dimanche 14 septembre 2014

La CROIX !


Fête de la Croix glorieuse du Christ 2014

Voici qu'aujourd'hui la liturgie nous remet en mémoire le Calvaire, lieu de souffrance où deux mondes se sont affrontés. 
- celui de la haine, de la violence, de la peur et de l'orgueil : quand tous les coups sont bons pour écraser l'autre dont on veut se débarrasser !
- et puis celui du pardon et d'un amour sans limite !

Toute la Bible décrit ce combat, surtout le livre des psaumes : Oui, la vie est une combat qui exclut l'indifférence ! Pour ce combat, il y a deux camps, deux ennemis. Et le choix est exigence, risque ! On ne peut s'y soustraire !

Et pour ce combat, chacun a sa route, sa voie... Il y a la route des Ténèbres et la route de la Lumière, la "lumière de la foi" - "lumen fidei", dira le pope François. Ces routes se partagent l'universalité du réel et elles coexistent dans le temps et dans l'espace où elles définissent la frontière d'une guerre. Et sur cette ligne s'inscrivent les déchirements de l'histoire et tous nos drames personnels.

La plénitude des temps, la réalisation des promesses divines pourront seules faire cesser ce meurtrier combat. C'est un drame, c'est notre drame ! Il a commencé aux premiers jours de la Création, se déroule aux exils et aux calvaires de l'histoire, il s'achèvera dans la gloire divine.

D’après les psaumes, les deux grands acteurs de ce duel sont l'Innocent et le Révolté. Tous deux disent non : 
- l'un refuse la voie de Lumière ; l'autre celle des ténèbres. 
- l'un dit non à l'iniquité du monde ; l'autre à la souveraineté de Dieu. 

Et, devant le Calvaire du Christ que nous rappelle la liturgie, chacun doit choisir son camp ! En sachant que la croix tant redoutée des condamnés n'est devenue la croix glorieuse qu'après la résurrection. En ce jour pascal apparut alors avec éclat le destin et le sens de la vie de l'homme : la vie plus forte que la mort ; l'amour plus fort que la haine ! – Oui, deux mondes s’y sont affrontés et s’affrontent toujours ! Car le drame de l'immense combat continue et continuera de siècle en siècle et semblera parfois tout engloutir.

Alors, sans relâche, les disciples du Christ, ayant médité sur l'intensité d'amour enclose dans sa mort, doivent empêcher, chaque jour, que notre monde redevienne un enfer de souffrance ! Ils doivent faire la preuve éclatante et glorieuse qu'un monde d'amour est possible, sans, pourtant, que l'autre soit éliminé totalement ici-bas ! Au calvaire – et nous y sommes souvent -, chacun doit choisir !

Autour de la croix du Christ, nous remarquons d'abord les soldats. Ils sont les exécutants, les bourreaux. Ils sont les exécuteurs de la peur de Pilate, qui s'en "lave les mains". Il élude ses responsabilités ; il veut sauver la face et sa place ! Serions-nous de son côté ?

Il y a le groupe compact de l'orgueil et de la haine : les docteurs de la Loi, pharisiens, garants de la condamnation portée par le Sanhédrin. Ils n'ont pas voulu remettre en cause leurs certitudes devant la Vérité du Christ ; elle menaçait leurs privilèges religieux. Ceux-là, à la différence de Nicodème, l'un des leurs, n'ont pas essayé d'accueillir la nouveauté de la tendresse de Dieu. "Il en a sauvé d'autres ; qu'il se sauve lui-même. Il à mis sa confiance en Dieu ; qu'il le sauve maintenant, s'Il tient à lui ; car il a dit : Je suis le Fils de Dieu". Bref, ils se moquent et leurs moqueries se répercutent en échos jusqu'à nous. Car il y en a toujours de ces entêtés qui ne veulent pas accueillir la vérité de l'Amour de Dieu. Et leur entêtement se manifeste par des moqueries à l’égard des autres. 

Voici encore les truands, pris au piège de la violence et d'une force qui les domine. L'un d'eux, en croix lui-même, exhale son impuissance ; il blasphème ; il provoque ; il cherche une échappatoire ; il n'arrive pas à sortir du cercle de la violence. 

Enfin, il y a ceux qui sont pris de panique, lors des risques à prendre. Les Apôtres, d'abord. Pour eux, tout bascule : leurs projets trop humains des réussites faciles ; leurs convictions mal purifiées. Ils se cachent. Les chrétiens se cachent aussi, parfois ! 

Et ainsi le drame du Calvaire va se répétant de siècle en siècle. Aux heures des grandes mutations de toutes les époques, quand sont en jeu un certain nombre de valeurs essentielles, les passions se réveillent ! Ce qui est au fond du cœur se manifeste. Tout un monde d'oppression, de domination, d'orgueil et de violence sort de l'ombre pour planter des croix et y accrocher leurs victimes.

Aujourd'hui encore, dans des dizaines de nations, on les voit à l’œuvre, ces tenants de ce monde de ténèbres, au grand jour de leur légalité. Ils emprisonnent, torturent, essaient d'écraser et d'anéantir les personnes avant de les tuer. Il est inutile de le nier ; au contraire, il faut le crier ! Des responsables ne peuvent plus défendre la justice, lorsqu'ils risquent des complications. La peur fait taire les autres. "Je ne connais pas cet homme", dira Pierre à propos de Jésus !

Et même avouons-le : ce que l'on voit avec éclat dans certaines parties du monde, existe aussi en miniature dans notre vie quotidienne et toute proche. Ils sont innombrables les petits qui se débattent au milieu de toutes sortes d'abus, d'injustices, de pression, de mépris. Autour d'eux l'indifférence ou le silence des égoïstes. Ils tiennent à leur tranquillité. – Et cela dans le monde social, sans doute, mais aussi au sein même de nos familles tristement divisées parfois !

Ces humbles ont besoin du Christ pour éclairer leur chemin de croix : "Celui qui voudra sauver son âme la perdra". Oui, le vrai chrétien ne peut rester indifférent. "Si quelqu'un veut faire route avec moi, qu'il se charge de sa croix". On ne peut loyalement s'en décharger sur les autres !

Oui, notre seul exemple, c’est le Christ ! Au calvaire, au milieu de toute cette turpitude acharnée, le Christ met intensément sa confiance en Dieu, son Père. Il murmure : "Père, je remets ma vie entre tes mains". Aucune trace de désespoir ; aux moqueries des uns et aux blasphèmes des autres, voilà la réponse.

Alors que tout semble s'écrouler, Jésus témoigne d’un monde de pardon et l’amour déborde de son cœur. "Père pardonne-leur ; ils ne savent ce qu'ils font". Il témoigne d'un monde d'espérance contre toute espérance : "Ce soir, tu seras avec moi en paradis". 

Le Royaume de Dieu ne fait que commencer. Et Marie reçoit une mission qui s'étendra à tous ceux qui croiront au Christ. "Mère voici ton fils", lui dit Jésus en désignant Jean qui nous représente. 

A la suite du Christ, aujourd'hui encore et depuis la résurrection, des chrétiens témoignent en toutes circonstances. En des circonstances parfois très difficiles. Nous en connaissons. Ils forment le témoignage de la croix du Christ, de sa croix victorieuse de tout mal par amour. 

Oui, la croix d’infamie des condamnés est devenue glorieuse par tout l’amour dont le Christ lui-même l’a embellie… et encore par tous les gestes d’amour et de pardon qu’elle a suscité depuis deux mille ans ! 

Oui, au Calvaire et devant tous les calvaires du monde et de nos vies, c’est là que nous avons à choisir : 
- le chemin de la haine. 
- ou celui de l’amour, avec le Christ ressuscité ! 

Oui, la vie est un combat qui exclut l'indifférence ! Et pour ce combat, chacun a sa route, sa voie... Il y a la route des Ténèbres et la route de la Lumière. Mais le chrétien sait que sa route aboutira à la croix glorieuse du Christ !

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