Pâques 2
Lundi 2015
Les disciples du Seigneur, après la résurrection du
Christ, priaient ainsi : "Les rois
de la terre se sont levés et les princes ont comploté contre le Seigneur et son
Christ !". Ils ont comploté et ils complotent toujours. C'est encore
d'actualité ! Mais la prière se continue : "Donne
à tes serviteurs d'annoncer ta parole avec une totale assurance".
Alors l'Esprit-Saint se manifeste. Et, dit le texte : "Ils annoncèrent la parole de Dieu avec une totale assurance
!".
Le mot français ainsi que le mot latin (“fiducia“ - “avec confiance“) paraissent
faibles, me semble-t-il, en comparaison du mot grec ("parrhésia") : c’est non seulement une assurance, mais
une hardiesse !
Malgré les obstacles, les contradictions, les
persécutions et sa propre faiblesse, le croyant - le baptisé d’aujourd’hui -
doit trouver avec le Christ ressuscité une hardiesse qui lui permet de
rester stable, sans trouble ni inquiétude, même devant la mort, la pire ennemi
de la vie : “Oui, nous
sommes plein de hardiesse, dira St Paul ; et nous préférons quitter la demeure
de ce corps pour aller demeurer auprès du Seigneur“ (II Cor. 5.8).
Avec le Christ ressuscité, la mort elle-même ne
fait plus peur ! (cf. Phi. 1.21). Par le
Ressuscité du matin de Pâques, avec lui, en lui, nous sommes destinés à la
VIE ! Et j’ai lu quelque part que c’est même, d’après un manuscrit, cette hardiesse
pleine d’espérance que Jésus sur la croix souhaitait au “bon larron“ : “Courage !“ ("sois rempli de hardiesse"), ce soir tu seras avec moi au paradis
!“.
Cette hardiesse que le baptisé reçoit du
Christ ressuscité, du “VIVANT“ qui a franchi la mort et qui vit en lui, lui
permet, en un premier temps, de s’adresser à Dieu comme à un Père, avec cette
sérénité dont faisaient preuve les apôtres.
Dans l’Ancien Testament, le croyant était plutôt
un “craignant-Dieu“ qui, né pécheur, se sachant porté au mal, avait cette
tendance héritée d’Adam et Eve après leur faute, de “se cacher de devant Dieu“ (Gen 3.8), par crainte.
Mais, depuis que la VIE du Fils de Dieu coule
dans le baptisé, comment pourrait-il, devenu “enfant de Dieu“, avoir peur de son Père
des cieux ? - “Dieu a
envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils qui crie “Abba-Père !“ -
“Tu n’es plus esclave,
s’écrie St Paul, mais
fils. Et comme fils, tu es aussi héritier. C’est l’œuvre de Dieu !“
(Gal 4.7).
Oh ! Certes, nous restons pécheurs : “Si nous disons : ’nous ne sommes
pas pécheurs’, nous faisons du Christ un menteur, dit St Jean, la vérité n’est pas en nous“.
(I Jn 1.6,10). Mais la “parrhésie“, cette hardiesse
reçue de la VIE DU RESSUSCITE l’emporte pleinement sur la peur ; elle
tranquillise le cœur : “car
si notre cœur nous accuse, dira encore St Jean, Dieu est plus grand que notre cœur ;
et il discerne tout“. Et nous pouvons “nous adresser à Dieu avec assurance, avec hardiesse“
(I Jn 3.19.21).
Et, bien sûr, le fondement d’une telle prière,
c’est la Vie même de Dieu qui coule en nous grâce au Christ, “Fils de Dieu fait homme“, “mort
mais ressuscité“ pour nous.
Or, “Dieu
est Amour !“ En vivant de cette VIE de Dieu, nous vivons de son
AMOUR. Et le baptisé - même pécheur - pressent que le cœur de son Père des
cieux est un cœur plein de tendresse et de miséricorde.
Dès ici-bas, la vie de Dieu que le Christ nous transmet nous façonne une
psychologie de “bienheureux“ qui nous permet de nous adresser à lui sans
arrière pensée : “L’Esprit
du Christ atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu et donc
cohéritiers du Christ : ayant part à ses souffrances, nous aurons part aussi à
sa gloire“ (Rom 8.17).
Adressons-nous donc à Dieu en toute sincérité comme
le Christ lui-même au cours de son agonie s’est adressé “avec grand cri et larmes à Celui
qui pouvait le sauver de la mort“ (Héb.
5.7).
Et cette capacité reçue du Christ ressuscité de
pouvoir de nous adresser à Dieu notre Père en toute assurance et
tranquillité de cœur, nous donne, de ce fait, la hardiesse de proclamer
devant nos frères la Parole du Christ, du VIVANT QUI FAIT VIVRE, de la
proclamer en hommes vraiment libres, délivrés de la servitude des ténèbres de
ce monde.
Cette capacité de proclamer la Parole du Christ
contient un pouvoir singulier. De même que les paroles de Jésus étaient “esprit et vie“ (Jn 6.63), de même, la parole du baptisé n’est
pas simplement une “propagande“, une proposition de salut ; elle est “vivante et efficace“ : “quand vous avez reçu la parole de
Dieu que nous vous faisions entendre, disait St Paul aux
Thessaloniciens, vous
l’avez accueillie, non comme une parole d’homme, mais comme ce qu’elle est
réellement, la Parole de Dieu qui est à l’œuvre en vous, les croyants“.
Une PAROLE DE VIE ! LA PAROLE DU RESSUSCITE DU MATIN
DE PAQUES !
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