Dieu“ ! (3.12).
Le
début de notre lecture nous parle de l’Eglise sur la terre, dénombrée en tant
qu’“Israël nouveau“ : Cent quarante quatre mille : Douze mille
multipliés par douze (12
tribus d’Israël ; 12 apôtres) ! St Jean emploie, là, les catégories
juives pour décrire l’Eglise et le Christ, l’Agneau debout sur le mont Sion,
sur Jérusalem. De même que Dieu était présent au milieu de son peuple au “lieu qu’il avait choisi pour y faire
habiter son Nom“, de même Jésus est présent au cœur de son Eglise.
Cette
vision de St Jean - l’Agneau debout avec les cent quarante quatre mille, après
la vision de la “Bête“ et de ses adorateurs -, nous permet de porter un regard
en profondeur sur l’invisible au-delà du visible. Sous une apparence de
défaite, de faiblesse, de mort, l’Eglise persécutée est unie au Christ crucifié
et ressuscité, à l’Agneau debout ; et elle est victorieuse avec
lui !
Les
versets suivants nous font passer à l’Eglise céleste, car il n’y a qu’une
Eglise, celle du ciel et celle de la terre. L’Eglise persécutée sur la
terre est unie au Christ ressuscité ainsi qu’à l’Eglise glorieuse du ciel.
Et
cette Eglise céleste est rassemblée dans la louange. On y chante le cantique
nouveau déjà mentionné au ch. 5ème (8-9), le cantique de la rédemption. Le
cantique de Moïse qui chantait la libération d’Egypte n’était qu’une annonce de
ce cantique de l’Eglise qui chante sa libération du péché et de la Bête !
Sur
la terre, seuls les chrétiens fidèles, et parmi eux les martyrs, peuvent
chanter ce même cantique. C’est dire qu’ils sont destinés à la gloire, parce
qu’ils ont été touchés par la croix.
L’Apocalypse
nous présente une nouvelle fois les martyrs comme les grands vainqueurs
destinés à partager la gloire de l’Agneau, aussitôt leur sacrifice consommé.
Ils
sont les “rachetés de la terre“,
les “rachetés d’entre les hommes“ (v/4), rachetés, par le
sang du Christ, propriété du Christ.
Ils
portent son nom sur le front et “suivent
l’Agneau partout où il va“, expression bien johannique pour dire qu’ils
sont disciples de Jésus et de Jésus crucifié.
Ils
sont “vierges“ (V/4) - non pas
spécialement d’une virginité physique -, mais de la virginité spirituelle, de
l’intégrité et de la fidélité de l’Eglise qui se garde de toute contamination
avec l’idolâtrie du monde. Les prophètes n’avaient-ils pas comparé très souvent
l’idolâtrie à un adultère envers Dieu, une prostitution ?
Et
encore : “dans leur bouche, point
de mensonge“ : dans l’Ancien Testament, le mensonge désigne
souvent la religion des faux dieux.
Ils
sont “irréprochables“ ou encore
“immaculés“ selon la traduction du
mot grec en Ephésiens (1.4). Ce qui souligne qu’ils
ne se sont pas hissés par leurs propres forces au-dessus de l’impureté
générale, mais qu’ils ont correspondu à la grâce de Dieu.
Enfin
les cent quarante quatre mille sont “des prémices“
pour Dieu et pour l’Agneau. Cette dernière qualification implique l’idée d’une
vie offerte en sacrifice. Les prémices sont la partie la plus précieuse de la
récolte ; ce sont les premiers fruits, ceux que l’on offre à Dieu !
St
Jean regarde ses frères comme un peuple destiné au martyre. Ils se trouvent au
point de départ d’une multitude de chrétiens fidèles, comprenant de nombreux
martyrs dans l’avenir de l’Eglise.
Soyons
nous-mêmes de ces chrétiens qui “suivent
l’Agneau partout où il va“, c’est-à-dire jusqu’à la croix s’il le faut.
Nous
devrions toujours nous préparer au martyre comme conséquence normale et
possible de notre témoignage d’une “nouvelle évangélisation“ comme au temps de
St Jean.
La
vie monastique n’a-t-elle pas été comparée à une vie de martyr, à condition de
n’être pas une vie repliée frileusement sur elle-même, avec la supposée
sécurité de ses règles et croyances propres. C’est la tentation de tout
chrétien dénoncée très souvent par le Christ lui-même.
C’est
ainsi que nous pourrons chanter - et jubiler - avec le “cantique toujours
nouveau“ !
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