samedi 4 avril 2015

Union au Ressuscité !

Résurrection 2015 -

Au moment de la résurrection de Jésus, l’évangile ne dit rien de Marie, sa Mère ! Elle est en silence ! Non pas étrangère à ce mystère, mais en silence ! C’est que Dieu enseigne souvent par des paroles, mais aussi par des silences. C’est à l’intelligence que la parole s’adresse ; c’est à l’âme que Dieu veut communiquer son Amour. Or l'amour, lui, peut se nourrir de silences qui parfois disent beaucoup plus que la parole. Oui, l’amour réclame souvent le silence.

Or, c’est le mystère de Pâques qui révèle le plus l’Amour de Dieu. Marie le reçoit donc en silence. Plus Marie reçoit l'amour de Dieu, plus elle entre dans le silence d’une vie intérieure qui la distrait des circonstances extérieures. La vie intérieure est une vie qui échappe à l'histoire ; elle se réalise en Dieu. Et ce n'est que par une vie intérieure, même imparfaite ici-bas, que nous pouvons approcher des mystères de Dieu. Avec Marie, dans le silence d’une vie intérieure, sachons percevoir le mystère de cette présence du Christ glorieux, ressuscité ! Du Christ près de nous, en nous !

Percevons ce mystère grâce à une oppositon que souligne St Jean. En effet, il écrit : “Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala se rend de bonne heure au tombeau”. En raison de son grand amour, elle s’active pour honorer Celui qu'elle aime, préparant des aromates pour son corps. Son ardeur la presse de vite revenir au sépulcre. En route, une seule préoccupation : qui enlèvera la grosse pierre qui mure le sépulcre. Arrivée, elle voit cette pierre roulée et le sépulcre vide. Effrayée, elle pense tout de suite à un vol. Elle court alors trouver Simon-Pierre et Jean : “On a enlevé le Seigneur !”. Son Seigneur lui est enlevé !

Avec eux, elle retourne au sépulcre. Les disciples font le même constat et repartent. Marie de Magdala, elle, demeure près du tombeau, pleurant. Celui qu'elle cherchait par-dessus tout a disparu. Désespérée devant ce vide terrible, sanglotant, elle se penche vers le tombeau et voit deux anges : "Femme, pourquoi pleures-tu ? - On a enlevé mon Seigneur !”. Sa douleur est si forte qu’elle ne fait même pas attention à l'apparition des anges, si extraordinaire soit-elle. Ce ne sont pas des anges qu'elle cherche, c'est son Seigneur. “Disant cela, elle se retourne”. Et Jésus est là !

Il est là, mais caché sous les apparences d'un jardinier : “Femme, qui cherches-tu ?” - “Seigneur, si tu l'as pris, dis-moi où tu l'as mis”. - “Marie !”, dit Jésus. Alors elle le reconnaît : “Rabbouni, Maître !” - “Ne me tiens pas ainsi, dit Jésus, car je ne suis pas encore monté vers le Père… qui est mon Père et votre Père”. C'est en prononçant son nom que Jésus se révèle à elle. Mais, aussitôt, il s'écarte, ne veut pas être touché.

Si Jésus apparaît à Marie de Magdala, c’est pour purifier, vivifier sa vie de foi, d'espérance et d'amour, lui rappeler les exigences d’une union plus intérieure avec lui, comme l'a compris immédiatement sa Mère, la Vierge Marie. En effet, à cause de sa douleur vécue d'une manière trop humaine, elle n'a quitté le sépulcre qu'à contrecœur, obéissant au précepte du sabbat qu’à regret, impatiente de revenir là où son cœur l'appelle, au tombeau. Le texte signale l'objet de ses pensées durant l’immobilité du sabbat. N’ayant pas trouvé le repos d’une union intérieure avec Jésus, elle s’adonne à des activités belles, bonnes, inspirées par la générosité de son cœur souffrant, mais qui étouffent en elle les exigences d’une union profonde avec le Ressuscité. En réalité, elle cherche Jésus là où déjà Il n'est plus ! 

Cependant Jésus aime Marie de Magdala ; à cause de la générosité de son amour, il lui fait le don de sa première apparition. Mais en même temps, c'est pour lui inspirer une véritable union avec lui, en lui ; en lui dévoilant le mystère de sa Résurrection, il la “corrige” par certaines épreuves ! 

D’abord, elle trouve le sépulcre vide. Quelle terrible épreuve, quand on pense à son désir si vif : être près de son Seigneur ! 
L’apparition des anges aurait pu être une consolation ! Mais, ne recherchant que Jésus, leur présence est pour elle une autre épreuve ; leur aimable question semble même l'énerver. Quand on recherche intensément une personne aimée, rencontrer d’autres personnes irrite parfois et blesse. 
Enfin, la présence même du Christ est une troisième épreuve. Il est présent et elle ne Le reconnaît pas ! Quelle humiliation : quand on aime quelqu'un, on prétend toujours pouvoir le reconnaître… Marie de Magdala est proche de Jésus, mais son amour ne dépasse pas les apparences. Jésus doit avoir l'initiative et l'appeler par son nom : “Marie !”. Il doit réveiller en elle l’idéal d’une union profonde pour qu'elle comprenne alors qui il est vraiment.

Ainsi, Jésus lui fait comprendre qu'il attend d'elle un nouvel amour, plus pur, plus divin. Elle ne peut plus Le toucher comme autrefois. Elle doit Le chercher dorénavant auprès de Dieu “son Père et notre Père”. Car c'est d’abord pour la gloire du Père qu'Il est ressuscité, et c'est auprès de Lui qu'Il demeure. C'est donc dans une foi toute divine qu'il faut Le rejoindre, rejoindre sa divinité, mais également son humanité, son corps qui doit devenir pour elle et tous ses disciples objet d’une vie intérieure, d’union avec Dieu.

Marie, la Mère de Jésus, elle, vit immédiatement de ce mystère pascal. Par sa foi, son espérance, sa charité, elle n’a jamais quitté la présence divine de Jésus, jusque dans le silence de la mort. Aussi, dès la Résurrection, Marie vit en silence de ce mystère d'amour triomphant. Elle vit, dès cette terre, de l'éternité, du grand mystère de l'amour de Dieu. Elle comprend : le cœur de son Fils a bien été mortellement blessé par la lance du centurion, mais Dieu se sert de cette blessure pour que son amour divin resplendisse à nouveau, éclate en une splendeur unique dans son cœur de chair et dans tout son corps. 
Et on peut le penser : si le premier mouvement de ce cœur glorieux de Jésus est pour le Père, pour sa gloire, il est aussi pour sa mère. Si le premier battement du cœur de l’Enfant de Bethléem fut certainement pour Dieu, son Père et pour Marie, sa Mère, il était normal que le premier mouvement du cœur de Jésus glorifié leur fût encore réservé. Jésus rendait à sa Mère au centuple ce qu'Il avait reçu d'elle.

Ce mystère, Marie le vit dans cette foi qui n’a nul besoin de signe extérieur. Elle est en silence. Ce silence enseigne que Marie est toute centrée en sa vie d’union au Christ glorieux, comme si elle-même ressuscitait déjà avec Lui et n'était plus de ce monde. St Paul nous dit : “Vous êtes ressuscités avec le Christ ; recherchez les choses d'en-haut, là où se trouve le Christ ! Songez aux choses d'en-haut, non à celles de la terre. Car vous êtes morts, et votre vie est désormais cachée avec le Christ en Dieu” (Col 3.1-3). Ne recherchant plus que “les choses d'en-haut”, là où est le Ressuscité, Marie vit dans un silence total, absolu, comme n'étant plus de ce monde. St Jean lui-même dut respecter ce silence sans le comprendre toujours. 

Ce mystère de la Résurrection épanouit encore l’espérance de Marie dans un élan d'être auprès du Père grâce à son Fils, avec Lui. Ce qui caractérise le Christ glorifié, c'est précisément d'être “près de son Père et notre Père". Dans son espérance, Marie n’a plus qu’un désir : vivre auprès du Père. Elle est toute tendue vers ce jour où elle pourra dire, elle aussi : “Seigneur, Père me voici !” (Cf. Ps 39.7 - Heb. 10.5-9). C’est dans le silence des choses de la terre qu’elle attend ce jour béni.

Enfin, le mystère de la Résurrection illumine la charité de Marie. Plus que jamais la vie de Marie est une vie d’union à Dieu, vie d'amour, pacifiée, transfigurée par l'amour. Jésus lui est beaucoup plus donné encore qu'à Noël, car la Résurrection est un don nouveau de l’amour de Dieu par le cœur glorifié de son Fils. Il y a là, pour le cœur de Marie, une présence plus divine, plus intime de Jésus. Et cette intensité d’amour ne se vit que dans le silence

Voilà la paix divine que goûtait Marie dans le silence, en la nuit pascale - une "Paix Notre-Dame" -, alors que Marie de Magdala guettait le petit jour pour se précipiter vers le sépulcre vide et que Jean et les autres disciples demeuraient désemparés. 
Seule, Marie veillait dans le silence d’union à son Fils, Dieu fait homme par elle, et désormais dans la gloire du Père. 
Que Marie soit pour nous tous une aide et un exemple à suivre, nous qui cheminons vers Dieu-Père, le Père de toute miséricorde.

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