24
T.O. Vendredi 12/B - (I Co.
15.12-20)
St
Paul aborde, dans sa lettre aux Corinthiens, le thème principal de sa
prédication, et qui est le fondement de la foi chrétienne : la Résurrection du
Christ et, conséquemment, notre propre résurrection.
Cette
prédication essentielle avait été pour lui l'occasion d'un échec cuisant à
Athènes ; il en avait beaucoup souffert, lui qui avait rencontré le Christ
vivant sur le chemin de Damas : Paul, lui avait dit en quelque sorte le Christ,
tu continues à me persécuter en persécutant corporellement mes frères, mes disciples,
eux qui sont destinés à vivre pour toujours avec moi !
Depuis
lors, l'apôtre s'attachait à présenter cette réalité de la Résurrection chez
les Corinthiens devenus disciples du Christ. Mais la pensée philosophique
grecque véhiculait encore chez certains des préjugés contre la matière : le
corps, pour une Grec, n'était finalement qu'un tombeau, qu'une prison dont il
fallait sortir pour atteindre la vie véritablement, la vie plénière de l'esprit
sans le corps !
L'apôtre
évoquera à nouveau cette pensée contraire à la foi chrétienne à son cher
Timothée : “Quant aux
bavardages impies, écrira-t-il, évite-les. Ceux
qui s'y livrent... se sont écartés de
la vérité en prétendant que la résurrection a déjà eu lieu ; ils renversent
ainsi la foi de plusieurs“ (II Tm 2 16-17).
“La résurrection a
déjà eu lieu !“,
disent certains. Paul vise ceux qui faisaient allusion au baptême
conçu, reçu comme une "résurrection spirituelle". Et, de ce fait, ils
niaient alors la résurrection des corps !
Ainsi,
dans sa lettre aux Corinthiens, Paul ne se lasse pas de répéter les mêmes mots,
les mêmes expressions comme dans une argumentation pressante : certains
disent, accuse-t-il, qu’il n’y a pas de résurrection des morts ! Mais s’il
n’y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité.
Et si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi. Raisonnement qu’il
reprend pratiquement aussitôt une seconde fois ! Il argumente :
-
S’il n’y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas
ressuscité. Et toute notre espérance s’écroule ! (v/12-19)
-
Mais heureusement, le Christ est ressuscité. Et nous serons tous vivifiés par
lui (V/
20-28).
-
Sinon, tout ne serait qu’inconséquence ! (V/29-30). Alors, dira-t-il,
cyniquement, "mangeons et buvons,
car demain, nous mourrons !".
Sans
doute, Paul argumente-t-il du fait que le Christ et les hommes ont commune
nature ! Et grâce à ce lien, il y a relation causal : si notre
résurrection, qui est un effet de celle du Christ, doit ne pas avoir lieu,
c’est que la cause n’a pas été posée. Cette pensée logique s'appuyait sur la
notion de ce qu'on appellera par la suite : le "Corps mystique" du
Christ : si le Corps ne ressuscite pas, pourquoi la tête (le Christ)
serait-elle ressuscitée ? Cette idée est très belle et très juste en
soi ! Paul l’avait probablement présente à la pensée ; il la
présuppose et l’esquissera un peu plus loin et la formulera par ailleurs. Mais, en notre texte, il
ne l’exprime pas expressément !
Il
préfère, semble-t-il, appuyer son argument sur cette réflexion qui lui paraît
encore plus importante : si le Christ n’est pas ressuscité, non seulement
notre foi est sans appui, mais nos péchés demeurent en nous, ces péchés
si impitoyablement décrits au chapitre 6ème de sa lettre et dont les
Corinthiens se figuraient être délivrés ! St Paul marque, là, une profonde
et irréversible relation entre “Résurrection du Christ“ et “Rédemption“ :
seul le Christ glorifié donne l’Esprit qui efface les péchés ! Un chrétien
est déjà ressuscité (Rm
6.1-7 ; Col 3.1)
parce que l’Esprit est, en lui, prémices du monde à venir (Rm 8.11-25 ; 2
Co. 5.5).
– “Si en effet nous croyons que Jésus est mort et qu'il
est ressuscité, de même aussi ceux qui sont morts, Dieu, à cause de ce Jésus, à
Jésus les réunira… Ainsi nous serons
avec le Seigneur, toujours“. (I Thess 4.13sv).
Un
Christ vaincu par la mort ne peut avoir détruit le péché dont la pénalité est
la mort ; si la mort a été plus forte que lui, c’est que le péché conserve
sa domination. Bien sûr, en cette argumentation, il faut avoir à la pensée la
thèse que Paul défendra toujours : il y a un lien entre la mort et le
péché ! Et, dans cette optique, l’apôtre de préciser les conséquences :
si le Christ n’est pas ressuscité, “ceux
qui sont morts dans le Christ sont perdus !“. Et nous ici-bas, “si nous avons mis notre espoir dans le
Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les
hommes !“. Nous sommes sans espérance véritable !
“Si nous avons mis
notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement...". Cette dernière
phrase a fait couler beaucoup d’encre, selon l’importance que l’on donne à
l’adverbe “seulement“ !
-
Si le Christ n’est pas ressuscité, notre espérance serait ridicule si elle ne
porte que pour la vie présente, seulement ! Cela reviendrait à dire
comme les chrétiens auxquels faisaient allusion Paul à Timothée : la
résurrection a déjà eu lieu par le baptême. Et cette force baptismale devrait
nous donner - plus ou moins, certes -, mais devrait nous donner quand même le
bonheur dès ici-bas !
Réflexion
qu’un prêtre entend souvent à l'occasion de telle ou telle souffrance ou
épreuve : Si Dieu existe, si le Christ est ressuscité (en moi, par le
baptême)…, tous ces malheurs ne devraient pas arriver !
Et
puis, autre conséquence : renoncer aux jouissances légitimes du temps
présent comme l’ont fait les apôtres - et Paul lui-même, et bien d'autres après
lui -… serait alors une duperie, une stupidité si notre espérance suppose que
l’on ne puisse attendre du Christ que des avantages terrestres ! Quel
malheur !
-
Et en faisant porter l’adverbe “seulement“ sur le verbe “espérer“ ou sur
l’ensemble de la phrase, on peut encore argumenter : si nous n’avons “rien
qu’une espérance“ seulement, -[et, bien plus - loin de moi cette pensée -,
“rien que pour cette vie seulement“,] alors oui, “nous sommes les plus à
plaindre des hommes !“
Mais
non !, affirme fortement l'apôtre.
Nous
le savons bien : notre espérance n’est pas sans objet puisque le Christ est ressuscité ! Et, dès
lors, les chrétiens ont mis une fois pour toutes leur espérance dans le Christ-Sauveur, le médiateur
unique !
Il
écrira encore à son cher Timothée :
“Il n’y a qu’un
seul Dieu,
qu’un seul
médiateur entre Dieu et les hommes,
un homme :
Christ Jésus
qui s’est donné en
rançon pour tous…
Voilà mon
témoignage !“ (I Tim 2.5)
Parce
que le Christ est bien ressuscité !
Puissions-nous
toujours vivre de cette grande réalité ! Le Christ est bien ressuscité... Il
vit en nous pour nous amener à une vie plénière en sa gloire !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire