4e
Dimanche de Pâques 2015.B -
En ce temps de Pâques, en ce “Jour du Seigneur”,
les chrétiens se réunissent pour se réconforter de la présence du Christ
ressuscité, toujours vivant.
Sachons regarder, contempler, de temps en temps, la
croix du Christ qui est dans notre chapelle ! Voyons-la comme Marie l’a vue
dans la foi. C'était comme “le grain
tombé en terre, mort et qui maintenant porte du fruit”. Et disons comme
Pierre : "Ce Jésus, pierre rejetée,
est devenu pierre d'angle. En dehors de lui, il n'y a pas de salut !".
Et c'est lui qui nous affirme aujourd’hui : “Je
suis le Bon Pasteur. Je connais mes brebis et mes brebis me connaissent. Je
donne ma vie pour mes brebis”.
Le
bon Pasteur ! Retenons cette image aujourd'hui tout spécialement, en
cette "journée de prière pour les vocations". Oh, certes,
certains diront que cette image est un peu désuète désormais pour les citadins
que nous sommes devenus pour la plupart d'entre nous. Et cependant ! Il
s'agit de Dieu et de nous. De Dieu et du monde. Le monde a besoin de quelqu'un,
Il est souvent à la recherche d'un guide, d'un "berger" ! Puisse-t-il
être à la recherche de Dieu, seul "guide", seul "berger" !
D’ailleurs,
chacun a besoin d'un chacun ; tout le monde a besoin de quelqu'un. On ne peut
s'en tirer tout seul. Nul n’est une île !
Heureusement
dans l'existence tous les hommes peuvent trouver un vis-à-vis. Ce sont les
parents pour les enfants, et pas seulement quand ils sont tout petits. De même
les enfants pour les parents : ils échangent les expériences des âges
différents… Et encore, il y a heureusement les liens d'amitié : personne ne
peut se passer d'une oreille qui écoute, d'une main tendue au bon moment, d'un
geste d'encouragement. Et encore, une femme pour son mari, un mari pour sa
femme : il n'y a de véritable amour que si, au désir, s'allie l'invincible
besoin de dévouement. Nul couple conjugal ne peut s'en passer.
Et
- c’est à remarquer - les exemples que je
viens de prendre sont utilisées par la Bible pour nous dire qui est Dieu
: Père, Époux, ami... On disait de Moïse que “Dieu lui parlait face à face (en mot
à mot : "de bouche à bouche" - Nb 12.8) comme un ami parle à son ami” (Cf Ex 33.11). Ainsi Moïse pouvait parler "sur l'ordre de Dieu" (en mot à mot : "sur
la bouche de Dieu" : "al pi Adonaï" - Cf. Ex 40.36-37).
C'est dire l'intimité de Dieu à Moïse, de Moïse à Dieu !
Et
l'image du "Bon Pasteur" résume bien cette relation primordiale :
“Je connais mes brebis et mes brebis me
connaissent, Je donne ma vie pour mes brebis”.
Mais
s’il y a cette relation de Dieu à nous illustrée par diverses images, Dieu
choisit encore des hommes (comme Moïse et tant
d'autres) pour s’occuper de façon visible, “sacramentelle”, pourrait-on
dire, pour s’occuper des hommes en son nom. C’est le sens de la journée des
“vocations”.
Dès
le début de son action, au bord du Jourdain comme près du Lac de Génésareth,
Jésus appelle des hommes pour qu'ils viennent avec lui : “Venez avec moi, je ferai de vous des pécheurs d'hommes”. St Marc précise
en mot à mot : “Il en fait Douze” (Mc 3.14), comme s'il créait une réalité unique.
L'Église "Une" était déjà là ! “Comme
le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie”. Ils étaient appelés pour
être, tous ensemble, l'Église, le Christ dans le monde. "M'est avis, dira Jeanne d'Arc, que le Christ et l'Eglise, c'est tout
un" !
Rappelez-vous
Pierre, choisi par Jésus : “Tu es
Pierre… ; et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise !” (Mth 16.18). Certes, il y avait eu cette brisure
du reniement ; mais, après la Résurrection, au bord du lac, le pardon : “M'aimes-tu ? Pais mes agneaux, pais mes
brebis. Sois le Pasteur de mes brebis” (Jn
21.15sv).
Et
dans les lettres de St Paul comme dans le livre des “Actes”, nous voyons que la
force de la présence du Christ passe toujours par la naissance d’une communauté
chrétienne. Aussi, chacun de nous a une vocation en cette communauté, en
l'Eglise ! Que personne ne soit donc simple récepteur, mais également
évangélisateur ! Ou plutôt les deux à la fois, tant il est vrai que plus
on donne Jésus Christ, plus on le reçoit ; et plus on le reçoit, plus on
le donne.
Et
ainsi cette force du Christ devient en cette communauté, en l'Eglise, selon le
mot de St Paul “la jointure et
l'articulation” (Col. 2.19 Cf. Eph. 4.16)
des hommes qui entendent l’appel de Dieu. On a pu dire ainsi : “Par l'Incarnation Dieu s'est fait notre
frère : et c'est le Christ. Par l'Incarnation encore, il a donné à notre
frère d'être pour nous le Christ... ; et c'est l'Église”.
Oh,
certes, aujourd'hui comme hier, il y a toujours un unique Berger ; c'est
le Christ. Mais comme il le fit hier pour les Douze, le Christ appelle des
hommes à réunir la Communauté chrétienne, l'Eglise. Et l'Eglise, c'est toujours
le Christ ! Et prions pour les vocations tout au long de la semaine, pour les
vocations sacerdotales en particulier dont on a tant besoin en notre
Occident !
Vous
pouvez penser à des prêtres que vous avez connus, à des moments
importants ; et par eux, vous vous êtes sentis proches de Dieu ; et
cette proximité est toujours active. Bien sûr, on pourrait souhaiter qu’ils
soient encore plus simples, plus purs, plus audacieux, plus inventifs, plus
“Jésus Christ”. Mais, déjà, ils existent, alors qu’on se plaint de la rareté
des vocations, actuellement. “Pastores
dabo vobis”. “Je vous donnerai des pasteurs” : c'était le titre d’une
exhortation de Jean-Paul Il… Le prêtre, disait-il en résumé, doit avoir une
passion pour Jésus Christ. C’est même sa souffrance profonde de ne pas pouvoir
partager cette passion… ; et qu’il soit au milieu des hommes celui qui
s’efforce à chercher avec eux la solution à toute vie, même si elle est parfois
exigeante.
“Qui enverrais-je ?”, demandait
Dieu au prophète Isaïe. Est-ce une illusion de penser que tout jeune chrétien
normalement constitué, devrait entendre quelqu'un lui transmettre cette parole
du Christ… ou rencontrer un groupe chrétien qui lui donne envie d'accomplir
cette tâche au milieu des hommes. Ce dont je suis sûr, c’est que bien des
jeunes ou moins jeunes entendent cet appel de Dieu, mais ils ne rencontrent
pas toujours un entourage, une communauté qui sache épanouir en eux cet appel.
Lequel
d'entre nous ici ne serait pas capable de donner sa vie pour une cause qui en
vaille la peine ? Et nous l'avons cette cause qui en vaut la peine : le
Christ, Dieu fait homme !
D'un
côté, nous avons un monde passionnant, mais qui vit un drame spirituel atroce.
De l'autre, le chrétien sait qu'il y a le Christ qui dans ce monde continue à
souffrir sa Passion et qui a toujours besoin des mains, des esprits, des cœurs
d'hommes pour apporter la guérison qui ne vient que de Dieu. C’est cela être
baptisé, être prêtre : être le Christ qui continue à sauver le monde.
Il
n'y a pas besoin d'être un grand homme pour cela. Le monde a besoin que
quelqu'un s'occupe du monde. Ce quelqu'un c'est le Christ. Il faut être simple,
simple pour être humble, l'humble serviteur du Christ au milieu des hommes.
Et
encore, dernière réflexion : le sacrement qui fait le prêtre comme le
baptisé le met dans une proximité particulière avec le Corps du Christ que nous
célébrons dans l'Eucharistie, ce Corps du Christ, tête et corps, ce Corps du
Christ que nous formons tous ensemble, l’Eglise. Oui, nous formons, tous
ensemble, le Corps du Christ qui toujours vit en nous son mystère pascal de
mort et de vie, ce mystère que signifie sacramentellement l’Eucharistie. Tout,
prêtre, tout baptisé, tous, nous avons à témoigner de ce mystère pascal.
Et Dieu ne cesse d’interroger chacun pour être témoin de ce mystère pascal. Dieu
ne cesse d’interroger : “Qui
enverrais-je ?”.
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