jeudi 6 octobre 2011

St Bruno

T.O. 27 - Jeudi

Pourtant maître éminent, très vénéré par ses disciples, grande figure parmi les “humanistes“, a-t-on écrit, St Bruno fut vite oublié. Il mourut et fut enterré en 1101 dans un ermitage au fond de la Calabre où son tombeau ne pouvait devenir un but de pèlerinage malgré les miracles qu’on lui attribuait.
Aucun de se contemporains ne s’avisa d’écrire sa vie. La plupart de ses écrits sont perdus. Les historiens, pour évoquer sa vie, doivent chercher un peu partout des renseignements en évitant les légendes qui fleurissent facilement devant un tel silence !

Il naquit vers 1030, d’une famille noble. Il étudia en diverses villes, notamment à Reims où ensuite il enseigna ; il nous reste quelques commentaires de l’Ecriture Sainte et des psaumes. Selon ses disciples (certains devinrent évêques) son éloquence était claire, précise, concise, nette… Et ce n’est pas étonnant qu’il fût le maître d’un des plus grands papes réformateurs du 11ème siècle : Eudes de Châtillon qui deviendra Urbain II.

En 1067, Reims reçoit un nouvel archevêque, Manassès, qui se révéla très vite simoniaque et indigne de cette charge apostolique ! Il aurait même déclaré : “Il serait bon d’être archevêque de Reims s’il n’y avait pas de messes à chanter !“. Naturellement, Bruno se trouva involontairement mêlé aux troubles qui s’en suivirent. Il fut contraint, pour un temps, d’abandonner son enseignement. Finalement, le pape Grégoire VII déchargea l’évêque indigne !

Aussi, faut-il affirmer en même temps, comme par contraste, que si à cette époque (et en bien d’autres) il y avait de tels cas douloureux, le 11ème siècle fourmille de chrétiens, illustres ou non, qui quittaient le monde pour se sanctifier en menant une vie plus ou moins érémitique. C’est ainsi que se fondèrent Grandmont, Tiron, Fontgombault, Fontevrault, Molesmes, Citeaux…
C’est à Molesmes qu’en 1082, Bruno se rendit attiré par la réputation de son Abbé, Robert. Il vécut près de ce lieu, avec deux compagnons, une vie quasi érémitique. Cependant il n’y resta qu’une année, on ne sait pourquoi. Trouvait-il sa retraite trop confortable ? C’est possible !

Il se rend alors à la Chaise-Dieu. Le Père Abbé lui désigne un lieu de retraite (une dépendance sans doute) : la Chartreuse. L’évêque de Grenoble, Hugues, approuva et encouragea. Son biographe raconte que le prélat aurait eu un songe : sept étoiles (Bruno et ses compagnons étaient au nombre de sept) illuminaient le chemin de la solitude en Chartreuse.

S’inspirant des Pères du désert, de St Jérôme, de St Benoît, les premiers ermites partageaient leur journée entre prière et travail, travail manuel et aussi intellectuel. La copie des livres (de la Bible surtout) fut tellement en honneur qu’assez vite fut constituée une bibliothèque qui deviendra très riche !

Le site de la Chartreuse était (et demeure) suffisamment austère pour que ces nouveaux venus ne soient pas tentés de se poser, par diverses pratiques, en champion de l’ascétisme. Ils ne se réunissaient que pour certains offices et pour l’Eucharistie qui n’était d’ailleurs pas quotidienne.

La nouvelle fondation prospéra très vite grâce à la protection de l’évêque de Grenoble et de l’Abbé de la Chaise-Dieu.

En 1088, Eudes de Châtillon, devenu pape (Urbain II), pria Bruno de le rejoindre à Rome. Il obéit. On ne sait quel rôle joua notre ermite en la Ville sainte. Il n’en reste aucune trace.

On ne sait rien non plus sur les raisons qui poussèrent Bruno à se rendre en Calabre. Il s’y établit au lieu dit “La Torre“, en un ermitage placé sous la protection de Notre Dame. C’est là qu’il passa les dernières années de sa vie. Il ne désirait rien d’autre que de sanctifier dans le silence et la paix. Il écrit à l’un de ses amis en faisant l’éloge de la solitude. Grâce à elle, les hommes diligents peuvent rentrer en eux-mêmes autant qu’ils le désirent, cultiver les germes des vertus, gagner la paix que le monde ignore et la joie de l’Esprit-Saint…

Landuin qui lui avait succédé comme prieur de la Chartreuse, lui rend visite. Il le charge d’une lettre adressée à ses frères : “Réjouissez-vous, mes frères très chers, écrit-il, de ce que vous avez échappé aux périls et aux naufrages de la vie du monde. Réjouissez-vous de ce que vous avez trouvé un port sûr et tranquille“. Puis il leur recommande d’éviter les laïcs, … de pratiquer la charité parfaite entre eux, de ne pas refuser à Landuin, malade, les soins dont il a besoin sous prétexte de mortifications. Il conclut en exprimer le désir de les revoir.

Mais St Bruno était déjà très malade quand il écrivit cette lettre. Il mourut peu après, ayant fait une très belle profession de foi en la Sainte et divine Trinité, comme s’il discernait déjà le mystère de l’Amour de Dieu, Un en trois Personnes. N’avait-il pas écrit : “Ce que la solitude et le silence du désert apportent d’utilité et de divine jouissance à ceux qui les aiment, ceux-là seuls le savent qui en ont fait l’expérience. Là, on s’efforce d’acquérir cet œil dont le clair regard blesse d’amour le divin Epoux et dont la pureté donne de voir Dieu “. Voir Dieu ! N'est-ce pas ce thème qui court à travers toutes les pages de la Bible ... et à travers la vie de tous les saints ? VOIR DIEU !

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