jeudi 18 septembre 2014

Résurrection des corps !

24 T.O. Vendredi 12/B       -  (I Co. 15.12-20)

St Paul aborde, dans sa lettre aux Corinthiens, le thème principal de sa prédication, et qui est le fondement de la foi chrétienne : la Résurrection du Christ et, conséquemment, notre propre résurrection.
Cette prédication essentielle avait été pour lui l'occasion d'un échec cuisant à Athènes ; il en avait beaucoup souffert, lui qui avait rencontré le Christ vivant sur le chemin de Damas : Paul, lui avait dit en quelque sorte le Christ, tu continues à me persécuter en persécutant corporellement mes frères, mes disciples, eux qui sont destinés à vivre pour toujours avec moi !

Depuis lors, l'apôtre s'attachait à présenter cette réalité de la Résurrection chez les Corinthiens devenus disciples du Christ. Mais la pensée philosophique grecque véhiculait encore chez certains des préjugés contre la matière : le corps, pour une Grec, n'était finalement qu'un tombeau, qu'une prison dont il fallait sortir pour atteindre la vie véritablement, la vie plénière de l'esprit sans le corps !
L'apôtre évoquera à nouveau cette pensée contraire à la foi chrétienne à son cher Timothée : Quant aux bavardages impies, écrira-t-il, évite-les. Ceux qui s'y livrent... se sont écartés de la vérité en prétendant que la résurrection a déjà eu lieu ; ils renversent ainsi la foi de plusieurs(II Tm 2 16-17).
“La résurrection a déjà eu lieu !“, disent certains. Paul vise ceux qui faisaient allusion au baptême conçu, reçu comme une "résurrection spirituelle". Et, de ce fait, ils niaient alors la résurrection des corps !

Ainsi, dans sa lettre aux Corinthiens, Paul ne se lasse pas de répéter les mêmes mots, les mêmes expressions comme dans une argumentation pressante : certains disent, accuse-t-il, qu’il n’y a pas de résurrection des morts ! Mais s’il n’y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité. Et si le Christ n’est pas ressuscité, vaine est notre foi. Raisonnement qu’il reprend pratiquement aussitôt une seconde fois ! Il argumente :
- S’il n’y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité. Et toute notre espérance s’écroule ! (v/12-19)
- Mais heureusement, le Christ est ressuscité. Et nous serons tous vivifiés par lui (V/ 20-28).
- Sinon, tout ne serait qu’inconséquence ! (V/29-30). Alors, dira-t-il, cyniquement, "mangeons et buvons, car demain, nous mourrons !".

Sans doute, Paul argumente-t-il du fait que le Christ et les hommes ont commune nature ! Et grâce à ce lien, il y a relation causal : si notre résurrection, qui est un effet de celle du Christ, doit ne pas avoir lieu, c’est que la cause n’a pas été posée. Cette pensée logique s'appuyait sur la notion de ce qu'on appellera par la suite : le "Corps mystique" du Christ : si le Corps ne ressuscite pas, pourquoi la tête (le Christ) serait-elle ressuscitée ? Cette idée est très belle et très juste en soi ! Paul l’avait probablement présente à la pensée ; il la présuppose et l’esquissera un peu plus loin et la formulera par ailleurs. Mais, en notre texte, il ne l’exprime pas expressément !

Il préfère, semble-t-il, appuyer son argument sur cette réflexion qui lui paraît encore plus importante : si le Christ n’est pas ressuscité, non seulement notre foi est sans appui, mais nos péchés demeurent en nous, ces péchés si impitoyablement décrits au chapitre 6ème de sa lettre et dont les Corinthiens se figuraient être délivrés ! St Paul marque, là, une profonde et irréversible relation entre “Résurrection du Christ“ et “Rédemption“ : seul le Christ glorifié donne l’Esprit qui efface les péchés ! Un chrétien est déjà ressuscité (Rm 6.1-7 ; Col 3.1) parce que l’Esprit est, en lui, prémices du monde à venir (Rm 8.11-25 ; 2 Co. 5.5). – Si en effet nous croyons que Jésus est mort et qu'il est ressuscité, de même aussi ceux qui sont morts, Dieu, à cause de ce Jésus, à Jésus les réunira… Ainsi nous serons avec le Seigneur, toujours“. (I Thess 4.13sv).

Un Christ vaincu par la mort ne peut avoir détruit le péché dont la pénalité est la mort ; si la mort a été plus forte que lui, c’est que le péché conserve sa domination. Bien sûr, en cette argumentation, il faut avoir à la pensée la thèse que Paul défendra toujours : il y a un lien entre la mort et le péché ! Et, dans cette optique, l’apôtre de préciser les conséquences : si le Christ n’est pas ressuscité, “ceux qui sont morts dans le Christ sont perdus !“. Et nous ici-bas, “si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes !“. Nous sommes sans espérance véritable !

“Si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement...". Cette dernière phrase a fait couler beaucoup d’encre, selon l’importance que l’on donne à l’adverbe “seulement“ !
- Si le Christ n’est pas ressuscité, notre espérance serait ridicule si elle ne porte que pour la vie présente, seulement ! Cela reviendrait à dire comme les chrétiens auxquels faisaient allusion Paul à Timothée : la résurrection a déjà eu lieu par le baptême. Et cette force baptismale devrait nous donner - plus ou moins, certes -, mais devrait nous donner quand même le bonheur dès ici-bas !
Réflexion qu’un prêtre entend souvent à l'occasion de telle ou telle souffrance ou épreuve : Si Dieu existe, si le Christ est ressuscité (en moi, par le baptême)…, tous ces malheurs ne devraient pas arriver !
Et puis, autre conséquence : renoncer aux jouissances légitimes du temps présent comme l’ont fait les apôtres - et Paul lui-même, et bien d'autres après lui -… serait alors une duperie, une stupidité si notre espérance suppose que l’on ne puisse attendre du Christ que des avantages terrestres ! Quel malheur !

- Et en faisant porter l’adverbe “seulement“ sur le verbe “espérer“ ou sur l’ensemble de la phrase, on peut encore argumenter : si nous n’avons “rien qu’une espérance“ seulement, -[et, bien plus - loin de moi cette pensée -, “rien que pour cette vie seulement“,] alors oui, “nous sommes les plus à plaindre des hommes !“

Mais non !, affirme fortement l'apôtre.
Nous le savons bien : notre espérance n’est pas sans objet puisque le Christ est ressuscité ! Et, dès lors, les chrétiens ont mis une fois pour toutes leur espérance dans le Christ-Sauveur, le médiateur unique !
Il écrira encore à son cher Timothée :
“Il n’y a qu’un seul Dieu,
qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes,
un homme : Christ Jésus
qui s’est donné en rançon pour tous…
Voilà mon témoignage !“  (I Tim 2.5)
Parce que le Christ est bien ressuscité !

Puissions-nous toujours vivre de cette grande réalité ! Le Christ est bien ressuscité... Il vit en nous pour nous amener à une vie plénière en sa gloire !

Aucun commentaire: