dimanche 2 octobre 2011

La Vigne du Seigneur !

27ème Dimanche T.O. A/11

"Frères, ne soyez inquiets de rien, mais, en toute circonstance, dans l'action de grâce, priez et suppliez pour faire connaître à Dieu vos demandes".

De prime abord, cette formule de Paul paraît étonnante. Il s'adresse à une Communauté en difficulté, une Communauté persécutée ; et voilà qu'il insiste sur la paix du cœur : Ne vous inquiétez donc pas ! “Et la paix de Dieu gardera votre cœur dans le Christ Jésus !“. Il est vrai que cette recommandation est l'écho même de la parole du Seigneur après sa résurrection : "Ne craignez pas, c'est moi". C'est donc une invitation à s'en remettre à la puissance invraisemblable du Seigneur qui nous entoure de partout et qui commande notre vie, malgré, parfois, ce que j’appelle “les apparences contradictoires“ !

Car "Dieu est Amour". - Et il y a beaucoup de psychologie amoureuse dans le portrait passionné que l'Ecriture nous donne de Dieu. Voyez ! Le cantique d'Isaïe (1ère lecture) est vraiment une déclaration d'amour : "Mon bien-aimé avait une vigne…" -
Oui, Dieu crée, ne cesse de créer ! Dieu a choyé sa vigne et ne cesse pas de la choyer ! Dieu a donné et la terre et le monde entier, notre intelligence et nos sens, la beauté et le plaisir. Tout ! Il nous donne tout ! Car Dieu est amour, non pas comme un bienfaiteur condescendant ou supérieur. Dieu est Amour par un immense désir qui veut tout nous donner..., mais cependant pour que nous puissions nous construire nous-mêmes "à son image et ressemblance" ! C’est vrai : entre Dieu et nous, c'est une histoire d'amour comme il est dit dans le chant de la vigne du prophète Isaïe… Mais dans l'exercice de l'amour, il doit y avoir échanges, réciprocité...!

Or, nous refusons parfois cet amour qui veut nous rendre saints - comme Dieu lui-même est Saint -, cet amour qui veut nous attacher à tout ce qui est "pur et juste, comme dit Paul, à tout ce qui est digne d'être aimé et honoré, tout ce qui s'appelle vertu et qui mérite des éloges…". Oui, nous refusons ; et ce refus va jusqu'à tuer en nous-mêmes l'Envoyé de Dieu, son propre Fils que nous jetons hors de cette vigne que Dieu a planté pour nous, en nous !

Et St Matthieu, aujourd'hui, nous livre, dans sa parabole, le mystère de cette vigne. Nous y trouvons bien ce refus constant au cœur de l'homme d'accepter ce mystère d’amour du Seigneur : les vignerons qui ne sont que des serviteurs sont impitoyables face à leur maître ; ils tuent ceux qui arrivent pour travailler à cette vigne, … et jusqu'au Fils. Cependant - et voilà l'important - Jésus de conclure : "La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre angulaire. C'est là l'œuvre du Seigneur, merveille à nos yeux". La pierre rejetée, la pierre méprisée, la pierre qu'on met de côté sans qu'on s'occupe d'elle : voilà le mystère du Seigneur pour le bien de sa vigne.

Il n'y a pas de plus grande chose à affirmer, à annoncer : "La pierre qu'ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d'angle". Cette pierre, c'est le Christ, cette pierre qu'on a rejetée, que toujours on rejette avec mépris comme si cette pierre - le Christ ! - n'avait aucun sens…, et bien, cette pierre, en réalité et malgré tout, est devenue, devient la pierre qui donne sens à tout. “Voilà l'œuvre de Dieu, une merveille à nos yeux !“

Alors, comme Isaïe, nous devons chanter - mais par toute notre vie - le chant de la vigne : “Je chanterai pour mon ami le chant du bien-aimé à sa vigne“.
Cette vigne que le Seigneur a faite, c'est, finalement, le Corps du Christ lui-même. Sans lui nous ne pouvons rien faire. Nous sommes les sarments du cep, nous sommes les sarments que Dieu veut absolument pour sa vigne. Le Seigneur nous demande d'entrer - avec le Christ, pierre de fondation - dans ce mystère de participation à sa vigne, de porter du fruit, du fruit en abondance. Nous avons à être le fruit de la vigne que le Seigneur a cherché tout au long de l'Ancien Testament et qu'il n'a pas trouvé. “Il en attendait de beaux raisins, pourquoi en a-t-elle donné de mauvais ?“

“Priez et suppliez pour faire connaître à Dieu vos demandes“, nous sollicitait St Paul. Nous avons à demander, avant toutes choses, d'être dans le Christ des êtres baptisés, c'est-à-dire des êtres qui s'appuient sur cette pierre angulaire pour que l'édifice grandisse. Nous sommes des êtres pris pour cette œuvre, cette grandiose construction dans le Christ ! La vie chrétienne n'est pas simplement une pratique plus ou moins développée. La vie chrétienne, c'est faire l'expérience de Dieu, c'est faire l'expérience du Royaume de Dieu, de ce Royaume qui nous est donné, de cette pierre qui est vraiment la pierre angulaire, la pierre du sauvetage du monde. Le monde est bâti sur cette pierre angulaire ; et quand le Seigneur a construit le monde, c'est dans le Christ qu'il a tout construit. - Personnellement, j’aime beaucoup l’une des sculptures du portail de la cathédrale de Châtres. On y voit Dieu en travail de création ; il façonne Adam, il façonne l’homme. Et derrière lui, il y a le Christ ! Autrement dit, quand Dieu crée il voit tout en son Fils, le Christ, Dieu fait homme - homme "parfait" -!

Demandons au Seigneur d'entrer dans ce mystère de création, de participer à cette construction ; et, pour que cela se fasse, de croire vraiment que la construction de l'Eglise est quelque chose d'inouï, que c'est la véritable réalité du monde, la réalité de la vigne du Seigneur !

Par-delà toutes les apparences néfastes du monde, par-delà tous les empires et tous les états au cours des temps, par-delà les failles et les chutes des baptisés eux-mêmes, ce qui compte dans le mystère de Dieu, c'est la construction sur cette pierre angulaire : le Christ !
Il n'y a rien d'autre à considérer. Le Seigneur n'a d'yeux que pour cela, il n'a d'yeux que pour son Fils, il n'a d'yeux que pour nous qu’il voit en son Fils. Demandons-lui de nous voir dans son Fils, de nous regarder dans son Fils ; alors nous pourrons, nous aussi, le regarder dans son Fils. Ce sera notre joie, notre paix. Et le Seigneur nous prendra au plus profond de nous-mêmes et nous serons un peuple qui porte du fruit, un fruit qui demeure, le fruit de la charité, le fruit de la vie éternelle.

Oui, Dieu crée, ne cesse de créer, de planter sa vigne à nous donnée, transmise… En somme, Dieu n'a jamais cessé et ne cesse pas maintenant encore d'aimer sa vigne et de s'en plaindre, de la choyer et de la détruire, d'en espérer et d'en être déçu. Cela vaut du peuple d'Israël selon la prophétie d'lsaïe ; cela vaut des contemporains de Jésus, selon l’Evangile ; et cela vaut, aujourd'hui, de l'Eglise ! Et, pour être encore plus précis, cela vaut de vous … et de moi !

Aucun commentaire: