mardi 4 octobre 2011

St François d'Assise

T.O. 27 - Mardi

Vous connaissez aussi bien que moi sinon mieux la grande figure de St François d’Assise. Je n’insisterai donc pas sur sa vie, mais bien davantage sur la “Révolution spirituelle“ qu’il opérât. Ce grand Saint nous invite, me semble-t-il, à toujours méditer - et plus encore peut-être à notre époque - sur les rapports entre Institution et Prophétisme ! Depuis toujours ces rapports ont été plus ou moins conflictuels !
Dans l’A.T., il suffit de se rappeler l’épisode curieux où Moïse calme la jalousie de Josué qui s’indignait de constater qu’Eldad et Médad, absents à l’assemblée de la Communauté, n’en avaient pas moins été bénéficiaires de l’effusion de l’Esprit-Saint et s’étaient mis à prophétiser dans le camp.
Dans l’Evangile nous voyons Jésus calmer Jean, l’un des “fils du Tonnerre“, qui se scandalisait de voir d’autres que les douze apôtres, opérer des miracles au nom de Jésus.

En ce jour, la fête de St François nous invite à prier pour mieux approfondir notre réflexion, notre méditation sur le problème des rapports entre l’Eglise et les manifestations que l’on appelle aujourd’hui “charismatiques“, problème qui s’est toujours posé dans l’histoire depuis le temps où St Paul devait s’occuper de calmer les agitations des Corinthiens jusqu’à cette époque de St François, à la charnière du 12ème 13ème siècles, où on redécouvrait le rôle du Saint Esprit dans les Eglises d’Occident. (En Orient, on n’avait moins perdu ce sens de l’importance de l’Esprit).

Les hérésies jalonnent l’histoire de l’Eglise ; elles se multiplient comme à plaisir, semble-t-il, dans les périodes où l’Eglise s’installe dans une certaine sécurité doctrinale, sociale…. Je pense à l’époque de la conversion de l’Empire au temps de Constantin ; je pense à la Chrétienté du temps des cathédrales et des croisades. Il y a alors des hérésies doctrinales et il y a, plus dangereuses encore peut-être, des hérésies de type moral et ascétique.
- Dès les origines du christianisme, St Jacques, l’évêque de Jérusalem, lançait de percutantes accusations contre ceux qui, sous l’étiquette chrétienne, avaient adopté une logique de vie qui n’avait rien d’évangélique, étouffés qu’ils étaient par le luxe, la richesse, l’injustice sociale, “faisaient bombance pendant qu’on massacrait les gens !“ (Jc 5.6).
- Au Moyen Âge, à l’époque où l’autorité de l’Eglise régnait sur la quasi-totalité de la population, se mirent à pulluler des hérésies doctrinales et plus encore ascétiques. Ces dernières étaient d’autant plus dangereuses qu’elles dénonçaient des tares alors bien existantes dans la chrétienté de l’époque soumise à des tas de mutations politiques, sociales, économiques.

Une des causes principales de cette pullulation des hérésies, surtout morales, furent les écarts de conduite d’une grande partie des clercs qui s’installaient dans le luxe et se mirent à exercer leur autorité de manière tyrannique. (Rien de nouveau sous le soleil!)
Beaucoup de gens du peuple se révoltèrent et, remarquons-le, souvent dans une intention généreuse. En face de la tiédeur qui affaiblissait l’Institution, beaucoup de gens sincères se levèrent et se mirent à revenir à un idéal tout évangélique, basé sur l’observance littérale des paroles de l’Evangile.

Ne pensons pas encore aux Manichéens de tous acabits, aux Cathares, aux Albigeois ! Mais pour mieux connaître l’œuvre merveilleuse de St François, pensons plutôt aux Vaudois qui le précédèrent. Au milieu du 12ème siècle, Pierre de Vaux était travaillé comme tant d’autres par son désir anxieux de faire retour aux sources vives de l’Evangile - une “nouvelle évangélisation“ en quelque sorte -, de ramener l’Eglise du Christ à sa ferveur et à sa pureté. Mais, à un certain moment, il se révolte complètement contre toute autorité supérieure. Et les Vaudois finirent par se considérer comme les seuls à être fidèles à l’idéal primitif. Ils furent atteints d’un puritanisme qui déniait à l’Eglise le droit de posséder quoi que ce soit. Beaucoup de braves gens se laissèrent séduire par ces missionnaires vaudois.

Par son origine, le mouvement franciscain a une grande ressemblance avec le mouvement vaudois. Mais avec une grande différence : St François sut réintégrer dans l’Institution de l’Eglise le grand désir - qui doit toujours être actuel - des valeurs authentiquement évangéliques ! Il fallut un très grand Saint pour réaliser cette “nouvelle évangélisation“ qui est toujours d’actualité.

Prions aujourd’hui pour l’unité de l’Eglise toujours menacée ! Prions pour l’unité des diverses Communautés, des divers mouvements en lien avec l’Eglise du Christ. Prions pour l’unité en notre propre vie chrétienne, religieuse. C’est toujours la grande question traitée par St Paul, celle de la lettre et de l’Esprit (2 Co. 3.6). Si seulement on pouvait s’écrier en voyant chacun d’entre nous : “Vous êtes une lettre de l’Esprit écrite en vos cœurs !“

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