25 Avril - St Marc
Beaucoup pensent - légitimement - que
la finale du second évangile (16.9-26) - reconnue
cependant comme inspirée - n'est pas de St Marc. Elle serait un écrit
postérieur afin que cet évangile ne se termine pas sur la "peur" des
femmes venues au tombeau du Christ au matin de Pâques : "Toutes tremblantes et bouleversées", à l'apparition "d'un jeune homme vêtu d'une robe
blanche" (Mc 165), "elles ne dirent rien à
personne, car elles avaient peur !" (16.8).
Pourtant, ce "jeune homme" -
l'ange de Dieu - leur avait bien dit : "Ne
vous effrayez pas. Jésus, le Crucifié, est ressuscité. Il vous précède en
Galilée !" (16.6).
"Il vous précède en Galilée !". Cette
Galilée était alors reconnue comme le "carrefour des nations" à cause
des "autoroutes" de l'époque qui, du nord au sud, de l'est à l'ouest,
se croisaient en cette région. Ainsi, l'écrit postérieur à l'évangile de St
Marc (appelé "finale canonique") veut préciser, avec les autres récits
d'apparitions du Ressuscité, le contenu de la mission confiée par Jésus à ses
apôtres : une mission qu'ils doivent exercer en la "Galilée",
croisement de toutes les nations, c'est-à-dire au cœur de la vie du monde, de
la vie de tous les hommes, en leur "Galilée" quotidienne où le Christ
les précède !
Aussi, c'est tout naturellement
qu'ainsi l'évangile de Marc se termine par cette remarque importante : "Le Seigneur travaillait avec
eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient".
Ce verset est parmi ceux qui explicitent le mieux la mystérieuse synergie entre
l’envoyé et son Maître, tout à l’image de celle qui unit le Père et le Fils
pour une même action salvifique. St Jean avait bien noté cette remarque de
Jésus : "Mon Père est à l'œuvre (travaille) et moi aussi je suis à l'œuvre (je
travaille)" (Jn. 5.17).
Et désormais, le Seigneur
"travaille" toujours par ses disciples, avec eux et en eux afin de
continuer à rassembler les enfants dispersés de Dieu son Père, à les rassembler
autour de l’étendard de sa Croix glorieuse, afin que tous les hommes
parviennent au salut. Le "travail" dont il est question est en effet
le travail d’enfantement du monde nouveau, commencé par la Passion-Résurrection
du Seigneur, continué tout au long de l’histoire par l’Eglise, en union étroite
avec le Christ vivant en elle.
Aujourd’hui comme hier, il est urgent
de proclamer la "Bonne Nouvelle" de la "Pâque" du
Seigneur qui nous délivre de toute peur, de la peur de la mort elle-même.
Mais pour proclamer cette "Bonne Nouvelle", il est indispensable que
chacun "marche dans la voie où, lui,
Jésus a marché" (I Jn 2.6), ce passage de mort à vie, ce mystère qui est sans cesse une
"épiphanie", une manifestation de l'amour infini de Dieu, notre Père,
en nos vies si fragiles !
Oui, nos vies si fragiles ! Car
nous sommes encore, dirait St Paul, "dans
les douleurs de l'enfantement" (Rm 8.22) à la réalité de
cette "Bonne Nouvelle" inaugurée par la Pâque de Notre-Seigneur.
Chaque jour, par la foi, nous avons à re-choisir sa "seigneurie", ce qui
implique que nous renoncions à notre autonomie orgueilleuse pour nous "tenir humblement sous la main
puissante de Dieu" (1ère lect.). Or "nous revêtir d’humilité"
est un "travail" qu'il ne faut ni sous-estimer - ni encore moins
éluder -, car nous régresserions alors vers une religiosité hypocrite, le
disciple n’étant plus à l’image de son Maître.
Ce combat de l’humilité est d’ailleurs
étroitement lié à celui de la foi, comme le confirme Saint Pierre : "le démon comme un lion qui rugit, va
et vient, à la recherche de sa proie. Résistez-lui avec la force de la
foi" (1ère lect.). Le démon ne cherche rien d’autre qu’à nous détourner du salut
gratuitement offert en Jésus-Christ, en nous faisant miroiter une illusoire prétention
à l’autosuffisance, qui nous permettrait de nous passer de Dieu finalement.
Hélas, "celui qui refusera de croire
sera condamné", car "Dieu
s’oppose aux orgueilleux, aux humbles il accorde sa grâce".
Tout missionnaire de l’Evangile devra
donc demander quotidiennement d’avoir "le
cœur bouleversé d’entendre" (Ac 2,3) cette
Parole qui nous crie l’amour de Dieu et nous le rend visible sur le visage de
son Christ : "Il m’a aimé et s’est
livré pour moi", s'exclamait St Paul (Ga 2,20).
Notre foi pourra alors devenir communion d’amour et de vie, permettant au
Seigneur de "travailler avec
nous" et par nous, "confirmant
la Parole par les signes qui l’accompagnent".
Et ce sera, malgré les tribulations d'ici-bas,
la Paix : "Paix à vous tous qui êtes
dans le Christ !", nous souhaite St Pierre.
Aussi, tout particulièrement en ce lieu
appelé "La Paix Notre-Dame", prions Marie, "Reine de la
paix" : Vierge Marie, tu exhortais Sainte Faustine à développer trois
vertus : “l’humilité, l’humilité et
l’humilité” ; c’est elle en effet qui fait la vérité dans nos vies,
nous purifie de l’orgueil, et nous dispose à l’accueil de la grâce.
Apprends-nous à aimer l’humilité, à la rechercher, à la cultiver en ne refusant
pas les petites humiliations de la vie quotidienne. Sainte Bernadette, ne
disait-elle pas : “Il faut beaucoup
d’humiliations pour faire un peu d’humilité !”.
Aide-nous toujours, Vierge Marie,
malgré notre répulsion spontanée, à accepter avec joie le nécessaire travail d'une
véritable humilité, car il n’est pas d’autre chemin pour purifier notre foi, et
devenir un disciple du Christ qui lui ressemble afin de mieux témoigner de sa
grâce pascale pour tout homme !
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