lundi 13 avril 2015

Hardiesse !

Pâques 2 Lundi 2015

Les disciples du Seigneur, après la résurrection du Christ, priaient ainsi : "Les rois de la terre se sont levés et les princes ont comploté contre le Seigneur et son Christ !". Ils ont comploté et ils complotent toujours. C'est encore d'actualité ! Mais la prière se continue : "Donne à tes serviteurs d'annoncer ta parole avec une totale assurance". Alors l'Esprit-Saint se manifeste. Et, dit le texte : "Ils annoncèrent la parole de Dieu avec une totale assurance !".

Le mot français ainsi que le mot latin (“fiducia“ - “avec confiance“) paraissent faibles, me semble-t-il, en comparaison du mot grec ("parrhésia") : c’est non seulement une assurance, mais une hardiesse !

Malgré les obstacles, les contradictions, les persécutions et sa propre faiblesse, le croyant - le baptisé d’aujourd’hui - doit trouver avec le Christ ressuscité une hardiesse qui lui permet de rester stable, sans trouble ni inquiétude, même devant la mort, la pire ennemi de la vie : “Oui, nous sommes plein de hardiesse, dira St Paul ; et nous préférons quitter la demeure de ce corps pour aller demeurer auprès du Seigneur“ (II Cor. 5.8).
Avec le Christ ressuscité, la mort elle-même ne fait plus peur ! (cf. Phi. 1.21). Par le Ressuscité du matin de Pâques, avec lui, en lui, nous sommes destinés à la VIE ! Et j’ai lu quelque part que c’est même, d’après un manuscrit, cette hardiesse pleine d’espérance que Jésus sur la croix souhaitait au “bon larron“ : “Courage !“ ("sois rempli de hardiesse"), ce soir tu seras avec moi au paradis !“.

Cette hardiesse que le baptisé reçoit du Christ ressuscité, du “VIVANT“ qui a franchi la mort et qui vit en lui, lui permet, en un premier temps, de s’adresser à Dieu comme à un Père, avec cette sérénité dont faisaient preuve les apôtres.
Dans l’Ancien Testament, le croyant était plutôt un “craignant-Dieu“ qui, né pécheur, se sachant porté au mal, avait cette tendance héritée d’Adam et Eve après leur faute, de “se cacher de devant Dieu“ (Gen 3.8), par crainte.
Mais, depuis que la VIE du Fils de Dieu coule dans le baptisé, comment pourrait-il, devenu “enfant de Dieu“, avoir peur de son Père des cieux ? - “Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils qui crie “Abba-Père !“ - “Tu n’es plus esclave, s’écrie St Paul, mais fils. Et comme fils, tu es aussi héritier. C’est l’œuvre de Dieu !“ (Gal 4.7).

Oh ! Certes, nous restons pécheurs : “Si nous disons : ’nous ne sommes pas pécheurs’, nous faisons du Christ un menteur, dit St Jean, la vérité n’est pas en nous“. (I Jn 1.6,10). Mais la “parrhésie“, cette hardiesse reçue de la VIE DU RESSUSCITE l’emporte pleinement sur la peur ; elle tranquillise le cœur : “car si notre cœur nous accuse, dira encore St Jean, Dieu est plus grand que notre cœur ; et il discerne tout“. Et nous pouvons “nous adresser à Dieu avec assurance, avec hardiesse (I Jn 3.19.21).

Et, bien sûr, le fondement d’une telle prière, c’est la Vie même de Dieu qui coule en nous grâce au Christ, “Fils de Dieu fait homme“, “mort mais ressuscité“ pour nous.
Or, “Dieu est Amour !“ En vivant de cette VIE de Dieu, nous vivons de son AMOUR. Et le baptisé - même pécheur - pressent que le cœur de son Père des cieux est un cœur plein de tendresse et de miséricorde. Dès ici-bas, la vie de Dieu que le Christ nous transmet nous façonne une psychologie de “bienheureux“ qui nous permet de nous adresser à lui sans arrière pensée : “L’Esprit du Christ atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu et donc cohéritiers du Christ : ayant part à ses souffrances, nous aurons part aussi à sa gloire“ (Rom 8.17).
Adressons-nous donc à Dieu en toute sincérité comme le Christ lui-même au cours de son agonie s’est adressé “avec grand cri et larmes à Celui qui pouvait le sauver de la mort“ (Héb. 5.7).

Et cette capacité reçue du Christ ressuscité de pouvoir de nous adresser à Dieu notre Père en toute assurance et tranquillité de cœur, nous donne, de ce fait, la hardiesse de proclamer devant nos frères la Parole du Christ, du VIVANT QUI FAIT VIVRE, de la proclamer en hommes vraiment libres, délivrés de la servitude des ténèbres de ce monde.

Cette capacité de proclamer la Parole du Christ contient un pouvoir singulier. De même que les paroles de Jésus étaient “esprit et vie“ (Jn 6.63), de même, la parole du baptisé n’est pas simplement une “propagande“, une proposition de salut ; elle est “vivante et efficace“ : “quand vous avez reçu la parole de Dieu que nous vous faisions entendre, disait St Paul aux Thessaloniciens, vous l’avez accueillie, non comme une parole d’homme, mais comme ce qu’elle est réellement, la Parole de Dieu qui est à l’œuvre en vous, les croyants“. Une PAROLE DE VIE ! LA PAROLE DU RESSUSCITE DU MATIN DE PAQUES !

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