lundi 8 septembre 2014

Etre demeure de Dieu, avec Marie !

8 Septembre : Nativité de la Vierge Marie            (Michée 5.1’4 ; Mth 1.1-23)

La lecture du prophète Michée nous emmène directement à Bethléem : “Toi, Bethléem Ephrata, le plus petit clan de Juda, c’est de toi que je ferai sortir celui qui doit gouverner Israël“.
- Bethléem, c’est la ville de David, parce qu’il y est né !
- Jérusalem, c’est la ville du roi David qui a choisi Sion, cette toute petite montagne, pour que Dieu vienne “y faire habiter son Nom“ !

- Jérusalem, c’est la ville des accomplissements éclatants…
- Bethléem, c’est la ville des origines obscures.

Entre l’époque de David et la naissance du Messie, à la plénitude des temps, un grand silence plane sur cette bourgade de Bethléem. Il n’est rompu, dans l’Ancien Testament, que par deux textes : le livre de Ruth, - Ruth qui est nommée paradoxalement, elle la Moabite, dans la généalogie du Christ selon St Matthieu ; et ce texte de Michée que la liturgie invite à méditer en ce jour.

“Après un temps de délaissement, dit Michée, viendra un jour où enfantera celle qui doit enfanter“. St Luc fait allusion à ce verset dans le récit de la nativité de Jésus : “Or il advint, comme ils (Joseph et Marie) étaient là, que les jours où elle (Marie) devait enfanter furent accomplis“ (2.6). L’évangéliste a bien compris que ce verset de Michée avait une valeur prophétique non seulement comme annonce de la naissance du Messie, successeur de David, nouveau roi en Israël, mais relativement aussi à celle que Dieu avait prédestinée de toute éternité à être sa mère et dont nous célébrons aujourd’hui la naissance. Comme elle était à Bethléem... où elle devait enfanter ...
Bethléem, lieu caché des origines du Messie…

Et le lieu de la naissance de sa mère est encore plus obscure tant les grandes œuvres de Dieu ne se déchiffrent que peu à peu tout au long de l’existence. Le Seigneur choisit également chacun d’entre nous pour une mission ; et nous partons, comme Abraham, comme tant d’autres, comme la Vierge Marie, “sans savoir où nous allons“ pour accomplir une œuvre que nous avons à déchiffrer jour après jour.

Oui, le lieu de naissance de La Vierge Marie reste bien obscur. Au temps des croisades, on avait cru découvrir ce lieu en la ville de Sepphoris, naguère capitale secondaire d’Israël, en basse Galilée, à quelques kilomètres au nord de Nazareth. Et l’on y voit aujourd’hui encore les restes d’une basilique bâtie à cette époque en l’honneur de Sts Anne et Joachim.

D’autres livres, apocryphes, très exploités par l’iconographie traditionnelle localisent la maison de la naissance de Marie à proximité du temple de Jérusalem. Et l’Eglise vénère toujours cette tradition tant occidentale qu’orientale ; cette tradition nous a valu une des plus belles réussites architecturales chrétiennes en la ville sainte : l’église Sainte Anne près de l’emplacement du temple.

Historiquement, rien n’est sûr, évidemment. Cette tradition est un bel exemple des transpositions que l’on a souvent fait des certitudes théologiques les plus belles en des lieux et espaces qui viennent les conforter. Marie, dans cette hypothèse, serait née près du temple parce que n’est-elle pas, Marie, le nouveau temple du Seigneur, la nouvelle arche de Dieu, la demeure de Dieu au sens plénier, demeure qui n’est pas faite “de mains d’homme“ (cf. Mc 14.58) et que la présence divine envahit à la plénitude des temps ? “Quand vint la plénitude des temps, Dieu envoya son Fils, né d’une femme“ (Gal 4.4).

L’évangile de ce jour, lui, nous invite à concentrer notre attention, à l’école de Matthieu, ce “bon scribe qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien“ (Mth. 13.52), sur le texte qui fait charnière entre l’Ancien et le Nouveau Testament, cette généalogie de Jésus qui résume toute l’Histoire sainte en la faisant converger vers ce verset : “Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, en laquelle fut engendré Jésus que l’on appelle le Messie“.

Cette généalogie se termine à Joseph. Mais Matthieu, à propos de Marie, se souvenant du mystère de la “Demeure“ de Dieu au milieu de son peuple, élargit aussitôt la perspective en dépassant les continuités dynastiques de l’Ancien Testament : “La Vierge concevra et mettra au monde un fils auquel on donnera le nom d’Emmanuel qui se traduit : ’Dieu avec nous !’“. Marie est bien le temple de Dieu ! La Demeure de Dieu ! En cela, Matthieu rejoint Luc qui, lui aussi, se réfère au thème si riche de signification, ce thème de la “Demeure“ : “La puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre ; et celui qui naîtra de toi sera appelé Saint et Fils de Dieu !“ (Lc 1.35). C’est, dans l’exode, le langage de la Gloire divine qui remplit la “Demeure“ quand sa construction est achevée : “La nuée couvrit la tente du rendez-vous ; et la gloire de Dieu emplit la demeure“ (Ex 40.30), texte qui sera repris par Salomon lors de l’inauguration du temple de Jérusalem : “La nuée remplit le temple de Dieu… La gloire de Dieu remplissait le temple !“.

Finalement, en cette fête de la nativité de Marie, la liturgie nous invite à méditer sur la prédestination éternelle de celle qui devait être la “Théotokos“, la “Mère de Dieu“ !
La Vierge Marie, déclarée bien plus tard Immaculée, est la première personne humaine parvenue au terme de la destinée de tout homme : être demeure de Dieu ! Et si ce dessein de Dieu n’est pas encore accompli en chacun de nous, en toute l’humanité, il existe déjà, à l’état de projet, dans la pensée de Dieu et signifié dans la Vierge Marie : la naissance terrestre de la Vierge Marie est immédiatement déjà sa naissance céleste ; et elle annonce la nôtre.
En Marie, Dieu signifie ce qu’il veut accomplir pour chacun de nous, et ce qu’il accomplira : “ce qui est dernier dans l’ordre de l’exécution est premier dans l’ordre de l’intention“, dit l'adage philosophique. Et cette intention est annoncée en Marie : être “demeure de Dieu“ !

Aussi, faut-il sans cesse demander l’aide puissante de Marie pour parvenir, nous aussi, à être la demeure remplie de la nuée de la gloire de Dieu, à être demeure de Dieu, à être “fils de Dieu“ !

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